Olivier DELFORGE, Atelier de Théâtre - 2ème année, Professeur Jacques Monseu


La machine à bois

Comedie musicale



Depuis les mythes de Sumer et Babylone - Essai naturellement drôle d'une tragédie contemporaine.

 

à lire...

 

            La religion ne consiste pas à reconnaître de petits fragments de miracles (miracula signifie littéralement « petites merveilles »), tel que tout fondateur essaye toujours de refuser d'en abreuver ses disciples, lesquels en redemandent sans cesse ; la religion consiste à reconnaître de vastes ensembles organisés dotés de caractéristiques mentales immanentes. J'avance que les Grecs étaient tout près de la religion par leurs concepts d'anangké, némésis ou hubris, et s'en éloignaient quand leurs oracles prétendaient à une autorité surnaturelle, ou quand leurs mythologues brodaient sur les histoires qui mettaient en scène les divers dieux du Panthéon. Pouvons nous, pour notre part, reconnaître parmi les découvertes scientifiques assez de principes fondamentaux des religions traditionnelles pour fonder quelque rapprochement ? Dans la démarche qui m'a conduit à ma position actuelle, j'ai combiné plusieurs approches différentes -logique, épistémologique, traditionnelle-, passant de l'une à l'autre selon les occasions que m'ont fournies les diverses circonstances de ma vie, et selon ce que suggérait la forme que prenait ma recherche à un moment donné. L'investigation que je tente concerne les régularités communicationelles de la biosphère, et mon hypothèse est que, par ce biais, elle touchera aussi des régularités tissant un système si universel et déterminant que nous pouvons lui donner le nom de « dieu ». Les régularités que nous découvrons (y compris les règles et nécessités de la communication et de la logique) forment une unité qui est notre demeure : on peut se les  représenter comme un dieu que nous pourrions appeler Eco. Voici une parabole. Quand le dieu écologique baisse les yeux et voit l'espèce humaine pécher contre son écologie (en s'adonnant à la gloutonnerie, en procédant dans un ordre qui n'est pas le bon, ou en voulant emprunter des raccourcis ), il pousse un soupir et, involontairement, lâche de la pollution ou des retombées radioactives. Il ne sert à rien de lui dire que l'offense n'était pas grande, que d'ailleurs vous êtes désolé et vous ne le ferai plus; inutile aussi de faire un sacrifice ou un pot-de-vin : le Dieu écologique est incorruptible, on ne se moque pas de lui.

 

La peur des anges
La couleur des idées aux éditions Seuil

 

Gregory Bateson, anthropologue.
Mary-Catherine Bateson.

 

 

Le conteur : Que celui qui n'a jamais croqué lance la première... tomate!

 

 

Les personnages :

 

 

 

 

Conteur: homme ou  femme

Adapa: ministre du dieu Ea, frère de Dumuzi, époux de Nin

Dumuzi : berger, frère d'Adapa, futur dieu du printemps   

Nin: déesse de la santé et de la guérison

An : dieu du ciel, père d'Innana et d'Ereshkigal

Innana : déesse de l'amour et de la guerre

Gilgamesh : roi d'Ourouk

Enkidou : double sauvage de Gilgamesh

Ereshkigal : déesse de la mort

Nergal : dieu de la mort

Mardouk : dieu champion et souverain universel

La fille : une jeune femme

 

 

Les lieux :

 

Eridou, cité primordiale; le ciel, demeure du dieu An ; la forêt des cèdres; Ourouk, la ville en devenir ; les enfers, demeure d'Ereshkigal...

 

Fi de la vie fi :

La vie c’est comme

Une petite fille qui sourit

Qui cache derrière sa parure de lèvres

Les caprices d’un profond mystère

 

 

Sable mouillé par la sueur du temps

Dans les déserts érige le monde

A la hauteur du cœur

D’un enfant couché

 

La vie c’est comme

Une petite fée qui rougit

A qui on emprunte les ailes

Pour l’emmener danser dans le ciel

    

Le ciel se peindra dans ses yeux

Pas peu fier

De savoir la beauté gravée

Dans les lignes de ses mains ouvertes

 

                                   La vie c’est comme

Une petite fille qui crie

Que l’on ne l’a pas remarquée

A l’altitude grise aux raisons talées

 

Grandie de revivre sans cesse

Sa violence elle avance

Pas mal adroite pied devant pied

Babil sur babil elle avance

 

 

 

 

Conteur : Dans un désert, ô combien fertile, siège la ville d’Eridou, vieille cité mythique d’un temps passé, un idéal de civilisation, d’ordre sans doute et de prospérité.  Deux frères humains se la partagent. Ils ont établit la demeure familiale auprès d'un ruisseau, écoulant le temps, accompagnant la vie qui pousse à son rythme, lentement. L’eau fraîche et pure coule depuis des neiges éternelles jusque devant leur propre fenêtre, elle bondit d’un reflet d’argent, comme pour dire bonjour, quand elle finit par s’engouffrer, dans les mils et uns canaux qui irriguent les berges innombrables de l'oasis. Une famille de meuniers ; le premier s’appelle Dumuzi, berger par opposition à ses pères, et le second, Adapa, perpétue la tradition du grain. Aujourd'hui, dans la maison familiale d'Eridou, ce réveil s’annonçait presque comme tous les autres réveils…

 

 

 

 

Conteur : Dumuzi et Adapa sont les garants de cette cité des cimes et des sables. Ea est le dieu qui a érigé la ville d’Eridou et les fondements de la civilisation. Le dieu des dieux et des hommes, Ea, vous ne le verrez pas ici. Ainsi Adapa, le plus fidèle messager d’Ea, est aussi appelé Apkallu ou ministre, il est garant auprès des dieux de la petite clé de la ville.

 

Dumuzi : Laisses-nous maintenant, nous devons parler mon frère et moi. (Dumuzi écarte la fille, elle sort)

 

Adapa : Tu attends quoi Dumuzi ? Tu veux rendre jaloux ce pays  sans même l'honorer ?  

 

Dumuzi : Je ne pars pas à la pêche, nous fêtons ton mariage aujourd'hui, parlons d'autres présages s'il te plait, ma débauche ne regarde personne personne. Tu le sais.

 

Conteur : Dumuzi est lui-même moins attaché aux préceptes. Il s’enivre la nuit et dort le jour dans les montagnes. En réalité, il est illettré et complexé de ne pas paraître aussi brillant que son frère quand il entame un discours devant ses propres conseillers, car il est fortement bègue quand il est dépassé. Voici un piètre ministre d’Eridou et un très mauvais berger malgré son amour tendre pour ses brebis. La veille, au recensement, Dumuzi avait encore égaré deux de ses pauvres bêtes.

 

Adapa :  Dumuzi, il me semble que tu as peur.  (La fille entre de nouveau et s’approche discrète pour écouter)

 

Dumuzi : (Se dirigeant vers Adapa) Tu dis peur, ça fait peur.  De, de, de qui aurais-je peur, Adapa ? ( Adapa lui montre la fille, Dumuzi se retourne et se fâche) Je, je, je, je t'ai dit de t'en aller ! ( La  fille sort. )

 

Adapa : (Nin entre)  Connais-tu la loi de l'appât ? Appât, appât, appât...

 

Dumuzi : Tu ne vas pas m'apprendre à pêcher maintenant!

 

Adapa : L'humilité du pauvre n'est pas celle du vieillard.

 

Nin : Petit poisson accroché sans hameçon, tu es l'appât des générations futures... L'as-tu oublié ?

 

Dumuzi : Le, le, le, le destin ne m’a pas favorisé, il n’a formé aucun rêve en moi. Le fond de, de, de, de mon âme est un abîme. Alors, je bois pour le remplir.

 

Adapa : Tu ne nourrira aucun poisson avec tes idées. Je te le dis, un homme sans rêves, comme un ciel sans étoiles, cela n'existe pas ! Sauf au fond d'un trou.

 

Dumuzi : Tu es un sage Adapa. Berger… Je suis sauvage oui, un animal ! Je dois partir à Ourouk ? Innana lance sa campagne, j'entends déjà son chant, tu crois que je ferai partie des élus pour bâtir ?

 

Adapa : Ils sont dénombrés et je crois que tu en feras partie. Rêve encore puisque ton rêve te rend réel .

 

Dumuzi : Nous serons ennemis mon frère ?

 

Adapa : Un homme sans destin, est-ce que c'est un homme ? Va apprendre à lire.

 

Dumuzi : Quel est le mot qui espère au delà des fatalités ?

 

Nin : Ils l'appelleront providence...

 

Adapa : L'avenir est dans tes yeux, tu nous guériras tous.

 

Dumuzi : Cette nuit j'ai rêvé c'est vrai... Je calculais sur une tablette en terre. Ourouk m’appelle, j'en suis certain maintenant. J'apprendrai même à compter.

 

Adapa :  L'or brille, en soi, on n'y peut rien.      

 

Nin : Laisse-le Adapa, personne ne peux l'en empêcher.

 

Dumuzi :  L'appât ne mord pas  il se laisse manger, c'est bien cela ?

 

Nin : Il s'offre aux hommes qui ont faim ensuite aux poissons. Si il s'échappe qu'il vive.

 

Dumuzi : Appât pour appât, je me présenterai comme un appât !

 

Adapa et Dumuzi :  Pour l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Et par l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Et par l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Et par l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain, l'appât.

 

Adapa : Si il s'échappe, qu'il vive.

 

Nin : Ni canne, ni hameçon ne sont nécessaire, seul l'appât...

 

Adapa : Voyons comment tu marches aventurier…

 

Nin: Tout le monde marche pas à pas. Un pas puis un pas, et voilà deux pas...

 

Dumuzi :  Je te laisse mes brebis et la houlette, ta permission se laisse boire. Prends bien soin de mon troupeau. Je te le confie.

 

Adapa : Tu ne restes pas pour les noces ?

 

Nin : Nous exigeons de tes nouvelles ! N'oublie pas nos sentiments.

 

Dumuzi : Je vous enverrai des mes, des mes, des messages ! (Dumuzi sort)

 

Adapa : Le sentiment nous poussent à avancer.

 

Nin : Seulement sur un point.

 

Adapa : Il est parti. Un  point c'est tout.

 

 

Conteur : Voilà de quelle manière le plus jeune abandonne le plus vieux. Le banquet et la célébration ont majestueusement lieu pour les noces d'Adapa et de Nin. Vous avez remarqué les noms étranges de ses êtres mythiques, ne vous y perdez pas, il sont comme vous et moi, des prétextes à la vie. Hommes et dieux s'amusent ensemble, les conseils et les calomnies s’échangent avec panache. On y mange viandes et poissons, fruits et légumes... La soif n'existe plus mais les  amphores vides se multiplient. On dirait que l’univers entier est à la fête comme il l'a toujours été évidemment. Nin et Adapa sont les plus beaux amants du jour. Rires gras et stridents, musique, empoignades d’ivresses ou de mise en garde: de quoi oublier l’absence d’un frère…

 

( Lieu: Eridou. ) Gloutomania :

 

Le vin est chambré

Candélabres allumés

L’eau fraîche va couler

Les viandes vont griller

 

La nature nous confie

Légumes et fruits d’esprits

Sages fous débridés malins

Même festin

 

A table amis et à table ennemis

Croisons verres et couverts

Dans un seul appétit

Gloutons, avares, bandits, bourreaux,

Esclaves, traîtres et maîtres

Prophètes et profiteurs, mangez.

 

Toi l’homme sans fusil

Toi masqué cagoulé

Toi marchandant les cris

Ablutions avancées

 

Toi l’humain colorié

Toi le fleuve asséché

Toi chaman ou sorcier

Viens donc t’amuser

 

La terre est dressée la cuisine dégustée

Le service est dansant appelle à la fête

Ce soir brisons cadences

Ce soir brisons les cercles

Ce soir nouvelle cadence

Ce soir un nouveau cercle

 

 

 

 

 

Toi libre oiseau

Toi espèce disparue

Toi lion dans un zoo

Mais qui l’aurait cru 

 

Toi qui porte sa peau

Toi étoile raccourcie

Toi sauveuse d'animaux

Maquillez les mépris

 

A table amis et à table ennemis

Croisons verres et couverts

Dans un seul appétit

Gloutons, avares, bandits, bourreaux,

Esclaves, traîtres et maîtres

Prophètes et profiteurs, mangez.

 

Toi la balle bien visée

Toi l’hématome boursouflé

Toi fillette abusée

Danse pour soigner

 

Dis moi ta conception

Ta première pensée

Ton souvenir, ton devenir

La cause de ton zèle

 

La terre est dressée la cuisine dégustée

Le service est dansant appelle à la fête

Ce soir brisons cadences

Ce soir brisons les cercles

Ce soir nouvelle cadence

Ce soir un nouveau cercle

 

 

(Entre ciel et terre)

 

Conteur : Au retour du conseil des destins, où les dieux déterminent l’avenir des peuples et des nations voici que An, le dieu du ciel, se confie à son sang Innana, déesse de l’amour.  Son père a pourtant prévu pour elle l’avenir d’une souveraine de cité, celle d'Ourouk, au coté du roi humain Gilgamesh.  Mais malgré son éclat divin, Innana veut vaincre par jalousie sa sœur Ereshkigal, déesse des enfers. Elle a alors désiré à tort de combattre, afin de lui soustraire son pouvoir infernal.  Innana échappa des enfers mais son cadavre fut réanimé car il ne pendait plus qu’à un clou. Femme et déesse en cavale, superbe ou  revendicative, certains disent qu’elle est éternellement vierge. An voit apparaître dans les étoiles un présage nouveau, il s'adresse à sa fille depuis son royaume du ciel. Ourouk doit renaître très bientôt.

 

 

 

 

An : Comment est-ce possible que tous les dieux perdent les pédales à ce point !

 

Innana : Père, tu ne t'es pas amusé au conseil des destins ?

 

An : Un banquet d’ivrognes ! Les jeunes dieux deviennent de piètres ravisseurs d’éclats.

 

Innana : Pas en ce qui me concerne, regardes-moi bien.

 

An : Tu soignes à merveille ton allure Innana, ton éclat brille de ravissement ! J'en suis ravis.

 

Innana : Merci dieu An, moi j'en suis éclatante.

 

An : Une rumeur court parmi les hommes. Celle-ci m'inquiète et devrait avertir les dieux...

 

Inanna : Les humains ont l'imagination féconde. Les pauvres manquent d'estime en eux.

 

An :  Je crois qu'ils commencent à écouter ailleurs...

 

Inanna : Quoi ? De quoi parles-tu ? Quoi inspire quoi...

 

An :  Ma fille, ici est la question des hommes. Un battement frappe à la porte... Quelqu'un ? 

 

Inanna :  La folie des hauteurs t'as donné la grippe... Tu es malade... 

 

An :  Tu aimes t'embraser alors que Ereshkigal reste toujours froide.  

 

Innana : Bois un peu d'eau. Vaccines-toi... Tes idées me givrent les os.

 

An : A toi il vaut mieux ne pas tout dire.

 

Innana : Restes dieu An ! La mort m'intrigue beaucoup. Donnes-moi son pouvoir s'il te plait.

 

An : Non !  Paye ta dette envers ta sœur !

 

Inanna : Ereshkigal m’a trahie et humiliée. Cette déesse ne mérite pas sa force infernal.

 

An : Voilà toute ta gratitude ? Elle a pourtant accepté ta fuite de son enfer.

 

Inanna : Sous caution seulement ! Maintenant je lui dois une vie divine... Père, crée  pour moi un nouveau dieu qui puisse la vaincre.

 

An: Non, je t'enverrai un homme.

 

Innana : Un homme ne me servira à rien... Sauf à gagner mon argent parmi mes servantes.

 

An : Un homme capable de revenir du royaume des morts.

 

Innana : Je ne suis plus une enfant, on ne me raconte pas d'histoires idiotes.

 

An : Tu le déifieras avant même que je te le demande.

 

Innana : Cette anecdote est aussi improbable que le déluge!

 

An : Tu parles comme si les déluges n'existaient pas, ta parole prouve ta faiblesse.

 

Inanna : Inanna est aussi une déesse ! Je les exauce tous dans leurs désirs.

 

An : Tu te dénudes pour eux et tu danses,  la grâce qui émane de toi, d'où vient-elle ?

 

Innana : De moi bien sûr et de ma beauté... De toi ?  Alors, donnes-moi un nom afin que je puisse l’évoquer, son odeur préférée pour que je m'en parfume et qu'elle monte jusqu'à lui…

 

An : Inaltérable n'a pas de nom ! Aucun de tes bijoux ne séduira sa cause.

 

Inanna : Qui qu’il soit, il ne peut pas ignorer la grande Innana.

 

An : Je t'offre une ville alors qui t'ignore ? Où est le grand mystère ?

 

Inanna : L’amour et la guerre. Les piliers des empires que je porte en mon nom..

 

An : Sombre pacotille ! Un mystère c'est la continuité. Un enfant naîtra. Nous devons disparaître  avec Mardouk et son histoire mais la fin d'un temps n'annonce pas la rupture.

 

Innana : Je ne veux pas d'enfant.

 

An : Ce n'est pas le tien, tu joues à l'arbuste. Tu dois rencontrer l'homme dont je t'ai parlé.

 

Inanna : J’avais prévu pour cette saison une alliance plus favorable !

 

An : Oublies Gilgamesh. Ceci est déjà prédit. Je vais envoyer la chute d’un astre du ciel. Sur le lieu de l'impact le berger en question rassemblera ton peuple.

 

Innana : Continue à protéger mes hommes, je ferai en sorte qu’ils te glorifient...

 

An :  Non ! Souviens toi de ce nom : Dumuzi, le berger dont la venue est annoncée.

 

Innana : Comme si un simple mortel allait me rendre heureuse.

 

An : Innana ? 

 

Innana : Quoi encore ?

 

An :  Toute île écoute son continent. Je t'attends au tournant.

 

Innana : Rien qu'à t'entendre, tu es déjà déçu.

 

An : Déclarer une lutte contre la déesse de la guerre, cela ressemble toujours à une guerre...

 

 

 

Soft-wood

 

Ils parlent à de la poussière

Est ce que les autres vous l’ont dit

Nos yeux regarderont la terre

Puisque tous voient la mélodie

 

Tout est parfait même en hivers

Le sol roulera sous mes pieds

Les clés font plus le propriétaire

Tant que je les ai je peux hurler

 

Je pourrais bien tomber malade

Où même imiter des nausées

Tout m’invite à la rigolade

Sans mettre à mort ma gratuité

 

Tout commence pour se terminer

Quelqu’un n’a pas payé d’entrée

Pour voir la foule et l’unité

Oublie le prix de ton accès

 

C’est déjà le grand libre essai

Qui veut se marier dans l’instant

Pour les soldes prend ton ticket

L’unique numéro qui t’attend

 

L’article en vogue c’est la paix

Aucun magasin n’a les droits

Est garanti le doute du vrai

La vie se promène dans les bois

 

(Lieu: Forêt des cèdres)

 

La fille : (Au conteur) Monsieur, excusez-moi, je voyage seule, je veux me rassurer... Elle se trouve  bien au bout du ruisseau la ville d'Ourouk, on me l'a dit ?

 

Enkidou : (Enkidou tire le cadavre d'un géant jusque sur la scène) Hoo, hisse ! Hoo, hisse !

 

La fille :  Et alors ? Monsieur ? Il ne parle pas ?

 

Enkidou : Où tu vas il n'y a des statues. Ourouk est une cité de pierre.

 

La fille  : Pourquoi cet homme ne répond pas ?

 

Enkidou : Parce qu'il veut ressembler à une des divinités taillées dans la roche. Fixe pour l'éternité.

 

La fille  : Vous avez vu ? Il a bougé. Ce n'est pas une statue.

 

Enkidou : Voilà, il ne peut pas s'empêcher de respirer .

 

Conteur : Dans une partie de chasse au géant, le despote cruel et sans pitié patiente pour le renouveau de sa ville, Ourouk...

 

La fille : Il parle. Puisque vous savez tout monsieur, vous allez me dire où s'est battit cette fameuse cité ?  

 

Conteur : Tais-toi, nous entrons dans l'histoire ! 

 

La fille : Vous vous y fixez. D'accord ! Je trouverai bien toute seule.

 

Le conteur :  Dans une forêt aux bois de cèdres, un roi clamé Gilgamesh, est en train d’écrire sa propre légende. Il court après des lettres de noblesses. Gilgamesh est le souverain d'Ourouk un tiers humain, deux tiers divin.

 

Enkidou : Prends-garde de ne pas croiser son fer car il t'anéantirait comme on avale une bouchée de pain. Tu sors de la forêt dans cette direction, et  comme tu m'as dis, au bout du ruisseau, tu verras Ourouk. D'ordinaire je mange les enfants mais pour toi, je peux faire une exception.

 

La fille : Si je comprends bien, j'avais pas besoin de vous, bête à poil... ( Elle sort direction cours)

 

Enkidou : Bête à poil, bête à poil... (Il crache sur le géant et s'assied dessus) Créature du néant je pue le monstre décomposé, c'est plus réel qu'une statue.

 

Le conteur : Ce roi du désert s’est attiré les foudres des dieux par son arrogance. Gilgamesh a été dédoublé. Il se présente aujourd'hui à la rencontre de son alter-ego, Enkidou, l’homme velu, son double sauvage.

 

Enkidou : Moi... J'ai effondré de sa haute stupidité un géant ! Sentez donc mon odeur, il est tombé comme une mouche. Ce maître de la forêt va mourir une seconde fois si il ne m'avoue pas qu'il m'a volé ?!  Ou est ma clé géant ? Dis-moi où elle est, la clé de la ville ! (Il fouille le cadavre )

 

Gilgamesh :  (Gilgamesh entre) Quel honneur d’avoir partagé ce combat avec un être aussi particulier que toi, mon moi. Cet exploit te vaut un banquet d'ivresse si tu l'acceptes. Viens  vers moi.

 

Le conteur : Voici Gilgamesh le fameux roi d'Ourouk, double d'Enkidou. (Le conteur sort)

 

Enkidou : Tu n'y es pour rien ! Le géant s'est écroulé par ma seule volonté.

 

Gilgamesh : Ce que tu fais, je le fais aussi. Ton nom ?

 

Enkidou : Tu le connais, maître des grottes et des terrains incultes. Comme un diable lâché sur la terre, je compte bien retrouver cette clé pour m’asseoir sur ce royaume. Et vous, quel genre d’escroc êtes-vous ?

 

Gilgamesh : J'admire le travail des dieux en créant mon alter-sauvage, poils nobles, pédigrée d'exception, celui d'un souverain. Manque la fraicheur de quelque parfum. Pourtant, les dieux n’ont pas pu lui enlever ses principales qualités.

 

Enkidou : (Enkidou sort de la poche du géant, une moitié de clé, celle que l’on tient entre le pouce et l’index.) Je tiens la moitié de la clé, l'autre est perdue, ô malheur...

 

Gilgamesh : Que dis tu de nous Enkidou ?

 

Enkidou : De fameux tyrans ?

 

Gilgamesh : Oui, et voluptueux.

 

Enkidou : Non seulement avide...

 

Gilgamesh :  Mais intrépide aussi.

 

Enkidou : Et bestial…

 

Gilgamesh : Là est la différence Enkidou. Tu restes au désert. Tu erres. Il te manque l'élégance, la classe. Ta force apparait plus efficace que la mienne mais elle n'est pas digne d'influence. Si tu pensais à nourrir ton esprit, tu comprendrais qu'il ne suffit pas de muscles pour contrôler.

 

Enkidou : Le contrôle est l'illusion des faibles. Le dégout que j'inspire attire sur moi toutes les faveurs. Pourquoi suivre l'intelligence quand elle ne possède rien ? Qu'est-ce que tu as pour moi ?

 

Gilgamesh : Ce qu'il te manque, la canne et l'hameçon. (Gilgamesh lui montre sa moitié de clé dentée.)

 

Enkidou : Puisque tu as la clé dentée Gilgamesh, je te suivrai.

 

Gilgamesh : Le conseil des destins annonce notre gloire. Tous les Apkallus que j’y ai rencontré sont unanimes.

 

Enkidou : Apkallus, Apkallus ?

 

Gilgamesh: Les étoiles parlent déjà de nous. Écoute (...) Elles tomberont toutes dans notre poche !

 

Enkidou : Oh, je vois. Rien d'autre que des étoiles ?

 

Gilgamesh : Oui, il t'en faut plus. Ourouk possèdera aussi le plus varié des marchés d’esclaves, muettes, infertiles, charnues, grasses, menues, hommes castrés, sourds et costauds enchainés...

 

Enkidou : De la viande, ah ! Partout, de la chair à vendre au prix du dédain.

 

Méchancité :

 

Il est venu le temps

Du maître de la violence

Ces anges annoncent le vent

Rendez grâce à la chance

Il balaie les étoiles

Déchire l’immanence

Laissez tomber le voile

Méchant c’est l’espérance

 

Que vallent des dieux qui taillent

Une brèche dans vôtre cœur

Voulez vous donc que j’aille

Venger votre douleur

Y a-t-il plus grand non-sens

Que vénérer l’absence

M’as-tu vu comme je pense

Rentre dans la danse

 

Je vous confie mes pleurs

Le monde tourne mal

Les injustices demeurent

J’en ai pris le teint pâle

Venez à moi mes sœurs

Mes frères buvant au mal

Il est bon d’avoir peur

Quand la ville est si sale

 

Elle nous invite la bête

Qui d’autre peut délivrer

Nos tristes jours de fête

Sont l’hiver en été

L’ennui déjà nous guette

Que pourra-t-on aimer

Éviter qu’on s’embête

Devoir parlementer

 

 

Enkidou : (Il sautent tous les deux sur le géant)J'ai tué le géant dans la forêt. C'est moi maintenant, le plus méchant.

 

Gilgamesh : Non, personne ne peux être plus méchant que moi ! (Ils se battent ensemble)

 

Enkidou : Si, moi je peux.

 

Gilgamesh : Non, tu ne peux pas !

 

Dumuzi : (Dumuzi entre) Vous voulez un arbitre ?

 

Gilgamesh : Inutile, j'ai gagné. Ce ne sont que de simples règlements de comptes.

 

Dumuzi : A bon ? Quels comptes sont à régler ?

 

Enkidou : Oui Gilgamesh, quels comptes sont à régler ?

 

Dumuzi : Je déclare les gagnants de cette lutte égaux en force. Vous pouvez vous saluez.

 

Gilgamesh : Nous voilà semblable en force Enkidou. Tu es beau quand tu sues !

 

Enkidou : Non Gilgamesh, le plus splendide c'est toi, quand tu dis que je suis beau.

 

Dumuzi : Quels comptes sont à régler alors ?

 

Gilgamesh : Les comptes en banques. Ce sont des contes ou des histoires qu'ont raconte avec les chiffres...

 

Dumuzi : Quel genre de comptes manipulez vous ?

 

Gilgamesh : Mais monsieur, raconter des histoires n'est pas une manipulation, que ce soit avec des chiffres ou des mots, voilà un art plus qu'une arnaque. L'art de voir tomber les mots ou les numéros. Sympa, non ?

 

Dumuzi : Oui, mais dans le bon ordre.

 

Gilgamesh : Si vous aimez jouer à la loterie alors je vous confie que je préfère l'art des chefs à l'art des gens, à savoir si le chef de l'art est l'argent ? Ça...

 

Enkidou : Si je vous ennuie dites-le...

 

Gilgamesh : Mon petit, tu te sens abandonné. Viens ici que je te cajole.

 

Enkidou : Tiens-toi loin de moi... Ça ira.

 

Dumuzi : Dites-moi. Au bout du ruisseau, il y a la ville ?

 

Gilgamesh : Absolument, suivez le cours de l'eau dans cette direction. Et vous y arriverai...(Direction jardin)

 

Dumuzi : Mais je viens de là... Vous en êtes certain ? (Dumuzi sort)

 

Gilgamesh : Affirmatif.

 

Enkidou : Tu l'égares.

 

Gilgamesh : Chut ! Tu es au courant de tout ce qu’il faut savoir, mentir. Notre petite clé d’Ourouk n’est pas ressoudée. Sois capable de détourner le propos ou d'affirmer son entièreté  sinon, je te rejette au désert !

 

Enkidou : Le désert est un enfer. Sècheresse. La soif jusqu'au bout des ongles.

 

Gilgamesh: Tu te rebelles ?

 

Enkidou : Non, j'ai soif. Donnes-moi à boire. (Ils sautent ensemble sur le cadavre du géant)

 

Gilgamesh : Penches-toi sur le ruisseau. L'eau y est fraiche.

 

Enkidou : Mon image s'y reflète. Ma beauté n'a nulle égal. Oh oui...

 

Gilgamesh:  Nous ferons du désert un paradis fertile Enkidou. Afin de côtoyer les dieux pour qu'ils se présentent devant notre trône en statues mises à genoux…

 

Enkidou : Gloups ! (Gilgamesh l'empêche de se noyer) Gloups ! Du parfum, des femmes et des enfants à manger...

 

Gilgamesh : Oui. La divinité est en nous, Enkidou.

 

Enkidou : A bon, nous sommes des dieux maintenant ?

 

Gilgamesh : A deux tiers divin mais qu'importe le tiers manquant... 

 

Enkidou : Pour être éclatant, il faut d'abord arriver à s'éclater !

 

Gilgamesh : Nous avons la clé de la ville, cette pierre brisée, nous lui survivrons, comme à notre propre peuple ! Trouvons la grande clé Enkidou, celle de la vie éternelle et du pouvoir sans fin ainsi nous serons statufiés vivants. Viens, suis-moi dans ma quête, et même Mardouk ne pourra plus nous faire plier.

 

Enkidou : Mais Mardouk est encore un enfant.

 

Gilgamesh : Un enfant gavé et méchant.

 

Enkidou : Je suis encore plus méchant !

 

Gilgamesh : Je sais. Rencontrons ensemble le sage rescapé du déluge... Nous le forcerons à nous enseigner son mystère de la grande clé. Cet homme qui vit depuis la nuit des temps connait le nom de la fleur qui nous procurera la prospérité infinie.

 

Enkidou : Présente-moi d'abord à ta déesse. J'ai très faim.

 

( Lieu: Ourouk. Un astre tombe sur la ville.)

 

Conteur : L’astre est tombé sur la ville d'Ourouk. L'idée du dieu An se réalise pas à pas. Dumuzi est venu d'Eridou possédé par une fièvre verbale, il s'adresse pour la première fois à un peuple malgré sa mauvaise prise de parole.

 

Dumuzi : Ne, ne, ne, vous détruisez pas. L'im, l'im, l'impact sert de révélation.

 

Nergal : Qui il est pour parler à la place du roi ? Surveillez son identité...

 

Nin : Tu veux dire que son audace manque de pudeur, Nergal !

 

Nergal : Silence déesse, je suis ici incognito, je prépare un coup d'état. Et toi ?

 

Nin : Je m'occupe de ton salut Nergal. Ne poses pas ton pain à l'envers.

 

Nergal : Nin tu es toujours aussi drôle ! Tu sais comme moi que le salut est un mensonge utile pour nous. Les hommes restent endormis et mordent à l'appât pour nourrir l'appétit des dieux.

 

Nin : Ta ligne va casser, tu ne pêcheras plus. Saches que ni Adapa ni moi ne mangeons jamais, nous nourrissons. Salut à toi Nergal.

 

Nergal : Déesse Nin , je te souhaites une honorable damnation.

 

Gilgamesh : Sois sincère homme, dis-nous tout, j’aimerais entendre la parole de l'astre.

 

Dumuzi : Que je ne parle pas à sa place mais bien de la nôtre ! Ne vous détruisez pas, voilà le message. Fou !

 

Gilgamesh  : Ton roi t’oblige à te taire et te renvoie ton compliment de folie...

 

Enkidou : J'engloutis toute rebellion...

 

Gilgamesh : Pas maintenant Enkidou.

 

Enkidou : Dommage, j'ai l'estomac qui crie.

 

Nergal : Uniquement vous pour nous bon roi. Nous sommes là pour bâtir.

 

Nin : Uniquement nous pour vous majesté, nous sommes là pour satisfaire vos plaisirs.

 

Gilgamesh : Il sont innombrables, j'attends une dévotion sans faille. Bien. Enkidou ?

 

Enkidou : Oui ?

 

Gilgamesh : Voici l'homme que nous avions égaré ? Il s’adresse à mes gens en mon absence, pourquoi ?

 

Enkidou : Donnes-lui une correction !  Je peux le dévorer.

 

Inanna : (Innana entre) Cet homme se nomme Dumuzi. Il est mon serviteur.

 

Gilgamesh : Déesse, je salue votre arrivée à Ourouk. Comment connaissez-vous son nom ?

 

Innana : Mon père voit dans l'avenir et j'ai vu mon père. Il est berger venu d'Eridou. Dumuzi a évité l’émeute de ton peuple après la chute de l'astre. Il vous a rendu service.

 

Dumuzi : I, i, i, i, Innana, je suis là pour apprendre, quel honneur de, de, de, de...

 

Nin : Bègue ! On interrompt pas la déesse quand elle parle !

 

Dumuzi : Nin, mais que fais-tu ici, tu devrais être à Eridou ?

 

Nin : Chut... C'est un secret.

 

Innana : Ne vous moquez pas de son infirmité, je m'engage à protéger cet homme. Les étoiles disent que Dumuzi sera d'un grand secours. Que veux-tu apprendre berger ?

 

Dumuzi : L'a, b, c.

 

Enkidou : Inutile connaissance. Tu perds du temps avec un analphabète.

 

Innana : Tu ne sais ni lire ni écrire Enkidou.

 

Enkidou : Il y a d'autres savoirs qui méritent plus d'ardeur.

 

Nin : Comme savoir vivre avec ardeur !

 

Gilgamesh : Si tu chausses la déesse, elle te blessera le pied Enkidou.

 

Inanna :  On ne me compare pas à une chaussure Gilgamesh.

 

Nin : Vous connaissez les sentiments de la déesse pour votre personne. Innana vous implore. Bon roi, ne jouez pas avec son âme, elle enlace déjà la vôtre !

 

Enkidou : Son cœur ne bat plus de sang...

 

Inanna : Tu ne vois que mon corps et tes yeux sont trop faibles, bête à poil.

 

Gilgamesh : Mon ami, hélas, elle préfère le berger.

 

Inanna : Gouvernez  à mes côtés Gilgamesh, vous ne regretterai pas cet animal encombrant.

 

Enkidou : Je suis un bipède, donc un humain!

 

Gilgamesh : Ton vocabulaire est raffiné mon moi. Tu la connais à peine et elle te brise déjà les sentiments... Innana, vous n’êtes pas venue sauver ce nomade du jugement ?

 

Innana : Les dieux n'aiment pas vos manières. Unissez-vous à moi et j'apaiserai leur fureur.

 

Dumuzi : L'astre a dit, ne, ne ,ne vous dé, dé ,détruisez pas... Je, je ,je ,je...

 

Gilgamesh : Vous partez Dumuzi ! (Dumuzi sort) Quel vent vous amène vraiment déesse ?

 

Innana : Une souveraineté conjointe. Rappelez vous les intérêts de mon père à Ourouk. Mon temple est attendu. Vous le bâtirez exactement là où l’astre est tombé.

 

Gilgamesh : On-t-ils entendu ?

 

Nergal : Oui, le temple sera bâtit et...

 

Gilgamesh : Agissez selon ses ordres.

 

Nergal : Nous écroulerons. (Nergal sort)

 

Innana : J’ai entendu parler de vos exploits Gilgamesh. Vous avez vaincu un géant ?

 

Enkidou : Il n'y est pour rien, tu ne parles que de mon talent !

 

Innana : Tu  nous as caché un autre talent que ton odeur immonde ?

 

Enkidou : Oui, beaucoup d'autres.

 

Gilgamesh : Un chef de cité a d’autres amourettes à fouetter Enkidou. Ses bijoux, son vin, même sa gloire la  renforceront, mais sans moi et sans toi ! Tu auras ton temple seule Innana.

 

Innana : Je vois toujours un homme Gilgamesh ! Et les hommes ont soif… Acceptez-moi pour vous abreuver.

 

Gilgamesh : Déesse infertile ! J’ai mon peuple pour témoin. Aujourd’hui, l’humain a triomphé sur le divin. J'ai refusé les compliments de la déesse de l'amour.

 

Innana : C'est une erreur, une grave erreur qui mène à la guerre.

 

Gilgamesh : (Face fond de scène) En voici la preuve peuple ! La clé de la ville m'appartient. (Gilgamesh tient la petite clé d’Ourouk « comme » réunifiée dans sa main.)

 

Nin : Puisque Gilgamesh a refusé. Regardes-la dans les yeux. (Enkidou fixe Innana)

 

Enkidou : Tu reconnais ma beauté sauvage. Goutons-y Innana.

 

Gilgamesh : Les hommes nous confondent parmi les dieux. Je suis adulé. (Le roi revient)

 

Enkidou : Ah, oui... Oui... Ah!  Pas moi. (Enkidou s’effondre)

 

La femme : C'est fini, la fièvre envahit votre ami...

 

Gilgamesh : Non... Vous ne pouvez pas.

 

Innana : Mon œil de mort a jugé vengeance. Je suis déçue Gilgamesh.

 

Gilgamesh : Et moi donc...

 

Nin : Dommage pour la déesse, la mort d'un animal ne remboursera pas sa dette...

 

Enkidou :  Ah... je meurs, écrit à maman... Dis lui, dis lui qui... aimer simplement.

 

Gilgamesh : Tu mérites le pire. Tu as coupé la vie d'un roi.

 

Nin : Je comprends votre douleur, la plaie guérira. Vous l'avez dit. Vous êtes souverain.

 

Innana : J'ai appris par mon père que la vie ne nous appartenait pas Gilgamesh. Vous avez refusé son offre. Faites le deuil de votre double et bâtissez mon temple, la grande Innana va régner ! (Elle sort)

 

Gilgamesh : Tu sais bien que maman ne t'a jamais connue. Tu me manqueras Enkidou.

 

 

Pompôdom :

 

Comment comprendre le soleil

Apprendre à saisir éternel

Sous châtiments et sous merveilles

Depuis le ciseau jusqu’à la pelle

 

Une cause sollicite le monde

A galoper sur ses prières

Courber le destin des secondes

Monter l’étalon de lumière

 

La pomme résiste à l’amour

La foule résiste au gens

L’avenir de toujours

Se joue maintenant

 

Je suis tombé dans les orties

On m’a enlevé le bon ami

La cour de récrée c’est la vie

Frappe le ballon tord ta cheville

 

Je suis prêt à perdre l’équilibre

Le désespéré veut valser

Où est le concours de l’homme libre

Si ce n’est apprendre à se lever

 

La pomme résiste à l’amour

La foule résiste au gens

Qui est digne de toujours

S'il n'est pas présent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Lieu:  entre ciel et terre. En barque. A la table d’An)

 

Conteur : Adapa, venu d’Eridou, rend visite au dieu An. L'Apkallu vient de tuer un démon, un des sept vents, voilà pourquoi les faveurs sont données à Adapa par le dieu du ciel. Il ne reste plus que six démons à abattre dans tout le cosmos. N'est-ce pas merveilleux ?

 

An : Rafraîchis toi.

 

Adapa : Au service d'Ea, je prendrai bien un peu d'ombre.

 

An : J’ai mis à ta disposition un buffet de premier choix. Je voudrais t’élever un autel.

 

Adapa : La nourriture que tu me proposes ferait de moi un dieu. C'est tentant.  Mais je verrais passer ma génération. Laisses-moi me coucher.

 

An : Jamais je n’ai entendu quelqu'un refuser la vie éternelle. Ils vont te huer perdant. Manges-en avant que cela n'arrive.

 

Adapa : Oh là ! On ne réveille pas le soleil, on attend qu'il se lève.

 

Nin : Voyons dieu An. Ne te vexes pas.  La vie d’homme nous suffit. Tout y est promis.

 

An : Cumulonimbus ! Votre source spirituelle m'épate.

 

Nin : Non, elle t'appâte. Occupe-toi de ton ciel.

 

An : Eclipse ! Pour l’exploit d’Adapa, tu peux maintenant apaiser les maladies du démon parmi les hommes.

 

Nin :  C'est un bien pour les hommes.

 

Adapa : Rappelles-toi que nous dormons à l'ombre mais que nous ne mangeons pas.

 

Nin : Couper les ailes d’un démon n’est pas absolument joyeux, mais presque !

 

An : Pour avoir tué l’un des sept vents démoniaques, je n'ai que ma joie à vous donner.

 

Nin : Nous ne la cherchons pas, nous la donnons aussi. Gardes-la bien.

 

Adapa : Que les faucons s'envolent et que les vrais restent au sol !

 

An : Cumulonimbus ! (An sort )

 

Nin : Tu es le plus sage de tous les Apkallus, le plus bête de tous les hommes !  (Nin glisse à Adapa un secret à l'oreille)

 

Adapa : J'ai bien compris ? Nin : Un nouvel appât. Adapa : Oui.  Longue vie au gain, de gain en gain... Toujours plus.

Chaine-lin :

 

A nos aïeux à nos ancêtres

A l’infanterie d’un présent passé

L’inépuisable nourricière

Éponge d’époques et de poussière

Savoir équestre sciences des âmes

Et découvertes d’épouvantail

Chassant les oiseaux dormeurs

Des donjons de l’intérieur

Disgrâce oblique à la matière

Naissance de rêve impossible

Et l’homme tendu comme une étoile

Des millésimes d’amours zébrés

Que l’on boit les soirs d’été

Quand il fait calme à l’horizon

D’une poitrine ensoleillée

Révérant l’écho des minéraux

A votre santé

Je bois pour être des vôtre

Dans cette nuit

Bonne journée

(Au temple Innana dans la ville d’Ourouk )

 

La fille : J'étais là avant vous.

 

Nergal : On a toujours une bonne raison pour passer devant les autres ! Combien la passe dans cette bâtisse ouverte ? (Il lance une pièce à la femme)

 

Nin : (La femme ramasse la pièce) C'est toujours trop peu pour le temple. Les impayés sont nombreux. Le lieu est neuf.

 

Nergal : Un rabais pour la fillette ?

 

La fille : Moi ? Je suis mal tombée non ?

 

Nin : Tu n'es pas initiée ? Pauvre enfant, il ne fallait pas rentrer. Tu vas satisfaire cet homme.

 

La fille : Je ne suis pas venue ici pour me prostituer ! Je veux comprendre pourquoi cet astre est tombé. Mais apparemment vous l'ignorez tous.

 

Dumuzi : Si je donne mille pièces de mieux, la petite vient avec moi.

 

Nin : (La femme reçoit la bourse) Bien, j'accepte.

 

La fille : On ne m'y reprendra pas !

 

Nergal : Un jour, tu regretteras d'avoir donné autant berger.

 

Nin : Monsieur, déclarez votre identité. (Nergal sort) Un faux maître d'oeuvre. (Nin sort)

 

Dumuzi :  Je te conseille un autre temple si tu veux entrer en adoration.

 

La fille :  Il est vrai que l'astre veut nous dire quelque chose ? Pourquoi ce silence ?

 

Dumuzi : Il m’a simplement amené à cette conclusion :  l'astre s’est dépouillé de la parole. Il nous laisse parler.

 

La fille : Qui donc ?

 

Dumuzi : Un autre, surtout si tu l'ignores. Tu marches et ton pied heurte la pierre, qui parle ?

 

La fille : Je ne sais pas.

 

Dumuzi : La parole de la pierre et de la prairie.

 

La fille : Il y a quelqu'un dans la prairie ? Mais comment saisir le message de l'astre ?

 

Dumuzi : Quel message ?

 

La fille : Ne vous détruisez pas. C'est toi qui l'a dit.

 

Dumuzi : Je ne sais pas. L'astre se tait. Je ne parle que par instint. A toi de te découvrir.

 

La fille : Qui sait ?

 

Dumuzi : Moi, c'est quand tu veux.

 

La fille : Pas aujourd'hui... (La fille sort)

 

Dumuzi : Dommage. (Innana entre) La, la, la, l’astre m’a guidé vers vous Innana. L'impact !

 

Innana :  Le mouvement a commencé.

 

Dumuzi :  Partout, il est partout.

 

Innana : Ne vous faites pas d’idées. Nous serons mariés, cela suffit.

 

Dumuzi : Mariage, me, me, moi, marié ! Un aventurier pe, perdu avec la ba, bague au doigt ?

 

Innana : Je vous aime ! Ne le voyez vous pas ? C'est écrit…

 

Dumuzi : Non, non, vous venez se, se, seulement de de de, de, le dire. Ce n'est pas écrit.

 

Innana : Et vous, vous ne dites rien ? Je vous aime, mon corps entier en a gravé la lecture !

 

Dumuzi : Où ça ? Je ne sais vraiment pas lire. Vous, vous, vous aimiez Gilgamesh.

 

Innana : On a les révélations qu'on mérite.

 

Dumuzi : Déesse de l’amour...

 

Innana : Allez vous en !

 

La fille : T'es timide toi.

 

Dumuzi : Cela dépend avec qui.  (Dumuzi sort avec la fille)

 

Nin : (Nin entre avec message) Message pour Innana depuis les profondeurs. Rappel de paiement et remboursement de dette : la vie d’un dieu en gage de ton ancien séjour en enfer. Ereshkigal, votre sœur.

 

Innana : Dumuzi est aussi visqueux qu'un poisson.

 

Nin : Restez insensible comme moi vous en aurez moins de tracas.

 

Innana : Je marche dans la joie.

 

Nin : Vous n'allez pas laisser votre trône à un mauvais mentor !

 

Innana : Je serai heureuse parmi ses brebis. Imagines-moi sur la montagne.

 

Nin : Si Dumuzi abandonne son troupeau et sa famille il vous laissera aussi.

 

Innana : Ce campagnard est un future dieu. Ne me contredis plus  !

 

Nin : Vous avez des décisions rapides, on peut penser à une erreur...

 

Innana : C'est toi l'erreur servante.

 

Nin : Parfait, vous rembourserez votre dette à la bonne heure.

 

  

 

Assermenté :

 

Les oiseaux sont solitaires ce soir

Ils se cachent dans les angles noirs

Afin de comprendre l’errance

Et le revers de la chance

Ils ont envie de vivre

Voler aux confins du temps

Brûler la flamme des soupirs

Qui leur a fait son serment

 

 

 

 

Mourir mais pour renaître

Et ne pas perdre la tête

La maladie dans les entrailles

L'envie n'est pas sans failles

Mourir mais pour renaître

Sous les piqûres de guêpes

Enfin discerner les rails

Dans l’or de nos entailles

 

Mourir mais pour renaître

Enfin relever la tête

Dans la poussière des villes

Laisser les ombres tranquilles

Mourir mais pour renaître

Saisir les parfums de fêtes

Au creu des perles de nos cils

Sous lesquelles nos vies s'inclinent

 

(Lieu: les enfers)

 

Conteur : Enkidou, tué par la fièvre magique d'Innana, est séparé de son ami Gilgamesh. Le sauvage se rend au lieu antique et infernal qui n'est autre que le désert, tant redouté par sa personne. Le voici en face d’Ereshkigal, déesse du monde des morts.

 

Enkidou : J'ai deux tiers divins ! On pourra bien s'arranger.

 

Ereshkigal : Un petit tiers fait la grande différence.

 

Enkidou : Sssssss.... Tss... Sssssssss...  !

 

Ereshkigal : Cesse ! Je te déconseille l’insulte avec moi.

 

Enkidou : Mais...

 

Ereshkigal : Chut mouton ! La reine des enfers pardonne parfois. Les nouveaux arrivants doivent se souvenir des anciennes règles encore trop souvent.  Souffrir avec politesse.

 

Enkidou : J'en suis incapable... Vous m'obligez à vous de le dire... folle !

 

Ereshkigal : Double temps à l'empire de la soif ! Bon retour au désert Enkidou.

 

Enkidou : Enflure putréfiée… Puante ! Sècheresse... 

 

Ereshkigal : Quadruple, octuple… (Enkidou sort possédé)

 

Nergal : (Nergal vient avec Mardouk) Ereshkigal, mon épouse. Je t’importunes dans tes affaires douteuses bien que les miennes ne soient pas meilleures... Nous n’en avons pas pour longtemps.

 

Ereshkigal :  (Elle l'arrête d'un geste) (...)

 

Nergal : Mon amour, j'ai une affaire à régler en ville…

 

Ereshkigal : Non Nergal, retournes ton pain, il est à l'envers.

 

Nergal : Mon pain n'est pas celui-la. J'ai déjà lancé mes lignes.

 

Ereshkigal : Les hommes sont fatigués de ta famine. Ils apprennent le partage sans  assurances. Je travaillerai dur pour que tu n'ai plus aucun pouvoir.

 

Nergal : Mardouk. Question d'éducation.

 

Ereshkigal : Si tu perpétues ton massacre, je serai débordée de travail.

 

Nergal :  Alors je serai ton bourreau. Tu mangeras de mon pain. Mardouk doit voir le monde.

 

Ereshkigal : N'est-ce pas le but d'un jeu que d'y prendre part ? J'ai dit non Nergal !

 

Nergal : Ne me saoule pas vieille absinthe !

 

Mardouk : Mauvaise herbe !  

 

Ereshkigal : Tais-toi Mardouk ! On dit demeurer à l'ombre...

 

Mardouk : Demeurer dans l'obscurité, c'est toute ma vie...

 

Ereshkigal : N'y vas pas fils.

 

Nergal : Pour ton avenir j'ai mieux, le mien. Viens Mardouk.

 

Ereshkigal : (...)

 

(Correspondance entre Adapa et Dumuzi)

 

Dumuzi. J’ai vu la signature au dos de la commande. Palais d’Ourouk, pour la cuisine des fêtes. Des centaines d’échoppes nous demandent. Si les gens ne font pas de pain là-bas, mais que font-ils ? Et toi, que deviens-tu ?  Nous allons être parent ! Ton frère Adapa.

 

Adapa ! Félicitation. Si tu voyais les femmes du pays ! Votre bonheur a de quoi me rendre jaloux.  Ici, les hommes ne sont que des chiens errants et sédentaires, mais le vin est de première qualité ! 

 

Décidément, Ourouk rayonne. La ville chante et clame. Quelques uns de mes ouvriers y sont déjà partis. Les cerveaux s'en vont et les bras restent. Tu me payes avec du vin. Je ne vais pas pouvoir accepter. Je dois investir. Répondre à votre demande.

 

Me voilà déifié et embarqué pour une  noce ! Enkidou est divinement mort, une fièvre infecte, répugnante. Le souverain Gilgamesh a longtemps pleuré. Il est partis, voyageant seul en quête du présent immortel. Salut Adapa.                                                                                                                                    

 

Poussée-savante ;

 

A tous les dieux de la veille

Les langues en ouvre bouteille

Voici le grand soir des conseils

La naïveté c'est pas pareil

 

Et on se sent à tout instant

Capable de partir

De s'en aller de fuir

Le nom du sage

 

Tout est rempli pour se vider

Ce qui se vide sera rempli

On a tout vu à la télé

A notre place ils ont tout dit

 

Et on se sent à tout instant

Capable de choisir

De s’en aller de dire

Les noms des mages

 

Alors appelles toute la jeunesse

L'argent c'est pas du tout du temps

La seule évidence qui paraisse

Est que l'argent fait passer le temps

 

Et on se sent à tout instant

Capable de saisir

D'interroger de rire

Des gens qui savent

 

On est léger et presque idiots

Ouvrant grand les bras au monde

On sait qu'on sait pas et c'est beau

Ça  nous embrase à chaque seconde

 

Et on se sent à tout instant

Capable de partir

De s'en aller de fuir

Le nom du sage

 

La ville va désserrer son col

Ses bâtiments s’en grattent du ciel

Se flattant dans tous ses symboles

Elle sait que le monde veut du miel

 

 

 

 

Et on se sent à tout instant

Capable de choisir

De s’en aller de dire

Les noms des mages

 

Et d'autres ont très bien étudié

Comment briller au réfectoire

La grande leçon qui dit on sait

Salut les phénomènes de foire

 

Et on se sent à tout instant

Capable de saisir

D'interroger de rire

Des gens qui savent

 

On demande au peuple solaire

Considérez les réverbères

Car s’il nous privent des lampions

Toujours l’aube point dit-on

 

Et on se sent à tout instant

Capable de semer

De replanter de voir

Que les gens bougent et poussent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La décadente :

 

Elle est tombée la grande

Du haut de sa puissance

Étonnante luxuriance

Les yeux pauvres balancent

 

Pirate selon ses lois

C’est sa prison qui gagne

Patronne du haut d’un mat

Elle joue à la montagne

 

Elle coule déjà sa flotte

Son prétendu empire

Elles prennent l’eau ses bottes

Et elle croit qu'elle respire

 

Ils la délaissent les gens

Les chanteurs de ses gloires

L'amour peut faire semblant

Une heure a fait son soir

 

Elle meurt bien oui elle meurt

Elle meurt mais elle s’accroche

Sa violence cache sa peur

Mais lui déchire les poches

Une main pour se tenir

Et l’autre pour le navire

On finit dans les eaux

Quand on veut pêcher gros

 

Elle est tombée la grande

La marine décadente

L’ivrogne gouvernante

Les yeux pauvres balancent

 

Voilà la ténébreuse

La noyée dans la mer

Jamais plus sera heureuse

Puisque coupée du mystère

 

Qui donc était semblable

Pour trafiquer ses larmes

Elle fut appelée à table

Et elle riait des armes

 

La gloire son océan

La colère fend son front

Blasphémant sans argent

Elle boit son compte bon

Elle est tombée la grande

Celle qui boit la candeur

Elle abreuve la fureur

Les yeux pauvres balancent

 

Sa coupe est mensongère

Elle tuera l’innocence

Pourtant fille de la terre

Elle boit le sang de l'espérance

 

Que faire de la bêtise

Du désolé du peu

Alors face à sa guise

La fin en vaut bien deux

                                   

On meurt oui ça on meurt

Elle mérite bien la mort

On meurt elle meurt elle meurt

C'est nous son coffre fort

 

(Dans la salle du trône d’Ourouk, les restes de la fête.)

 

Conteur : Ivresse, volupté et sommeil, se sont lentement déposés sur la ville d’Ourouk. Les noces de la déesse de l’amour dépassent tout ce que vous pouvez imaginer. Le trône du royaume malheureusement pour Dumuzi, est délibérément vide et Mardouk se pointe.

 

Nergal : La famine est là ! Je frappe à la porte.

 

Nin : Occupez-vous de votre pain démons !

 

Nergal : Nourris-nous servante !

 

Nin : C'est malheureusement mon rôle.

 

Mardouk : Je veux m’asseoir sur le trône, père. Laisse-moi y aller.

 

Nergal :  Patience Mardouk, tu n'as pas faim après tant d'années au désert ?

 

Mardouk : Je veux manger sur le trône et leur jeter du pain !

 

Nergal :  Attends, le trône viendra à toi. Profite du grand air en surface, cela ouvre l'appétit.

 

Mardouk : (Il s'assied sur le trône) Vouvoies moi papa !

 

Nergal : Mardouk ! C'est le monde à l'envers !

 

Mardouk : Moi. Moi. Moi.

 

Nergal : Bien.  

 

Mardouk : Leader mondial incontesté... Hou! Hou! Cling ! Cling !

 

Nergal : Bien, bien...

 

Mardouk : Non, pas bien. Je suis : Hou! Hou! Cling! Cling!

 

Nergal : Bien, bien.

 

Mardouk : Non, pas bien. Je suis : Hou! Hou! (Dumuzi entre)

 

Dumuzi : Cling, cling, bien, bien, très beau discours. Que brille sa statue! Qui est ce garçon ?

 

Mardouk : Je suis Mardouk, le plus grandissime demeuré de l'obscurité.

 

Nergal : Tais-toi Mardouk, ne dis pas cela.

 

Mardouk : Mais maman m'a dit que...

 

Nergal : Je m'occupe de communiquer. Toi, souris bêtement.

 

Dumuzi : Donnes moi de l'eau servante. (Nin apporte de l'eau) Gloups ! De l'eau de mer ?

 

Nin : Pourquoi tu n'as pas répandu le sel ?

 

Dumuzi : Nin, mais que font-ils ici ?

 

Nin : Tu perds ta ville arbuste !

 

Mardouk : Je vends mon buste en duplicata d'images. Achètes-en-une ! Allez...

 

Dumuzi : Con , con, con, combien votre effigie ?

 

Mardouk : Bien plus que la vôtre évidemment. Regardez mon sourire bête. Ça vaut de l'or.

 

Nergal : Il est jaloux de tout, montrez lui que vous êtes soumis, achetez-la. Je vous donne ma carte, pour les promotions d'été. Les soldes font fureur sur les conversions. Et le réveil tardif est au rabais.

 

Dumuzi : Merci. Mais il faudra arrêter de jouer. Mon épouse va se fâcher. (Il sort)

 

Mardouk : Pour ma première décision... Tout me permettre. Deuxième décision... Heu... Casser ? Non... Démolir ? Non... Détruire ? Non...

 

Nergal : Anéantir ?

 

Mardouk : C'est ce que j'ai dit, anéantir !

 

Nergal : Alors, nous nous hâterons d'annihiler !

 

Mardouk : De quoi ?  Nergal : Rien, rien... Justement. Plus rien du tout.

(Lieu: Eridou)

 

Adapa : Quel temps magnifique !

 

An : Je tonne, je gronde, je foudroie... La terre tremble. Maudite Innana !

 

Nin : Les sociétés vivent et meurent, Eridou est déjà derrière moi...

 

An : Je partage votre deuil, la pluie ne s'arrête plus et les nuages sont bas...

 

Nin : C'est toi qui commande dieu du ciel.

 

Adapa: Je me dis : plein soleil et rosée du matin, c'est en moi !

 

An :  Tu te préoccupes du climat alors que vous mettez la clé sous la porte ? Pathétique.

 

An : Voilà, soleil et rosée... J'y suis.

 

Nin : Tu ne perçois pas l'éclair ?

 

An : Non, j'entends seulement le grondement.

 

Nin : Pourtant, on n'est pas vivant pour rien !

 

An : Un dieu n'est jamais hors-jeu même mort. 

 

Adapa : Si on t'appâte, tu ne mors pas à l'hameçon ?

 

An:  Tu es le perdant Adapa, la ville et l'entreprise ont fermé. La cité Eridou est tombée. Je tonne, je gronde, je foudroie... La terre tremble. Maudite Innana !

 

Adapa : Quel temps magnifique !

 

Nin : Donnes-lui une chance sans revers. Elle est ta fille.

 

An :  Tu es enceinte Nin. Je t'accompagne. Comment allez-vous l'appeler ?

 

Nin : Météo ou Sismo, je ne sais pas encore.

 

Adapa : Allons donc percer les brumes !

 

(La salle du trône, temple d’Ourouk)

 

Conteur : Humiliée par la situation, la déesse Innana décide d'appliquer une solution radicale  pour amener la ville au calme. Un responsable doit être désigné. Dumuzi va payer pour avoir négligé la protection du trône.

 

Dumuzi : Tu penses ce que tu dis ?

 

Innana : Je prouverai d'abord que tu es coupable !

 

Dumuzi : Tu crains Ereshkigal. Cette déesse n'est plus qu'une femme, elle a peur de sa sœur.

 

Innana : Assez ! Une dernière requête avant ta condamnation ?

 

Adapa : L'appât, Dumuzi. Rappelles toi la destinée de l'appât à chaque génération.

 

Dumuzi : L'appât nait du gain ! Voici mon gain.  Je me donne par don.

 

Innana : Parfait, il a demandé pardon.

 

Dumuzi : Je ne suis pas le pêcheur. Je suis l'appât sans canne et sans hameçon.

 

Innana : Il délire. Ce fou ne mérite pas le nom d'homme. Par cette parole de fer, le printemps meurt. (Innana poignarde Dumuzi)

 

Mardouk : Hou ! Hou ! Cling ! Cling !

 

Nin : Son troupeau est dérobé. Sa ville est ruinée. Dumuzi est simple berger.

 

Adapa : Sa présence suffit maintenant, ne cherches plus Nin.

 

Dumuzi :  J’ai trouvé mon destin, je vais…

 

Nin : Laisse-moi le guérir. Son cœur bat.

 

Adapa : Non, laisses-le partir…

 

Nin :  Je peux le soigner !

 

Nergal :  Il est à moi maintenant. (Nergal emporte Dumuzi)

 

Adapa : Dumuzi ne possède qu'un pressentiment de la providence. Il suppose l'appât libre.

 

Nin : J'aurais voulu le sauver.

 

An : Ma fille, qu’est devenue ta ville ? D'où vient ce sang .

 

Innana :  Je me donne à Dumuzi et il ne protège pas le trône ! Au moins, je ne dois plus payer ma dette. Je suis quitte. J'irai me laver le corps dans mon lac, demain, je suis déjà vierge. Ne t'inquiètes pas, père. Regardes les constructions d'Ourouk. Regardes mon temple.

 

An : La ville est belle! Va dans ton lac.


 

 

 

 

 

 

 

Hard-wood :

 

Navire au port et train à quai

On peut couler ou dérailler

Y a-t-il un sort qui conviendrait

Pour nous empêcher de bailler

 

La fête a déjà commencer

Conduit ton cœur en terre décise

La bataille n’est qu’un grand buffet

Pour goûter tes choix à ta guise

Salut le tremblement de terre

Poses les deux jambes bien implantées

Gauche dans le sol droite sur la mer

On peux jurer sans hésiter

 

Ta bouche goûte la symphonie

Chacune des matières est exquise

Chantes pour le monde ta comédie

Ton expérience se fait balise

 

Plus de délai pour l’éphémère

La faute est une crème glacée

Qui fond l’été sous la lumière

Une langue lèche un cœur givré

 

Le miel est à ceux qui décollent

Qui perdent la limite des frontières

Enfin braver la loi du sol

A tire d’aile tu marches en l'air


(La salle du trône, temple d’Ourouk)

 

Adapa : Exposons l'altérité tel qu'elle est et déclarons enfin l'impair.

 

Mardouk : Le tiers sans pair ? Zéro, deux, quatre, huit... J'y arrive pas.

 

An : Nous sommes trois. Deux n'existe pas... Je ne suis pas ton rival. Mais puisque tu comprends le langage des armes Mardouk, et uniquement celui-ci...

 

Adapa : Nous nous y abaisseront pour que les hommes gardent espoir.

 

Mardouk :  Je suis l'espoir, la confiance, la lumière, l'organisateur du monde.

 

An : Un fils de la famine !

 

Adapa : Lève-toi veilleuse.

 

Mardouk : Au secours, ils m'assiègent... Je suis le jouet de l'injustice. Père, mais pourquoi m'as tu abandonné ? Père ?

 

Adapa :  Garre aux gamin. C'est un faux-cœur. Ne le laisses pas t'intimider.

 

Mardouk : Nergal ? Au secours. A l'aide.

 

An : Détrompes-toi gamin. Ceci n'est pas un duel, il y a un enfant entre nous. Saisi donc ton arme.

 

Mardouk : Je suis un enfant moi aussi. Un tout petit enfant. On ne place pas les enfant en ligne de front, vous seriez ignoble. Papa ?  Bien je descends.

 

Adapa : Tu tombes déjà Mardouk. (Duel, Mardouk perd)

 

 

Pumpûdum :

 

Et si ta main saisit la mienne

La gauche peut s’unir à la droite

Coucher le choix d’une juste peine

Donner son cœur dans une boite

 

Les langues vont frapper l’épée

Ami tu graisses ton bouclier

J’espère que tu as bien mangé

Essuie ta bouche tu vas parler

 

La pomme résiste à l’amour

La foule résiste au gens

Qui est digne de toujours

S'il n'est pas présent

 

 

Il y a une flèche à décocher

Entre l’amertume et le miel

Pendre l’étoile tant amochée

Tendre la vie en arc-en-ciel

 

Soldats vous passez à la guerre

Aimez toutes les prisons du monde

Les uns pâtissent dans la misère

Les autres rient et font la ronde

 

La pomme résiste à l’amour

La foule résiste au gens

L’avenir de toujours

Se joue maintenant

 

(Lieu: les enfers)

 

Dumuzi : ( Nergal le livre à Ereshkigal ) Qui je suis  à ce jour ?

 

Ereshkigal :  Je te salue printemps ! Tu vas renouveler.

 

Dumuzi : Je ne suis plus dieu, Innana enlève ma divinité. Traitresse ! Pourquoi renouveler ?

 

Ereshkigal : Et si tu changeais de question, non plus pourquoi mais pour qui ?

 

Dumuzi : (...) Pour qui quoi ?

 

Ereshkigal : Pour qui, qui ? Arbuste.

 

Dumuzi : Depuis les enfers, je vois ma destinée.  Mes brebis, mon troupeau, tu les connais ?

 

Ereshkigal : Ton épouse les a retrouvé, n'ai plus d'inquiétude pour tes agneaux.

 

Dumuzi : Parce que tu l'appelles encore épouse ? La traitresse !

 

Ereshkigal : Tu retourneras sur terre pour qu'il n'y ai plus de scrupules, mais d'abord, tu devras comprendre que les scrupules servent la grâce. Alors oui, elle est ton épouse, ta sœur ou ta fille, ta tante et même qui sait ? Ton oncle dans une vie. Ta déesse te ressemble en tout !

 

Dumuzi : Je suis venu pour payer une dette,  celle d'Innana.

 

Ereshkigal : Parce que tu me vois comme une banque ? La mort reprend et nulle ne la paye.

 

Dumuzi : Pourquoi alors...,

 

Ereshkigal : Tu m'agaces... Je dis toujours non au pourquoi.

 

Dumuzi : Pour qui mourir ?

 

Ereshkigal :  En te tuant, Innana a trop pleuré et le désert a bu enfin. Un jaillissement au milieu de la sècheresse a voulu réunir ton troupeau. Une source qui a réussit à donner à boire au fils de personne et à l'ami de personne.

 

Dumuzi : Mais qui est le fils et l'ami de personne ?

 

Ereshkigal : Tu ne le sais pas ? Et bien... (...) C'est l''homme.

 

Dumuzi : Je ne comprends pas.

 

Ereshkigal : Un sujet qui veut tout dire à la fois reste le sujet qui fâche l'esprit.

 

Dumuzi :  Merde.

 

Ereshkigal : Chut ! Pas d'impureté ici. Plus jamais.

 

Dumuzi : Que vont-ils raconter après ?

 

Ereshkigal : Des  anecdotes. 

 

Mardouk : (Il entre avec Nergal) Hou! Hou! Cling! Cling! Hou! Hou! Cling!

 

Ereshkigal : Alors, cette expédition ?

 

Nergal : Sans commentaires Mardouk. Le silence est meilleur compromis. (Ils sortent)

 

Mardouk : Cling! Hou! Hou! Cling! Cling! Hou! Hou! Cling! Cling!

 

Ereshkigal : Tu vois Dumuzi, Nergal a mal au ventre. Que vas tu faire maintenant ?

 

Dumuzi : Je n'en sais rien. J'ai envie de tout.

 

Ereshkigal : Pour un âne, l’homme avait fait d’une carotte un dieu. Au nom de celui dont tout le monde parle, l’âne avançait. En ce temps là, pour les ânes, dieu n’était encore qu’une carotte. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Où va la joie :

 

Parler pour partager le feu

Sans lui laisser aucun répit

Tant qu’on évitera nos yeux

On peut rester abasourdi

 

Laissant passer le temps

A garder nos bouches fermées

Les oreilles des vivants

Sont pas emprisonnées

 

Imbu de lui-même l’animal

Toujours la même idée

Oh moi je suis génial

Je me dois de tout fermer

Où va la joie dis-moi où va la joie (bis)

Faut-il encore suivre un discours

A quoi ça sert de parler beau

Dans la bande des sans-amours

Personne ne dit son premier mot

 

Vois la poussée du germe

Ou le mensonge des gens

Une force qui t'aime

C'est toi évidemment

 

On murmure doucement

Au creux de leurs oreilles

Qu’ils sont vraiment dedans

La chanson les réveillent

                                                           Où va la joie ils disent où va la joie (bis)

Puisque saisir un fruit mûr

Rend hommage au printemps

Même si l'été est dur

On cueillera les absents

 

Le silence est en nous

Jaillit du fond de l’âme

Remplir les cœurs trop mous

Verser le feu la flamme

 

Non rien de compliqué

Le cœur gravé dans le chêne

La voix peut s'étonner

Et dissiper la haine

                                                           Où va la joie dis leurs où va la joie (bis)

 

(Lieu: Ourouk, le trône.)

 

Conteur : Au retour de son périple Gilgamesh se retrouve les mains vides. Comme si il avait trébuché sur une pierre, il l'insultait et la lança sur un arbre. Aie !

 

Gilgamesh : Qui gouverne mon royaume ici ?

 

Nin : Innana pleure son amour sale, elle est partie retrouver sa virginité dans son lac.

 

Adapa : Car elle a tué son amour propre et Dumuzi son époux. Le trône a connu des impacts durant votre absence. L'ombre de Mardouk a plané sur votre royaume.

 

Gilgamesh : Mardouk ? Maudite misère... D'impacts en désastres, on enlève les étoiles du ciel. Hélas moi aussi, j'ai échoué, ni grande clé, ni éternité !

 

Adapa : A mon sens, vous aviez déjà compris. D'impact en audaces votre voyage vous a vérifié...

 

Gilgamesh : Nous sommes de simples locataires, Adapa ! Esclaves de leurs maisons.

 

Adapa : Pauvre sire ...

 

Gilgamesh : Un amuseur désabusé en quête de vérité. Pour être vrai Adapa, est-ce que je dois tout dire à mon peuple ?

 

Adapa : Oserais-tu un jour lui parler de la toute petite clé de pierre…?

 

Gilgamesh :  Non, jamais ! Elle est brisée ! L'authenticité d'un roi s'arrête à ne jamais annoncer sa fin. Pardon... Depuis que j'ai perdu mon ami, je suis devenu incontrôlable...

 

Adapa :  Un roi qui pleure, c'est du jamais vu... Levez vous, si le peuple se moquait...

 

Gilgamesh : Je m'en fout ! Une nation s'indigne parfois du travail d'un bon roi.  Savoir n'est que serpent qui se mort la queue. Quel age avons-nous ? Celui de l'époque ayant dérobé ma fleur d'éternité lorsque je me suis assoupis. Ce reptile a mangé ce secret si bien mérité, sans aucune honte d'ailleurs. Il a anéantit ma clé, ma fleur de jouvence, et me voici à nouveau mollement mortel et frontalier. Je ne serai jamais éternel...

 

Adapa : Vous avez le mérite de montrer vos sentiments, pas besoin d'avoir honte en plus.

 

Gilgamesh : Non, c'est vrai.

 

Adapa : Enfin, vous pouvez le dire maintenant.

 

Gilgamesh : Quoi donc ?

 

Adapa : Votre échec.

 

Gilgamesh : Je n'ai pas échoué. J'ai raté... j'ai dévié ! N'oubliez pas que je suis divin.

 

Adapa : Même si ce sont des tiers, cela fait toujours deux sans trois.

 

Gilgamesh : Ce petit débordement reste entre nous Adapa...

 

Adapa : Malheureusement. (Innana entre avec Nin)

 

Innana : D'où vient mon éclat ?  Quel est mon ravissement ? Où va mon âme ?

 

Nin :  Dans un corps.  Un battement.. Une personne. La parole est un glaive...

 

Innana : Oui, je dis oui et je tranche... Un poignard d'or, une langue qui bois.

 

Nin : Ta plaie se soigne.

 

Innana : Je ne veux plus guérir, je veux simplement bien mourir.

 

 

L'enfant :

 

Qui voit l’enfant qui dévisage

La terre dans sa main son présage

Il dit tant pis pour tous les sages

Il marche sur le temps sur les ages

 

Guerrier silencieux de révolte

Comment ton cheval se nomme

L’esprit une main en ouverture

Trotte bien plus vite que le vent

 

Brossée en chansons en prières

Nourrit au foin et galopant

Il  peut fouler terre mer et air

M’a-t-il répondu fièrement

 

Enfant qu’as tu fais de ta mère

Je l’ai bercée pour qu’elle s’endorme

Enfant qu’as tu fais de ton père

Il ne m’a laissé qu’une pomme

 

Et j’ai croqué sa seule blessure

Son négatif du seul présent

Et j’ai goûté l’ombre de l’homme

Unique lumière de révolte

 

Alors mon âme s’est retournée

L’enfant sourcier délibéré

Au cou du cheval un collier

Et j’ai monté humanité.

(Lieu: Ourouk)

 

Ereshkigal : Innana...

 

Innana :  Que fais-tu là ? Si tu viens me chercher sache que je me bannis. Je pars cette nuit.

 

Ereshkigal : Ta dette a été remboursée. Je voudrais te présenter un homme.

 

Innana : Non, plus maintenant.

 

Ereshkigal : Un homme revenu de mon royaume.

 

Innana : Dumuzi ?

 

Dumuzi : Oui. I, I, I, Innana. C'est, c'est, c'est, c'est moi...

 

Innana : Je te rend ton troupeau mais laisses-moi. Je ne suis plus digne. Va-t-en.

 

Dumuzi : Si, si, tu l'es, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est... écrit !

 

Innana : Non, ce n'est plus écrit, je m'en vais, c'est mieux ...

 

Dumuzi : Si, si, si,  je,  je, je, je, je...

 

La fille : ( Elle sort de la tente ) L'enfant est né !

 

Ereshkigal : Chut.

 

Dumuzi : Je, je, je, je, je vous... Je vous... Je vous...

 

La fille : Il est timide.

 

Ereshkigal : Trop pour moi.

 

Dumuzi : Je, je, je, je, je, je vous, je vous, je vous, je vous aime...

 

La fille : Aaaah enfin...

 

Dumuzi : C'est, c'est, c'est, c'est.. D, d, d, d, dit, dit. Et, et, et, et, c'est, c'est, c'est...

 

La fille : Oh, non, il est de nouveau bloqué...

 

Ereshkigal : Il est griffé comme un disque, condamné à se répéter...

 

Dumuzi : C'est, c'est, c'est, c'est é, é, é, é, é, é, é,...

 

La fille : La honte, il ne peut plus s'arrêter...

 

Dumuzi : Écrit ! Mo, mo, m, mo, mon, mon, mon,

 

Ereshkigal : Et c'est repartis...

 

Dumuzi : Mon, mon, mon, co, co, co, corps, en, en, en à, en à, en à...

 

Innana : En à quoi ?

 

Dumuzi : En a gravé la lecture. Mon corps entier...

 

Innana : Moi aussi, c'est gravé. (Innana et Dumuzi sortent, Dumuzi revient)

 

La fille : J'ai bien fais de rester.

 

Ereshkigal : Je regrette déjà d'être venue ... (Ereshkigal sort)

 

Adapa : (Adapa entre) Dumuzi, je suis obligé de te dire que ton heure est arrivée...

 

Dumuzi : Non, je refuse. Je suis un appât libre maintenant.

 

Adapa : ...de conclure l'histoire. Pardon et sincèrement désolé pour l'échec de ta noce.

 

Dumuzi : Mon épouse m'attend petit gland.  

 

Adapa : Pardon ! Si petits glands nous sommes, grands chênes nous deviendrons.

 

La fille : Quelle belle idée ! Je pourrai m'occuper de votre enfant ?

 

Adapa : Je t'engage comme nourrice.

 

La fille : Nourrice ou boniche ?  On me la déjà faites celle-là.

 

Adapa : Nourrice bien sûr. (Gilgamesh entre) Ah! Gilgamesh, voici l'enfant et la jeune femme qui l'accompagne. Les dieux s'en vont au séjour alors, tu le garderas bien.

 

Gilgamesh : Un fils à ma charge, moi qui suis si mauvais amant... Adapa, je n'y pensais plus.

 

Adapa : Un beau symbole alors.

 

Gilgamesh : Je ne suis pas très adroit avec l'innocence.

 

La fille : Ne vous inquiétez pas. Je suis là pour vous apprendre les premiers gestes.

 

Adapa : J'y compte bien. Adieu vous tous.

 

Gilgamesh : Adieu, mais lequel ? Vous partez tous ? Qui je vais provoquer maintenant ?

 

Dumuzi : Apportes moi ta  petite clé souverain, pour que je te la restitue entière.

 

Gilgamesh : Tu reviens des morts ? Tu ressoudes aussi la pierre ? Tu te fous de ma gueule !

 

Dumuzi : Défis, déifies-moi... Que le multiple soit un !

 

Gilgamesh : Tu l’as unifié pourtant c’était impossible !

 

Dumuzi : Non regarde, je n'ai pas réussis !  A toi d'essayer...

 

Gilgamesh : Imposteur !

 

Dumuzi : Chut ! Essaie d'abord...

 

Gilgamesh : Oh ! Oooooh...

 

Dumuzi : Le silence est un savoir sans crocs.

 

Gilgamesh : Mon œil... Une réponse toute faite.

 

Dumuzi : C'est vrai.

 

Gilgamesh : Alors Dumuzi, dis-moi, est-ce que la vie continue ?

 

Conteur : Sur ce point seulement, prenez garde. Quand une histoire termine, une autre commence, à savoir si c'est la même histoire, ça, je ne sais pas ?

 

Dumuzi : L'esprit est une couverture. L'homme couvrira mais n'évitera plus son vrai visage. 

 

Gilgamesh : J’érigerai un temple plus grand, plus majestueux seulement pour toi... Restes parmi les hommes, Innana sera jalouse de toi…

 

Dumuzi : Innana part au séjour,  je vais la retrouver. Prépares seulement la prairie de l'enfant. Regardes autour de toi. Tout autour de toi, et en toi, il y a plein d'appâts livrés. Ces appâts sont né du gain de chaque individu, pour et par l'appât, l'appât nait du gain.(Dumuzi sort) 

 

Gilgamesh : Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Non, non... L’affreux départ… Il m’ont laissé nu, sans connaissance évolutive…

 

Conteur : Voyons. Regardes sur l'astre Gilgamesh. Tu sais lire.

 

Gilgamesh : Une inscription ?

 

Conteur : Laquelle ?

 

Gilgamesh : Attends. Un pluriel... Attendez... Plus un, fois deux tiers, c'est comme moi, un tiers humain, deux tiers divins, divisé par pluriel, le tout exposant zéro!  

 

Conteur :  Que de temps passé pour ton manque de compréhension !

 

Gilgamesh : L'unicité perdue...

 

Conteur :  L'unique cité,  mythe ou réalité... Mensonge ou augure... Non mais vraiment... Trafic ou don...  Connection ou isolement... Solitude ou individu ? Aller ! C'est quoi l'unique cité ? Dites-le moi... L''appât ? L'appât nait du gain l'appât et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et, par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et, par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât...

 

 

 

 

 

 

 

Le zèbre:

Tout petit est en nous

La grande voie du cœur

Que dans nos fièvres

Il n'y ait plus de faveurs

Qu'implosent tous nos principes

Sur les rires et les pleurs

Laissons nous porter

Par ce qui en nous se meurt

Etre notre engrais

Et non celui de la peur

Voyons enfin germer

Ces innombrables fleurs

Nos passions coloriées

Qui font la démence

Aux yeux abimés

Qui n'ont plus d'amourance (ter)

 

L'homme est un zèbre

Rayé de noir et de blanc

L'homme est un zèbre

Etalon sauvage mais pourtant...

 

Tout petit est en nous

La grande voie des pleurs

La petite  étincelle

Qui réveille en nos cœurs

La mélodie désir

Celle de nos plus beaux rêves

Défiger nos soupirs

Interminables trêves

La vie est un grand feu

Qui n'a pas d'ambition

Et pour ce que l'on voit

On fait partie des cons

Si la mer nous prend pas

C'est bien nous qui la prendrons

Ces plans  de grands sentiments

Nés quand on en boit pas (Ter)

 

Laissons chanter pour nous

La voix du cœur

Alors on ne sera plus homme

On n'aura plus d'humeurs

N'être que vibration

Entremêlée d'âmes-sœurs

Cette ignorance commune

Sans échelle de valeurs (ter)



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