Denis AVIMADJESSI, Atelier de Scénario - 2ème année, Professeur Serge Dzwonek


La marraine française

Continuité dialoguée



IDEE

 

La française Laurence Dupont (37ans), marraine de Amousso Cocou     (11 ans), un écolier pauvre d’Afrique, envoie de l’argent à son filleul aux bons soins de la directrice de l’école, Madame Oléda Rafata. Mais cette dernière détourne tous les fonds et fait le procès la race blanche pour endormir la conscience de l’enfant. La lutte pour la vérité est engagée avec le renfort des notables du village. Le jeu de la directrice sera mis à nu et l’enfant recouvrera ses droits.

 

 

SYNOPSIS

 

Madame Laurence Dupont (37ans), épouse de Monsieur Dominique Dupont (45), Maire de la Commune de Chateaubleu en France, est en visite officielle avec son mari en Afrique, précisément au village Nonvignon. Dans la foule des écoliers venus l’accueillir, elle remarque un enfant très pauvre et différent des autres. Il s’agit de l’élève Amousso Cocou (11). Prenant à témoin les personnalités présentes sur les lieux, elle décide de parrainer la scolarité de cet enfant, du primaire jusqu’à l’université.

De retour en France, elle joint effectivement l’acte à la parole. Elle envoie régulièrement de l’argent à l’enfant aux bons soins de la Directrice d’école, Madame Oléda Rafata (35). Mais cette dernière détourne systématiquement tous ces fonds et communique de fausses informations à Madame Dupont, tout en faisant le procès  la race blanche auprès de l’enfant pour endormir sa conscience.

Le chef du Village, Monsieur Dansou Kpénou, le Président de l’Association des Parents d’élèves, Monsieur Codjo Gadi et le jeune écolier recherchent l’adresse de Laurence Dupont au Consulat de France, mais on les retourne à la directrice, chargée du dossier, qui ne coopère pas. Lorsque, finalement, l’enfant se débrouille personnellement pour avoir l’adresse de sa marraine auprès du Consul de France, il la remet naïvement à la directrice qui la confisque. Cela empêche à nouveau tout  contact entre la marraine et le filleul.

La recherche de la vérité est compliquée par la personnalité de la Directrice qui est une puissante politicienne du pays.

Néanmoins, Laurence Dupont a pu être contactée grâce à une action officielle du Consul de France. La vérité éclate, Madame Dupont revient en Afrique pour décanter la situation. La directrice est arrêtée par les autorités. Amousso est rétabli dans ses droits. Un prêtre catholique jouera désormais le rôle d’intermédiaire perdu par la directrice.

 

 

 

PERSONNAGES PRINCIPAUX

 

Laurence DUPONT (37 ans) : Epouse du Maire DOMINIQUE Dupont. Marraine du petit Amousso  Cocou.

 

Amousso  Cocou (11ans) : Ecolier pauvre d’Afrique. Enfant de maturité précoce.

 

Oléda Rafata (35ans) : Directrice d’école. Politicienne sans scrupules.

 

Dansou KPENOU (64 ans) : Chef du village Nonvignon.

 

Codjo Gadi (58 ans) : Président de l’Association des Parents d’élèves de l’école primaire de Nonvignon.

 

Dominique Dupont (45 ans) : Maire de la commune de Chateaubleu en France.

 

Adinassé (37 ans) : Mère du petit écolier Amousso L. Cocou.

 

Monsieur Jean-Michel Leboeuf (39 ans) : Consul de France.

 

Paulin SAGBO (45 ans) Curé de la Paroisse de Nonvignon.

 

 

 

NOTE D’INTENTION

 

            Ce film sera une adaptation du roman « la marraine française », écrit par le même auteur (Denis AVIMADJESSI) et publié en 2006 par les Editions Publibook à Paris. L’œuvre, inspirée d’un fait réel, sera réalisée dans le genre drame social. L’objectif moral sera d’éveiller l’attention la conscience des donateurs qui doivent savoir que leurs aides généreuses ne vont pas toujours aux destinataires.

 

Ce sera un long métrage qui durera environ quatre-vingt-dix minutes. Il sera tourné au Bénin et dans un pays européen à déterminer.

 

 

CONTINUITE DIALOGUEE

 

 

1/ COUR DE L’ẺCOLE/ EXT-JOUR

(Dans la cour de l’école primaire du village Nonvignon au Bénin, écoliers, parents et enseignants font un grand nettoyage : sarclage, brûlage d’herbes, badigeonnage des murs… Le travail est très dur sous le soleil ardent jusqu’au crépuscule.)

2/ COUR DE L’ ECOLE/ EXTERIEUR-JOUR

(Les élèves sont alignés dans la cour de l’école. Les enseignants et parents d’élèves sont présents. Un groupe folklorique fait de l’animation.

Une voiture officielle vient garer dans la cour, Madame Oléda Rafata (35), la Directrice, Monsieur Dansou Kpénou (64), le Chef de village et Monsieur Codjo Gadi (58), le Président de l’Association des parents d’élèves se dégagent pour aller accueillir les nouveaux arrivants à leur descente de voiture.

Monsieur Dominique Dupont (45), Maire de Chateaubleu, son épouse Laurence (35) et deux autres messieurs descendent  de la voiture. Les quatre personnes et les trois notables suivent et applaudissent une démonstration du groupe folklorique qui animait. Ils donnent de l’argent aux danseurs. Les élèves chantent une chanson d’accueil.)

 

 

 

 

 

GROUPE D’ÉCOLIERS :

(Chantant)

Monsieur Dupont, Monsieur Dupont,

Soyez le bienvenu

Monsieur Dupont, Soyez le bienvenu u u…

C’est long, c’est long la route,

Monsieur Dupont, Soyez le bienvenu,

 

 

Madame Dupont, Madame Dupont,

                            Soyez la bienvenue,

Madame Dupont, Soyez la bienvenue u u…

C’est long, c’est long la route,

Madame Dupont, Soyez la bienvenue,

 

(Tout le monde applaudit et les personnalités rejoignent le podium pour les discours.)

 

DIRECTRICE :

C’est à moi directrice de cette école que revient l’insigne honneur de prendre la parole en votre nom à tous pour souhaiter la bienvenue à notre illustre hôte, monsieur Dominique Dupont, Maire de la commune de Chateaubleu en France ainsi qu’à son épouse, Madame Laurence Dupont

(Applaudissements)

 

Monsieur le maire, madame le maire, que de routes n’avez-vous pas empruntés ! Que d’océans n’avez-vous pas traversés pour venir jusqu’à nous, ici dans ce qu’il convient d’appeler véritablement l’Afrique profonde ! Ni les populations du village Nonvignon, ni les élèves et leurs enseignants n’oublieront ce geste de bonté qui confirme la grandeur géographique et spirituelle de votre nation, la France.

 

L’école primaire publique de Nonvignon que vous visitez est une unité pédagogique primaire de six classes. Elle est créée il y a une dizaine d’années, mais malheureusement, les énormes problèmes qu’elle connaît ne lui ont pas permis un développement pouvant lui permettre d’aller au-delà des six classes existant depuis sa création. Bien au contraire, la tendance est à la fermeture de certaines classes, et même de tout l’établissement privant ainsi les enfants pauvres de chez nous d’accéder à la science et aux parchemins qui font les dirigeants du monde moderne.

 

En effet, Monsieur le maire…

(Images du  délabrement et des problèmes de l’école tandis que la voix off de la directrice est entendue de  façon lointaine. Fin de la voix off.

DIRECTRICE

…Je sais que quelle que soit votre bonne volonté, vous ne pourrez pas résoudre tous ces problèmes aussi graves les uns que les autres. Mais, Monsieur le Maire, si déjà, vous pourriez nous aider à parer au plus pressé en nous finançant la construction d’une salle de classe pour les enfants prenant leur cours sous un arbre, ce serait une avancée notable dans la résolutions de nos difficultés.

Votre temps est précieux Monsieur le maire. Je ne voudrais pas en abuser plus longtemps. Je termine donc en vous renouvelant ainsi qu’à votre épouse, notre profonde gratitude pour votre arrivée chez nous. Je vous prie de transmettre, à votre retour, nos sentiments les meilleurs à la laborieuse population de Chateaubleu et à tout le peuple français. Merci

 

(Applaudissements. Un groupe d’écoliers en belle tenue traditionnelle exécute une chanson polyphonique)

 

GROUPE D’ ÉCOLIERS :

 (Chantant) :

                                               J’aime le son du cor le soir au fond des bois

Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois

Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille

Et que le vent du Nord, porte de feuille en feuille.

 

(Applaudissements.)

 

MONSIEUR DUPONT :

Monsieur le Chef du village de Nonvignon :

Madame la directrice,

Monsieur le président de l’association des parents d’élèves.

Mesdames et messieurs les enseignants

Chers parents d’élèves et chers enfants

En décidant de nous rendre ce jour dans votre beau village, mon épouse et moi étions à mille lieues de nous douter que nous serions accueillis avec tant d’enthousiasme et de chaleur. Soyez-en sincèrement remerciés.

Pour ma part, je vous garantis que la population de Chateaubleu que l’honneur de représenter ce jour en ces lieux sera largement informée de votre sens élevé de l’hospitalité et de l’amour du prochain. Elle sera également informée de la richesse de votre patrimoine culturelle dont je viens de découvrir quelques merveilleux aspects.

Madame le Directrice, j’ai écouté toutes les difficultés de votre établissement, et je suis parfaitement d’accord avec vous que la science enseignée dans de telles conditions est humiliée, de même que l’enseignant.

Alors, il n’est pas question que la commune de Chateaubleu reste insensible à tant de difficultés et de souffrances humaines. Notre Commune n’est ctes pas fortunée, mais le partage n’a jamais été une question de fortune, c’est une question de cœur.

Sur ce, je voudrais vous remettre la modeste contribution que la population de Châteaubleu m’a chargé de vous apporter pour la résolution, ne serait-ce que partielle, de vos difficultés.

 

(Il sort un chèque. Aussitôt, trois mains se tendent : celles de monsieur Gadi, celle de Monsieur Dansou et celle de Monsieur Madame Oléda. Le Maire, embarrassé, remet le chèque à la directrice et fait une tape amicale sur les épaules des deux autres.)

 

 

 

DIRECTRICE :

(Lisant le montant du chèque

Cinq millions de francs CfA !

(Des applaudisements et des manifestations de joie fusent de toutes parts. Monsieur Dupont termine son discours.)

 

MONSIEUR DUPONT :

Voilà donc notre modeste contribution. Vous pourrez touchez ce chèque dès ce jour en vous rendant à notre consulat dans votre capitale.

Mesdames mesdemoiselles messieurs. Ce geste n’est pas une fin. Ce n’est plutôt qu’un début. Le début d’une longue route d’amitié et de solidarité entre ma commune et votre école.

Je vous remercie.

 

(Applaudissements. Les personnalités se lèvent et prennent un bain de foule. Ils saluent beaucoup de gens. Madame Dupont remarque un enfant  aux pieds nus et paraissant très pauvre. Elle s’abaisse à son niveau et lui parle.)

 

MADAME DUPONT : 

Bonjour mon petit chéri.

 

ENFANT :

Bonjour Madame.

 

MADAME DUPONT :

Comment t’appelles-tu ?

 

 

 

ENFANT :

Amousso L.Cocou.

 

MADAME DUPONT :

Tu es très mignon. Je ferai de toi mon filleul ici à Nonvignon. Je décide de parrainer tes études, de maintenant jusqu’à l’université.

(Applaudissements. Départ des hôtes. Parents, élèves et enseignants se retirent, sauf le petit écolier  et Monsieur Gadi, le Président de l’association des Parents d’élèves)

 

 

GADI :

Tiens, Amousso, que fais-tu encore là ? Tu n’es pas rentré comme tous tes camarades ?

 

AMOUSSO :

Non, Papa Gadi, Je vous attendais.

 

GADI :

Tu m’attendais ! Alors, je t’écoute mon chéri.

                                                          

AMOUSSO :

Je voudrais vous demander ce que la femme blanche a dit à mon sujet et que tout le monde a applaudi.

 

GADI :

Elle a dit qu’elle parrainerait tes études pendant plusieurs années !

 

 

AMOUSSO :

C’est justement ça que je n’ai pas compris. Cela signifie concrètement quoi ?

 

GADI :

Cela signifie que madame Dupont va t’aider financièrement, matériellement et moralement pendant toute la durée de tes études, de maintenant jusqu’à l’université.

 

AMOUSSO :

(Manifestant une grande joie)

Mon Dieu ! Quel bonheur pour moi et pour ma maman !

 

GADI :

Je suis heureux que tu aies ainsi compris.

(Amousso devient subitement triste et se met à pleurer.)    

 

GADI :

Mais pourquoi prends-tu cet air, mon petit ? Qu’est-ce que tu as ?

 

AMOUSSO :

Je suis triste parce qu’à l’école ici, les adultes nous ont toujours menti. On collecte de auprès de nous pour soit disant faire de photocopies, organiser des fêtes ou prendre des photos d’ensemble. Mais dans la plupart des cas, rien de cela ne se fait et pourtant, on ne nous retourne pas nos sous. Je suis sûr que cette belle promesse qui m’est faite est une nouvelle farce des adultes. Ô Seigneur transforme leur mensonge en vérité pour soulager un peu ma maman et moi.

 

GADI :

(Ils reste pensif un instant)

Bon, tu ne fais plus confiance aux adultes parce qu’ils t’ont toujours menti ! Je te rassure pourtant que cette fois-ci, la promesse sera tenue. Madame Dupont parrainera effectivement tes études. Je lui fais confiance.

Maintenant, viens, mon petit, rentrons. Il ne reste que nous ici à l’école.

 

 (Gadi et Amousso arpentent les pistes rurales pour rentrer. Ils rencontrent beaucoup de paysans qui reviennent des champs.)

 

3/ BUREAU DE LA DIRECTRICE : INT-JOUR

 

DIRECTRICE :

(Lisant un courrier reçu de Madame Dupont.)

« Madame la Directrice,

A travers vous, je renouvelle mes sincères remerciements à toute la population du village Nonvignon pour la chaleur de l’accueil dont mon mari et moi avons bénéficié lors de notre voyage chez vous.

Comme promis je parraine les études de mon filleul Amousso Cocou qui est élève dans votre établissement. Je vous prie donc, Madame la Directrice, de voir les parents du petit Amousso pour qu’ils évaluent leurs besoins et me disent quelle enveloppe financière je dois mettre à leur disposition chaque mois » 

 

 

 

DIRECTRICE :

(Elle envoie quelqu’un chercher le petit Amousso qui arrive dans son bureau)

Assieds-toi mon petit chéri. Et mets-toi à l’aise ! Pourquoi as-tu peur ? Prends d’ailleurs ce yaourt. Voilà, tu n’as aucune raison d’avoir peur. Je suis votre maman à tous ici à l’école.

 

AMOUSSO :

Merci Directrice.

 

DIRECTRICE :

Pas de quoi. Ainsi, tu t’appelles bien Amousso Cocou ?

 

AMOUSSO :

Oui, Directrice.

 

DIRECTRICE :

Qui est ton père ?

 

AMOUSSO :

                                               Il s’appelait Amousso Logba.

 

DIRECTRICE :

Il s’appelait ? Tu veux dire qu’il est déjà décédé ?

 

AMOUSSO :

Oui, Directrice. Il y a six ans qu’il est décédé

 

 

DIRECTRICE :

Oh ! Et ta Maman ?

 

AMOUSSO :

Elle est là. Je vis avec elle.

 

 

DIRECTRICE :

Elle a épousé un autre mari après le décès de ton père ?

 

AMOUSSO :

Non, Madame. La famille lui a demandé d’épouser un frère de mon père conformément à la tradition, mais elle a refusé.

 

DIRECTRICE :

Très bien ! Voilà une digne représentante, version traditionnelle du mouvement pour l’émancipation de la femme. Tu lui présenteras mes félicitations.

 

AMOUSSO :

Je n’y manquerai pas.

 

DIRECTRICE :

Quel âge as-tu ?

 

AMOUSSO :

Onze ans.

 

 

 

 

 

DIRECTRICE :

La femme blanche qui t’a approchée l’autre jour à l’école, que t’a-t-elle dit en prenant ton nom ?

 

AMOUSSO :

Vous parlez de Madame Dupont ?

 

DIRECTRICE :

Ah, tu connais même son nom ! Oui, c’est d’elle que je parle. 

 

AMOUSSO :

Je ne l’ai pas bien comprise, mais Monsieur Gadi m’a dit  que Madame Dupont va soutenir mes études, de maintenant jusqu’à l’université.

 

DIRECTRICE :

N’écoute pas ce vieux Gadi. Ce Monsieur comprend toujours les choses à l’envers. Madame Dupont t’a déjà totalement oublié. Il ne faut plus du tout penser à elle. Les Blancs sont tous des menteurs.

 

AMOUSSO :

Mais Madame, beaucoup d’autres gens ont dit à ma maman que Madame Dupont tiendra sa promesse ! Il paraît même que ce sont les Blancs qui ont donné cinq millions de francs pour construire le petit bâtiment que je vois là-bas !

 

 

 

DIRECTRICE :

Je répète avec force que le Blancs sont tous des menteurs. Ce don de cinq millions de francs n’est qu’une exception de promesse tenue par eux. La preuve, voici la lettre que vient de m’envoyer ta fameuse marraine, Madame Laurence Dupont. Elle n’a même pas parlé de toi. Elle t’a déjà oublié vite et bien, comme je te l’ai dit.

Et puis, le bâtiment nouvellement construit que tu qualifies de petit, il nous a coûté plus de cinq millions de francs. J’ai dû y mettre mes propres économies pour qu’il soit construit à tout prix ! Donc détrompes-toi, ce bâtiment est bien grand, et de toute façon tes petits yeux ne sont pas qualifiés pour apprécier sa grandeur.

 

 

AMOUSSO :

Je vous présente mes excuses, Madame la Directrice.

 

DIRECTRICE :

Je t’excuse mon petit. Tiens, prends cette pièce de cent francs pour ton petit déjeuner tout à l’heure.

 

AMOUSSO :

(Très heureux)

Merci, merci mille fois Directrice.

(Il sort. La directrice l’observe et constate plusieurs signes de pauvreté sur son corps et dans ses vêtements. Elle fouille les casiers des classes et prend le dossier scolaire de l’enfant qu’elle lit.)

 

 

DIRECTRICE :

Mon Dieu ! Il a redoublé deux classes sur cinq. C’est pas fameux ça ! Ah…je lis ici l’appréciation de son maître de l’année dernière : « élève intelligent et plein de bonne volonté, mais probablement handicapé par des difficultés sociales. »

Oui…ça c’est évident.

Bon ! Le petit garçon va maintenant répondre à sa marraine, la très chère Madame Laurence Dupont. Et surtout, il faut qu’il écrive avec une écriture d’enfant.

 

(Elle écrit en lisant)

« Ma chère Maman Bienfaitrice… »

 

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4/ DOMICILE DU COUPLE DUPONT / INT-JOUR

 

MADAME DUPONT :

Dominique ! Dominique ! Regarde, mon filleul d’Afrique vient de me répondre. Il m’a appelé « Chère Maman bienfaitrice. » Je suis vraiment comblée.

 

MONSIEUR DUPONT :

A-t-il répondu à nos questions ?

 

MADAME DUPONT :

Mais Bien sûr ! Lis ! Relis-moi ça !

 

MONSIEUR DUPONT :

« Chère Maman Bienfaitrice …»

 

MADAME DUPONT :

Oui…

 

MONSIEUR DUPONT :

« …notre directrice m’a lu votre lettre en présence de ma maman. Nous sommes très contents et tirons la conclusion  que ce sont Dieu et nos ancêtres qui vous ont mise sur notre chemin.

 Cette année scolaire et l’année prochaine, je serai encore à l’école primaire. Il nous faut cinquante mille francs CFA par mois pour bien nous occuper de mes études. Cela fait soixante seize euros selon ce qu’on m’a dit.

Je vous prie de continuer à faire confiance à ma directrice, même quand je serais au collège. Passez toujours mes commissions par elle.

Merci pour votre cœur de bonne maman. Le Seigneur vous en récompensera. 

Amousso Cocou, votre filleul qui vous embrasse. »

 

MADAME DUPONT :

Bon ! Calculette en main, soixante seize euros par moi, pour déjà un an, ça fait…soixante seize fois douze égal… neuf cent seize euros. En monnaie locale ça fait combien ? Ben, la conversion se fera sur place.

Allez, je m’en vais de ce pas envoyer le mandat.

 

 

 

 

5/ SALLE DE REUNION DE L’ECOLE  DE NONVIGNON/ INT-JOUR.

 

(Les parents d’élèves sont assis et attendent la directrice pour une réunion.)

 

GADI :

Je constate que la directrice ne vient pas. La réunion devait commencer depuis huit heures trente. Il est maintenant onze heures et elle n’est toujours pas arrivée. Ne voulant pas prendre la responsabilité de vous gâcher plus longtemps votre matinée du samedi, je me vois dans l’obligation de proposer un report de la séance à une date… tiens ! On dirait qu’elle arrive… Oui, la voilà qui gare son véhicule. Tant mieux.

 

(La directrice  rentre et s’assoit sans saluer personne.)

 

GADI :

Bonjour Madame la Directrice. Bonjour chers collègues parents d’élèves. Vous m’avez demandé d’inviter Madame la Directrice à la présente réunion du Conseil Consultatif de l’établissement parce que vous avez des préoccupations à lui adresser. Et vous m’avez désigné pour parler en votre nom en ma qualité de Président de l’Association des parents d’élèves.

Dans cette démarche, Madame la Directrice, mes collègues voudraient avoir les informations suivantes :

 

Primo, ils voudraient savoir comment ont été gérés les cinq millions de francs donnés par les Français à l’école, car à notre avis, le bâtiment que vous avez fait construire et que nous voyons là-bas ne peut pas coûter cinq millions de francs. Même pas la moitié.

 

Secundo, les collègues voudraient savoir si Madame Laurence Dupont a confirmé sa promesse d’aider le petit Amousso dans ses études.

Voilà, Madame la Directrice, nos préoccupations de ce jour.

 

(Pendant un long moment, la directrice regarde tour à tour chacun avec mépris avant de prendre la parole.)

 

DIRECTRICE :

Honnêtement, Mesdames et Messieurs, si je savais que mon déplacement ici ce jour serait une pure perte de mon temps précieux, je ne serais pas arrivée, parce que moi, je ne m’ennuie pas pendant mes week-ends.

  Reprenez, Mesdames Messieurs, les textes qui nous régissent au Conseil Consultatif. Si vous ne les lisez pas à l’envers, vous constaterez clairement que notre Conseil est  simplement consultatif et ne donne que des avis qui ne s’imposent nullement au chef d’établissement public que je suis.

Mieux, l’article dix-huit de cet arrêté sont clairs : « le chef d’établissement ne rend compte qu’à sa hiérarchie administrative supérieure. »

Je n’ai donc pas de compte rendu à vous faire, même si dans un souci de collaboration, je l’ai toujours fait par le passé. Maintenant, je veux respecter les textes.

Pour ce qui concerne cette affaire de petit Amousso, je ne connais pas l’enfant dont vous parlez. Vous vous en doutez, je ne peux pas connaître tous les élèves de l’établissement ! Alors, veuillez vous adresser à l’intéressé pour savoir s’il a renoué le contact avec Madame Dupont. Epargnez-moi cette affaire purement privée qui n’a rien à voir avec ma gestion de l’établissement, encore moins, avec le Conseil Consultatif.

Sur ce, Mesdames, Messieurs, permettez-moi de me retirer, j’ai des choses sérieuses desquelles m’occuper.

 

(Elle sort et déclenche de vives protestations et colères des parents. Finalement, ils se calment et s’asseyent à nouveau.)

 

GADI :

Chers collègues, je comprends votre colère, car cette dame n’est pas à son coup d’essai dans ce genre de comportement. Elle détourne vite et bien tout moyen financier mis à sa disposition et n’est jamais punie grâce à ses puissantes relations politiques. Quand nous en parlons ici elle simule une colère et disparaît derrière un écran de fumée comme elle vient de la faire. Nos nombreuses lettres et autres actions en direction des autorités supérieures n’ont jamais rien donné.

Mais je fais une promesse de vieil africain devant vous tous ici : je dis que le cas du parrainage du pauvre petit Amousso ne restera pas nébuleux trop longtemps. Ce sera peut-être le dernier défi de ma vie, mais je le relèverai. Nous devons trouver l’adresse de Madame Dupont pour qu’elle nous dise si sa promesse d’aider cet orphelin était une farce. Ça, j’en fais mon combat personnel.

Cela dit, je vous laisse vaquer maintenant à vos occupations du week-end, la séance est levée.

 

6/ POSTE DE NONVIGNON/ INT-JOUR

 

DIRECTRICE :

(S’adressant à un agent de la Poste)

Bonjour ! J’ai rendez-vous avec le Receveur.

 

AGENT :

Bien sûr, Madame la Directrice, je vais vous introduire. Venez.

 

7/ BUREAU DU RECEVEUR/ INT-JOUR

 

RECEVEUR :

Bonjour Madame la Directrice, je me réjouis de votre ponctualité au rendez-vous. Veuillez vous asseoir.

 

DIRECTRICE :

Bonjour Monsieur le Receveur.

 

RECEVEUR :

Comme je vous le disais hier au téléphone, vous avez un mandat d’un montant de neuf cent seize euros ici à notre niveau. Veuillez remplir ce formulaire pour le toucher en monnaie locale.

 

 

DIRECTRICE :

C’est qui l’expéditeur ?

 

RECEVEUR :

Madame Laurence Dupont. Vous la connaissez certainement ?

 

DIRECTRICE :

Oh, oui…oui… cette dame m’a commandé certains tissus africains que je vais  lui envoyer prochainement par avion.

 

RECEVEUR :

Certainement. Elle vous a d’ailleurs envoyé une lettre que voici.

 

DIRECTRICE :

Merci. Je remplis maintenant le formulaire…

 

8/ DOMICILE DE LA DIRECTRICE/ EXT-JOUR

(La directrice gare sa voiture et rentre dans sa chambre)

 

9/ DOMICILE DE LA DIRECTRICE/ INT-JOUR

 

DIRECTRICE :

Mathieu ! Mathieu !

 

MATHIEU :

Maman !

 

DIRECTRICE :
Viens m’aider à compter ces billets.

 

MATHIEU :
Billets ! Et tu m’en donneras un ?

 

DIRECTRICE :

Peut-être. Assieds-toi là vite et aide-moi à vérifier. Il doit y avoir dix mille francs par liasse. Si tu constates une anomalie, tu m’en informes.

 

10/ DOMICILE DE AMOUSSO/ EXT-JOUR

(La directrice demande aux voisins qui lui indiquent la maison Amousso. Elle y entre et observe la misère des lieux. )

 

DIRECTRICE :

 (Monologuant à voix basse)

Vraiment, ces gens-là ont trop de problèmes. Même si je leur versais les six cent mille francs, cela ne leur suffirait pas. Or, je ne pense pas pouvoir leur donner plus de cinq mille francs, par pitié…

(Fin du monologue)

Allo ! Il y a quelqu’un ?

 

AMOUSSO :

(Il sort du néant)

Bonjour Directrice.

 

DIRECTRICE :

(Sursautant)

Oh ! Amousso… Tu m’as fait peur !

 

AMOUSSO :

Je n’ai fait que répondre à votre appel, Directrice.

 

 

DIRECTRICE :

C’est donc ici que tu habites !

 

AMOUSSO :

Oui. Je vous apporte un siège…

 

DIRECTRICE :

Non. Je ne compte pas rester longtemps. Tu sais, mes contacts avec toi ces derniers temps m’ont très touché. En effet, j’ai compris que tu es un enfant intelligent, mais en difficulté. Alors, j’ai décidé de t’apporter de temps en temps une petite aide symbolique pour te soulager un peu. Tiens, voici cinq mille francs. 

 

AMOUSSO :

(En joie)

Oh, mon Dieu !

(Il court chercher sa mère qui faisait la cuisine dans la cour intérieure).

Maman, regarde ce que la directrice m’a donné ! Cinq mille francs.

 

ADINASSÉ :

Ta directrice ?

 

AMOUSSO :

Oui.

 

ADINASSÉ :

Elle est arrivée ici ?

 

 

AMOUSSO :

Oui, viens la remercier pour moi.

 

ADINASSÉ :

Evidemment ! Allons-y.

 

AMOUSSO :

(Revenant à la directrice en compagnie de sa mère. Elle est infirme unijambiste et se déplace avec une béquille)

Voici ma mère, Adinassé.

 

DIRECTRICE :

Bonjour, Madame.

 

ADINASSÉ :

Bonjour, Directrice. C’est incroyable, ce don que vous faites à mon enfant ! C’est là une générosité rare dans le monde d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Je vous en remercie sincèrement.

 

DIRECTRICE :

Ce que je vous ai donné est très peu, car, en tant que mère de famille moi-même et personne à l’écoute de la parole de Dieu, j’imagine les difficultés de votre enfant que j’ai beaucoup observé ces derniers temps.

 

ADINASSÉ :

Oui, Madame, j’ai oublié d’ajouter que vous êtes vraiment une envoyée de Dieu.

 

(Adinassé et Amousso raccompagnent la directrice jusqu’à sa voiture.)

 

11/ DOMICILE DE LA DIRECTRICE/ EXT-JOUR

(Assise dans son jardin et sirotant un jus de fruit, la directrice écrit une lettre qu’elle lit au fur et à mesure.)

 

DIRECTRICE :

(Lisant)

« …Ainsi, Madame, j’ai remis les six cent mille francs en intégralité… »

 

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12/ DOMICILE DE MADAME DUPONT/ INT-JOUR

(Madame Dupont entend la suite de la lettre de la Directrice)

« …à la mère de votre filleul. Ne sachant pas signer, elle a apposé son empreinte digitale du pouce gauche sur la décharge qu’elle m’a délivrée et que je joins à la présente lettre… »

 

MADAME DUPONT :

(Jetant un coup d’œil à la décharge)

Ah, c’est très bon. Cette directrice est vraiment méticuleuse. J’ai raison de lui faire confiance.

 

13/ DOMICILE DE MONSIEUR DANSOU KPÉNOU/ INT NUIT

(Amousso et sa mère sont chez Monsieur Dansou Kpénou)

 

ADINASSÉ :

… C’est pour cela que nous sommes venus te montrer le don qu’elle nous a fait.

 

 

DANSOU :

(Perplexe)

Et elle vous a dit que c’est elle-même qui vous fait ce don de cinq mille francs ?

 

ADINASSÉ :

Oui.

 

DANSOU :

(Après un moment de réflexion)

C’est bon. Cet argent au moins est entre vos mains. Jouissez-en autant que vous pouvez.

Quant à Gadi et moi, nous avons décidé  de vérifier soigneusement si c’est vraiment tout ce à quoi vous avez droit. En d’autres termes, nous nous efforcerons de trouver l’adresse de ta marraine pour lui demander si elle ne tient plus à parrainer tes études comme elle l’avait promis.

Ne pouvant pas compter sur la collaboration de ta directrice, nous nous rendons dès demain à l’Ambassade de France dans notre capitale.

 

AMOUSSO :

Papa Dansou, si je peux vous être utile à quelque chose, n’ hésitez pas à me le dire. Je suis à votre disposition.

 

DANSOU :

Non, mon petit. Nous n’avons pas besoin de toi pour le moment.

 

14/ AUTOGARE DE NONVIGNON/EXT-JOUR

 

(Messieurs Gadi et Kpénou embarquent dans une voiture de transport en commun. Amousso leur fait de grands gestes d’au revoir et prend le chemin de l’école).

 

15/ ECOLE DE AMOUSSO/ EXT-JOUR

 

(Il est midi. Les élèves sortent des classes. Amousso se rend à l’autogare. Il y reste longtemps sans pouvoir accueillir les deux notables à leur retour de la capitale. Il retourne à l’école après un déjeuner expéditif sur les lieux.)

 

16/ ECOLE DE AMOUSSO/ EXT-JOUR.

(Amousso sort de l’école après les cours de l’après-midi et se dirige une fois encore à l’auto-gare pour attendre les deux notables. L’attente est longue. Mais les deux sages arrivent dans un véhicule de transport de moutons. Ils sont sales et puent la fiente de bouc. La directrice est présente par hasard sur les lieux).

 

DIRECTRICE :

Mon dieu ! Qui est-ce que je vois là ? Le numéro un du village et le numéro un des parents d’élèves dans un véhicule de transport de moutons ! Sacrilège ? Sincèrement, vous auriez pu passez ma voiture pour votre voyage dans la capitale ! Vous le méritez bien, car notre cause est commune dans ce triste dossier de marraine en fuite. Bon, je vous dépose chez vous.

 

GADI :

Non, Madame la directrice. Nous connaissons le chemin.

 

 

DANSOU :

 

(S’adressant à Amousso)

Mon petit, merci d’être venu nous accueillir. Cela nous prouve que tu es un garçon responsable. Rentre maintenant à la maison. Tout à l’heure, je viendrai faire à ta mère et à toi, le compte rendu de notre voyage.

 

(Après le départ des deux hommes, la directrice s’approche de Amousso qui s’en allait).

 

DIRECTRICE :

Mon petit, de nos jours, les sages ne sont plus sages. Regarde, ils sont partis chercher des Dupont et ils ont trouvé des moutons. Dupont rime avec mouton, mais ce n’est pas la même chose ! Oh, quelle puanteur !

 

(Elle se pince le nez et fait une grimace de dégoût. Amousso s’en va sans lui répondre.)

 

 

 

17/ ECOLE D’AMOUSSO : EXT-JOUR

 

(Un élève relativement âgé va sonner la cloche et les enfants prennent la direction des classes pour les cours du matin)

 

18/ CLASSE D’AMOUSSO : INT-JOUR

 

MAITRESSE :

Amousso, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu somnoles en classe. Tu es malade ?

 

AMOUSSO :

(Se réveillant brusquement)

Non, Maîtresse.

 

MAITRESSE :

Et pourtant tu somnoles. Qu’est-ce qu’il y a ?

 

AMOUSSO :

Je suis seulement fatigué.

 

MAITRESSE :

Je pense plutôt que ton organisme pourrait être en train de couver un début de paludisme. Rentre à la maison et soigne-toi bien.

(S’adressant à deux autres élèves)

                                               Rodrigue et Ambroise, vous l’accompagnez chez lui.

 

 

19/ SENTIERS DU VILLAGE : EXT-JOUR

(Amousso marche péniblement avec ses deux accompagnateurs. Il se remémore une scène de la veille.)

 

FLASHBACK

20/ MAISON D’AMOUSSO : EXT-NUIT

(Gadi et Dansou sont assis dans la cour de la maison en présence d’Amousso et de sa mère).

GADI :

Nous vous dirons sans détour que notre mission dans la capitale a échoué. Nous avons peiné longuement sous le soleil ardent à retrouver l’Ambassade de France. Là, on nous a renvoyé au consulat à l’autre bout de la ville. Encore la marche pénible sous le soleil. Et au consulat,  nous avons tout simplement appris que c’est notre fameuse directrice seule qui a accès à ce dossier et que nous devons nous rapprocher d’elle pour toute information.

(Amousso et sa mère sont tristes.)

 

DANSOU :

Voilà l’une des causes de mon dégoût très prononcé pour l’administration. Elle ne fonctionne que pour broyer sans pitié ceux qui n’y sont pas initiés ou qui ne connaissent pas son code secret. Sa tendance est de toujours protéger ses membres et ceux qu’ils ont acceptés comme intermédiaires.

Dans cette logique, il serait très difficile de mettre à nu le jeu de Madame Oléda pour l’obliger à la transparence.

 

GADI :

A notre retour de la capitale il n’y avait plus aucun véhicule venant ici au village, en dehors du camion dans lequel tu nous a vu et qui transportait des moutons. Nous n’avions pas le choix.

 

(Les hôtes s’en vont. Amoussou rentre dans sa chambre. Mais il a une nuit blanche. Fin du flashback)

 

 

 

21/ SENTIER DU VILLAGE : EXT-JOUR

 

(Amousso arrive chez lui avec ses deux accompagnateurs)

 

AMOUSSO :

Merci mes amis. Dites à la maîtresse que vous m’avez ramené à la maison et que je vais déjà mieux. Il ne faut pas qu’elle s’inquiète.

 

(Il rentre dans sa chambre se couche aussitôt.)

 

22/ ECOLE DE AMOUSSO/ EXT-JOUR

(Amousso est à l’école pour les cours de l’après-midi. Dans la cour, ses camarades sont surpris de le voir gai et rayonnant).

 

PREMIER CAMARADE :

Mais Amousso, On ne te comprend pas ! Toi qui étais presque mourant ce matin, te voilà déjà gai et rayonnant !

 

AMOUSSO :

Ben j’étais simplement fatigué le matin, maintenant, ça va.

 

DEUXIÈME CAMARADE :

J’espère que tu nous donneras la recette d’une si facile métamorphose !

 

 

AMOUSSO :

(Riant)

On verra bien !

 

23/ DOMICILE DE MONSIEUR GADI/ INT-NUIT

(Gadi et Amousso sont assis dans le salon du vieil homme).

 

GADI :

Tu dis que tu voyages dans la capitale demain ?

 

AMOUSSO :

Oui Papa Gadi.

 

GADI :

Pour quoi faire ?

 

AMOUSSO :

Rencontrer le Consul de France.

 

GADI :

Je n’en crois pas mes oreilles. Je sais que tu connais bien la capitale parce que tu y passes souvent tes vacances. Mais de là à tenter cette aventure de consulat, attention !

 

(Gadi réfléchit un instant et pousuit).

Qu’en dit ta mère ?

 

AMOUSSO :

Elle n’est pas d’accord. Elle me dit d’oublier l’argent de cette femme européenne et de me contenter du peu dont nous disposons pour vivre.  Elle se résigne, mais moi je veux poursuivre le combat. Je vous promets que j’aurai la paix dans mon cœur quand Madame Dupont me dira elle-même que sa promesse d’être ma marraine était une plaisanterie.

 

GADI :

Tu veux donc mon avis.

 

AMOUSSO :

Oui.

 

GADI :

Et tu penses que mon avis pourrait être différent de celui de ta mère.

 

AMOUSSO :

Oui.

 

GADI :

 

(Après réflexion)

Je vous connais, vous les enfants d’aujourd’hui. Tant que vous n’avez pas encore obtenu ce que vous voulez, vous en faites une maladie, cela empoisonne votre vie au quotidien… Je vais te laisser faire ce voyage. J’espère seulement que ta mère me comprendras quand j’essayerai de la convaincre à ce sujet.

 

 

 

24/ AUTO-GARE DE NONVIGNON/ EXT-JOUR

(Gadi fait ses adieux  à Amousso qui voyage.)

 

GADI :

Mon fils, sois sage et surtout prudent.

 

AMOUSSO :

Faites-moi confiance, Papa Gadi.

 

GADI :

Que Dieu et nos ancêtres t’accompagnent.

 

AMOUSSO :

Merci Papa

 

(Le véhicule démarre et le vieil homme retourne chez lui).

 

25/ CLASSE DE AMOUSSO/ INT-JOUR.

 

(La directrice fait irruption dans la classe. Les élèves se lèvent et poussent un slogan de salut. Madame Oléda va au fond de la classe et revint vers la maîtresse qu’elle n’avait pas saluée).

 

DIRECTRICE :

Il n’est pas là ?

 

MAÎTRESSE :

Bonjour Madame la Directrice.

 

DIRECTRICE :

Bonjour Nicole. Il n’est pas là ?

 

MAÎTRESSE :

De qui parlez-vous, Madame la Directrice ?

 

DIRECTRICE :

De Amousso.

 

MAÎTRESSE :

Je ne l’ai pas vu ce matin.

 

DIRECTRICE :          

S’il arrive cette après-midi, dis-lui d’aller me voir dans mon bureau.

 

 

26/ DOMICILE DE AMOUSSO : EXT-CRÉPUSCULE

 

(Madame Oléda est debout dans la cour de la maison avec Adinassé, la mère de Amousso.)

 

DIRECTRICE :

Je ne vous crois pas Madame. Vous dites qu’il a voyagé ? En pleine année scolaire ? Où est-il allé ?

 

ADINASSÉ :

Dans la capitale.

 

DIRECTRICE :

Pour faire quoi ?

 

ADINASSÉ :

Je n’en sais rien.

 

DIRECTRICE :

Ah bon ! Vous êtes une drôle de famille ! Un fils unique qui fait ses valises et disparaît sans laisser d’adresse, sa mère qui ne s’en inquiète pas…

 

(Madame Oléda sort de la maison et va s’asseoir dehors dans sa voiture pour attendre le retour de Amousso. Pour passer le temps, elle lit un livre religieux. Amousso arrive et voit de loin la voiture de sa directrice garée devant la maison. Il évite de la rencontrer et rentre à la maison par un chemin détourné. La directrice finit par s’endormir dans sa voiture. Dans la nuit, un grand vent se lève et la réveille en sursaut. Elle consulte sa montre et démarre en trombe).

 

 

27/ ÉCOLE D’AMOUSSO/ EXT-JOUR

(Plusieurs écoliers informent Amousso dans la cour que la Directrice la cherche depuis. Il rentre pourtant dans sa classe comme tous les autres. A huit heures, la directrice envoie quelqu’un le chercher).

 

28/ BUREAU DE LA DIRECTRICE/ INT-JOUR

(Amousso est assis dans un siège en face de sa directrice).

 

DIRECTRICE :

J’ai appris que tu as voyagé hier. Ta maîtresse m’a dit que tu n’as pas sollicité de permission. Tu devrais être punie pour ça. Mais puisque tu es mon ami, j’ai demandé qu’on ne te punisse pas. Où est-ce que tu étais parti ?

 

AMOUSSO :

Dans la capitale.

 

DIRECTRICE :

Ah ! C’est ce vieux Gadi qui t’y a envoyé n’est-ce pas ?

 

AMOUSSO :

Non ! Pourquoi m’aurait-il envoyé à un voyage ? Il n’est pas mon parent !

 

DIRECTRICE :

Oui, mais tout le monde vous voit toujours ensemble ces temps-ci !

 

 

 

AMOUSSO :

C’est vrai ; il veut m’aider à contacter Madame Dupont pour lui demander si sa promesse de parrainer mes études n’était qu’une simple plaisanterie.

 

DIRECTRICE :

(Très intéressée, elle se redresse dans son siège.)

Tiens ! Tu soutiens donc ces illusionnistes dans cette aventure malgré tout ce que je t’ai dit ? Tu ne veux pas me croire quand je te disais que cette fameuse et fumeuse Madame Dupont t’a déjà oublié ?

 

AMOUSSO :

Oui, Madame. Mais la confiance que je vous fais n’exclut pas le contrôle. Je veux que Madame Dupont me parle elle-même.

 

DIRECTRICE :

(Visiblement énervée)

Mon Dieu ! ça, c’est le comble ! Tu oses mettre mes paroles en doute de façon aussi effrontée ? Tu parles de contrôle. Quel contrôle pouvez-vous faire, tes vieux et toi ? Partout où vous passerez, on vous retournera inévitablement vers moi. L’administration ne se gère pas comme vos champs de manioc. Elle a des noms précis inscrits sur ses dossiers. Gadi et ses acolytes ne peuvent rien contre les pouvoirs établis que je représente.

(Elle fait une pause et continue.)

Pendant que nous y sommes, j’ai oublié de te demander ce que toi-même tu étais allé faire dans la capitale.

 

AMOUSSO :

Je suis allé au Consulat de France.

 

DIRECTRICE :

Tiens ! Toi aussi ? Que voici un enfant émancipé ? Et qu’es-tu allé faire au consulat ?

 

AMOUSSO :

J’y ai rencontré le consul.

 

DIRECTRICE :

Quel consul ?

 

AMOUSSO :

Mais, le consul de France !

 

DIRECTRICE :

(Se tortillant de rire)

Oh, mon pauvre chéri, tu as dû consommer un peu de vin de palme alcoolisé. Aucun consul de France ne peut rencontrer un individu de ton rang. La France n’est pas une république bananière ; c’est une puissance économique et nucléaire.

 

AMOUSSO :

Et pourtant, Madame. Mais j’avoue que c’était un véritable coup de chance.

CUT

(Flashback)

 

29/ BUREAU DU CONSUL DE FRANCE/ INTÉRIEUR-JOUR

 

(Image du consul de France recevant Amousso.)

 

AMOUSSO :

(Paroles OFF)

Les gardes de la guérite ont eu pitié de moi et m’ont introduit auprès du consul, Monsieur Leboeuf qui m’a reçu et m’a écrit sans hésiter l’adresse de Madame DUPONT.

 

(Fin du Flashback et de la voix OFF)

 

30/ BUREAU DE LA DIRECTRICE/ INT-JOUR

 

AMOUSSO :

(Fouillant dans ses poches)

Voyez vous-même l’adresse de Madame Dupont que m’a écrite le consul de sa propre main.  Je m’apprête donc à écrire une lettre à ma marraine.

 

DIRECTRICE :

(Elle arrache le bout de papier des mains de l’enfant et l’examine)

Tiens, tu as raison ! C’est bien l’écriture de Monsieur Leboeuf.

 

 

AMOUSSO :

Remettez-moi l’adresse maintenant. C’est la seule copie que je détiens.

 

DIRECTRICE :

Moi aussi je cherchais cette adresse pour écrire une lettre à ta marraine. Je vais la photocopier et te la retourner demain.

 

AMOUSSO :

Pourquoi la photocopier, Madame ? Elle est très courte, je vais vous la recopier tout de suite à la main !

 

DIRECTRICE :

(Furieuse, elle se lève).

Écoute, gamin, je n’ai pas à discuter avec des énergumènes de ton rang. Retourne vite dans ta classe avant que je m’énerve. Et ne reviens plus jamais dans mon bureau.

 

(Amousso sort du bureau en larmes).

 

31/ CONSULAT DE  FRANCE/ EXT-JOUR

 

(Madame Oléda manifeste son impatience en attendant le Consul de France au portail du consulat. Le consul arrive à bord de sa voiture.)

 

DIRECTRICE :

(Elle fait de grands gestes en direction du consul)

Monsieur le Consul… Monsieur le Consul…

 

GARDE DU CONSULAT :

Madame, que voulez-vous à Monsieur le Consul ? C’est à nous qu’on s’adresse quand on veut le voir.

 

DIRECTRICE :

Je sais. Je suis une habituée des lieux, mais je suis trop pressée aujourd’hui.

 

GARDE DU CONSULAT :

Pressée ou pas, c’est à nous que vous devez vous adresser.

 

 

DIRECTRICE :

Bon, voilà, je veux rencontrer le consul.

 

GARDE DU CONSULAT :

(Prenant le registre des rendez-vous)

Pour quelle heure avez-vous pris rendez-vous ?

 

DIRECTRICE :

Je n’ai pas pris rendez-vous. C’est une urgence, je…

(Le téléphone de la guérite sonne. Le garde décroche)

 

GARDE DU CONSULAT :

Allo !

(Il écoute un instant son interlocuteur au téléphone et raccroche. Il s’adresse ensuite à Madame Oléda)

 

GARDE DU CONSULAT :

Madame, veuillez entrer. Monsieur le Consul vous attend.

 

DIRECTRICE :

(Triomphante)

Voilà !

 

32/ BUREAU DU CONSUL/ INT-JOUR

(Madame Oléda debout et en colère dans le bureau s’adresse au Consul).

 

DIRECTRICE :

J’ai appris, plutôt, j’ai constaté que vous, consul de France, vous permettez à de tierces personnes de s’immiscer dans les affaires d’Etat dont vous avez connaissance de par vos fonctions. Vous leur communiquez des adresses ; vous leur promettez de faire la lumière sur je ne sais quoi, etc… C’est à un incident diplomatique que vous vous exposez, Monsieur le consul, si vous ne retrouvez pas immédiatement votre manteau de diplomate en principe discret et administratif. Mon pays ne saurait tolérer plus longtemps la divulgation de ses secrets au premier gamin venu.

 

CONSUL :

En d’autres termes, Madame, vous venez me menacer dans mon bureau.

 

DIRECTRICE :

Prenez ça comme vous voulez, mais j’attends vos explications.

 

 

 

CONSUL :

Désolé, Madame, mais l’ambiance que vous avez créée n’est pas favorable à un débat sain.

(Le consul appuie sur un bouton. Deux gardes viennent chercher la Directrice et la ramènent au portail.)

 

33/ JARDIN DES DUPONT/ EXT-JOUR

 

(Monsieur et Madame Dupont profitent de l’été dans leur jardin avec quelques amis. Le facteur apporte un courrier recommandé que Monsieur Dupont décharge.)

 

MONSIEUR DUPONT :

Tiens, Laurence, c’est pour toi. Il vient d’Afrique.

 

(Après avoir lu la lettre, Madame  Dupont frôle une crise, ses mains tremblent. Elle est au bord des larmes. Son mari et les invités constatent son état et viennent la soutenir. Elle leur parle avec beaucoup de difficulté et d’émotion.)

 

MADAME DUPONT :

Impensable… Inimaginable… Horrible… Il paraît que mon filleul d’Afrique n’a jamais rien reçu de tout ce que je lui ai envoyé depuis deux ans.

 

MONSIEUR DUPONT :

Mais ce n’est pas possible ! Tu reçois toujours des décharges de sa mère ! L’enfant aussi t’envoie toujours des lettres pour te remercier !

 

 

 

MADAME DUPONT :

Plus que des lettres ! L’enfant m’a déjà appelé par deux fois pour me remercier de vive voix. Chacun de ses appels remplissait mon cœur d’un grand bonheur. Or voilà : tout cela s’effondre maintenant comme un château de cartes.

 

MONSIEUR DUPONT :

Et qui est-ce qui te révèle ça maintenant ?

 

(Madame Dupont remet la lettre à son mari qui en lit le nom de l’expéditeur)

 

MONSIEUR DUPONT :

Le Consul de France ! Alors là, c’est vraiment sérieux. Que s’est-il donc passé depuis deux ans ? Non, je crois rêver.

 

MADAME DUPONT :

(En larmes)

Aujourd’hui, c’est le jour le plus triste de ma vie. J’assiste à un film d’horreur sur ma propre réalité.

 

34/ EGLISE DE NONVIGNON/ INT-JOUR

 

(Amousso entre dans l’église, fait le signe de la croix et s’agenouille pour prier. Le curé Paulin Sagbo qui l’observe de loin attend qu’il finisse sa prière et l’aborde.)

 

CURÉ :

Bonjour mon petit chéri

 

AMOUSSO :

Bonjour Mon père.

 

 

CURÉ :

Tu as mal fait le signe de la croix. Voici comment on le fait…

(Il lui montre comment on le fait).

 

AMOUSSO :

Merci Mon Père. J’ai souvent vu les gens faire le signe de la croix, mais je ne savais pas précisément comment cela se fait.

 

CURÉ :

Tu n’es donc pas inscrit au catéchisme ?

 

AMOUSSO :

Non, jamais. C’est même la première fois que je mets les pieds dans une église.

 

CURÉ :

Il n’est jamais trop tard pour retrouver la voie du salut, mon fils. Comment t’appelles-tu ?

 

AMOUSSO :

Amousso Cocou

 

CURÉ :

Quelle est la préoccupation qui t’amène ce jour à l’église ?  Mais je précise que tu n’es pas obligé de répondre à cette question. Tu as le droit de garder ton secret.

 

AMOUSSO :

Mais non, c’est avec beaucoup de plaisir que je vous réponds au contraire. J’ai appris que c’est dans cet endroit que se trouve Dieu. Alors, je suis venu lui demander de changer le cœur de ma directrice.

 

CURÉ :

Qu’est-ce qu’elle a, ta directrice ?

 

AMOUSSO :

Voilà une personne que je prends pour ma seconde maman et que je respecte beaucoup. Mais tous les adultes qui la côtoient me disent qu’elle perd toute dignité lorsqu’il est question de gérer de l’argent ou tout autre bien commun. Elle souffre d’une maladie du cœur qu’on appelle malhonnêteté.

Alors je suis venu demander au Bon Dieu de lui changer son cœur malade. De combattre la maladie sans combattre la malade. Je ne sais pas si c’est trop demander au seigneur, mais je suis prêt à tous les sacrifices pour qu’elle devienne une maman honnête à l’image des vieux Kpénou et Gadi qui sont des personnes pauvres mais honnêtes.

 Enfin, je ne veux pas voir ma directrice menottes aux poignets, jetée comme un colis dans un véhicule de police. Non, Seigneur je ne veux pas voir ça…

 

(Amousso s’attriste davantage et essuie quelques gouttes de larmes sur ses joues. Le prêtre et l’enfant entendent des bruits de pas. Des gens entrent dans l’église. Ce sont : Gadi, Kpénou et Madame DUPONT. Amousso n’en croit pas ses yeux. Il court vers la femme qui court aussi dans sa direction. Ils se rencontrent au milieu de l’église et s’embrassent avec beaucoup d’émotion et d’incrédulité).

 

 

 

MADAME DUPONT :

Pardon, mon chéri. Toute l’erreur vient de moi. J’ai fait confiance à ta directrice sans aucune précaution. On ne m’y prendra plus.

 

 

 

35/ DOMICILE DE LA DIRECTRICE/ EXT-JOUR

 

(La police débarque. Le chef des policiers montre un mandat d’arrêt à la directrice. Un autre agent exhibe des menottes et fait un pas en direction de madame Oléda).

 

 

 

 

36/ VILLAGE DE NONIGNON/ EXT-JOUR

 

(Madame Dupont se promène dans le village en compagnie Gadi et Kpénou, ainsi que de son filleul Amousso bien habillé de vêtements neufs qu’elle lui a apportés d’Europe. Elle est émerveillée par la nature et la vie au village).

 

MADAME DUPONT :

Tout est beau ici : la chaleur humaine, les arbres, les oiseaux, les montagnes, les vêtements des femmes…

 

GADI :

Justement, voyez-vous le pagne de cette femme là, devant vous ?

 

MADAME DUPONT :

Oui.

 

GADI :

Ce tissu a un nom plutôt drôle.

 

MADAME DUPONT :

Un tissu qui porte un nom ?

 

 

KPENOU :

Tous les tissus de chez nous portent un nom, même quand ils sont importés.

 

MADAME DUPONT :

Ah bon ? Et quel nom porte celui que vous m’indiquez là ?

 

 

GADI :

« L’œil de ma coépouse ».

 

MADAME DUPONT :

(Elle se tortille de rire)

« L’œil de ma coépouse » ! Que c’est drôle en effet !  A propos de coépouse et en toute sincérité, les polygames aiment-ils toutes leurs femmes de la même manière et leur offrent-ils les même cadeaux ?

 

DANSOU

Madame, vous vous adressez indirectement à moi puisque j’ai cinq épouses. Alors je vous réponds. J’aime mes cinq femmes de la même façon. Quant à la question de leur offrir des cadeaux, je n’évolue pas dans la logique de faire des femmes, des personnes toujours en quête de cadeaux. Chaque femme doit être aidée pour voler de ses propres ailes au travers de ses activités commerciales ou champêtres.

(Madame Dupont n’est nullement convaincue par cette théorie, mais elle change de sujet.)

 

MADAME DUPONT :

Vous avez un très beau marché ici ! Il est très animé.

(Elle montre du doigt les agents percepteurs et pose une question).

Pourquoi ces personnes prennent-elles de l’argent chez les dames qui arrivent au marché ?

 

 

 

 

DANSOU :

Ce sont les agents percepteurs de la commune.

 

MADAME DUPONT :

Mais non, ces pauvres dames qui n’ont que de petites marchandises ne devraient pas payer de taxe ! ça fait pitié ça !

 

DANSOU :

Vous avez raison Madame. Mais ce la se fait partout dans le pays. Nous n’y pouvons rien.

 

 

 

 

MADAME DUPONT :

(S’adressant à Amousso).

Mon Trésor, désormais, toutes mes commissions passeront par le curé de la paroisse de Nonvignon.  Et puis, maintenant, tu as toutes mes adresses et mes numéros de téléphone. N’hésite jamais à me contacter.

(S’adressant à tout le monde)

  Bon, il est temps de prendre congé de vous.

 

(Madame Dupont salue ses hôtes et s’engouffre dans sa voiture qui démarre. Adinassé qui était arrivée sur les lieux, ainsi que  Amousso et les deux notables font des gestes d’adieu. Amousso s’adresse à sa mère.)

 

AMOUSSO

Ça Y est, Maman rentrons.

(Ils se mettent en route).

 

ADINASSÉ

Quelle leçon tires-tu de tout ce qui vient de se passer ?

 

AMOUSSO

Leçon ? Hum… Je retiens que nos meilleurs amis peuvent être parmi les personnes les plus différentes de nous, tandis que nos pires ennemis peuvent être les personnes qui nous ressemblent à tout point de vue.

Maman je te promets qu’il n’y aura jamais aucune place à la haine contre personne dans mon cœur. Tu m’as toujours dit que tous les êtres humains sont des frères. Notre aventure me renforce dans cette idée. Je ne changerai pas.

 

(Une voiture venant de derrière Klaxonne fort par deux fois, visiblement pour effrayer les deux piétons, Amousso et sa mère. Ils quittent précipitamment la voie et observe la personne qui était au volant. Il s’agissait de la Directrice Oléda Rafata qui passa lentement et avec un grand bruit de musique dans sa voiture.)

 

ADINASSÉ

Ta directrice !

 

AMOUSSO

Oui…Je le constate comme toi. Celle qui a été arrêtée tambour battant hier ! Ils l’ont déjà libérée ?

 

ADINASSÉ

Mon Trésor, cesse de rêver. Occupes-toi de tes affaires quotidiennes et laisse la justice à Dieu.

 

 

 Vingt-deux ans plus tard.

 

ECOLE DE NONVIGNON/ EXT-JOUR

 

(Dans la cour de l’école de Nonvignon les autorités pédagogiques et les parents d’élèves  accueillent le nouveau Ministre de l’éducation Nationale, Monsieur Amousso cocou. Le Directeur de l’école termine un discours.)

 

DIRECTEUR

…Au nom du personnel enseignant et des parents d’élèves, je vous garantis que les dix millions de francs que vous venez de nous offrir seront utilisés à bon escient.

Vive L’éducation nationale, Vive le Ministre Amousso cocou.

 

(Applaudissements. Le directeur s’en va vers le Ministre et lui remet une copie de son discours. Les deux hommes échangent quelques mots.)

 

AMOUSSO

Merci et félicitations Monsieur le Directeur. Comment vous vous appelez ?

 

DIRECTEUR

Ah, je m’en doutais. Vous ne m’avez pas reconnu, Monsieur le Ministre. Je suis Mathieu Oléda, le fils de votre ancienne directrice Oléda Rafata.

 

Flashback

(Amousso se remémore brièvement l’image de la Directrice et de son enfant dans la cour de l’école)

Fin du flashback

 

AMOUSSO

Ah…

 

DIRECTEUR

J’en profite pour vous présenter le président de l’Association des Parents d’Elèves, Koffi Gadi, qui a succédé à son père il y a quatre ans.

 

AMOUSSO

Comment se passe la collaboration entre vous ?

 

DIRECTEUR

Nous nous efforçons d’être de dignes représentants de la nouvelle génération. Les fonds mis à notre disposition se gèrent de commun accord et dans la transparence absolue.

 

AMOUSSO

Monsieur Gadi, qu’en dites-vous ?

 

 

 

KOFFI GADI

Je confirme tout ce qu’a dit le directeur. Et pour preuve, venez voir le nouvel état de notre école.

(Le groupe visite l’école complètement modernisée, avec de belles salles de classe, des mobiliers neufs et même le téléphone, de l’électricité et de l’eau potable et une infirmerie dans l’établissement. Le Ministre Amousso en est ravi et ne s’en cache pas).

 

AMOUSSO

J’exprime Toute ma satisfaction face à tout ce que je viens de voir. Je connais les maigres moyens mis à votre disposition et qui ont été si utilement exploités. Vous méritez que l’on continue de vous soutenir. Comptez sur moi pour qu’il en soit ainsi.

(Applaudissements. Le Ministre et ses gardes du corps rentrent dans leur voiture et font des gestes d’au revoir. Ils s’en vont).

 

                                           FIN


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