Olivier DELFORGE, Atelier de Théâtre - 2ème année, Professeur Jacques Monseu
La machine à bois
Comedie musicale
Depuis les mythes de Sumer et Babylone - Essai naturellement drôle d'une tragédie
contemporaine.
à lire...
La religion ne consiste pas à reconnaître de petits
fragments de miracles (miracula signifie littéralement « petites
merveilles »), tel que tout fondateur essaye toujours de refuser d'en
abreuver ses disciples, lesquels en redemandent sans cesse ; la religion
consiste à reconnaître de vastes ensembles organisés dotés de caractéristiques
mentales immanentes. J'avance que les Grecs étaient tout près de la religion
par leurs concepts d'anangké, némésis ou hubris, et s'en éloignaient quand
leurs oracles prétendaient à une autorité surnaturelle, ou quand leurs
mythologues brodaient sur les histoires qui mettaient en scène les divers dieux
du Panthéon. Pouvons nous, pour notre part, reconnaître parmi les découvertes
scientifiques assez de principes fondamentaux des religions traditionnelles
pour fonder quelque rapprochement ? Dans la démarche qui m'a conduit à ma
position actuelle, j'ai combiné plusieurs approches différentes -logique, épistémologique,
traditionnelle-, passant de l'une à l'autre selon les occasions que m'ont
fournies les diverses circonstances de ma vie, et selon ce que suggérait la
forme que prenait ma recherche à un moment donné. L'investigation que je tente
concerne les régularités communicationelles de la biosphère, et mon hypothèse
est que, par ce biais, elle touchera aussi des régularités tissant un système
si universel et déterminant que nous pouvons lui donner le nom de
« dieu ». Les régularités que nous découvrons (y compris les règles
et nécessités de la communication et de la logique) forment une unité qui est
notre demeure : on peut se les représenter comme un dieu que nous pourrions
appeler Eco. Voici une parabole. Quand le dieu écologique baisse les yeux et voit
l'espèce humaine pécher contre son écologie (en s'adonnant à la gloutonnerie,
en procédant dans un ordre qui n'est pas le bon, ou en voulant emprunter des
raccourcis ), il pousse un soupir et, involontairement, lâche de la pollution
ou des retombées radioactives. Il ne sert à rien de lui dire que l'offense
n'était pas grande, que d'ailleurs vous êtes désolé et vous ne le ferai plus;
inutile aussi de faire un sacrifice ou un pot-de-vin : le Dieu écologique est
incorruptible, on ne se moque pas de lui.
La peur des anges
La couleur des idées aux éditions Seuil
Gregory
Bateson, anthropologue.
Mary-Catherine
Bateson.
Le conteur : Que celui
qui n'a jamais croqué lance la première... tomate!
Les personnages :
Conteur: homme ou femme
Adapa: ministre du dieu
Ea, frère de Dumuzi, époux de Nin
Dumuzi : berger, frère
d'Adapa, futur dieu du printemps
Nin: déesse de la santé
et de la guérison
An : dieu du ciel, père
d'Innana et d'Ereshkigal
Innana : déesse de
l'amour et de la guerre
Gilgamesh : roi d'Ourouk
Enkidou : double sauvage
de Gilgamesh
Ereshkigal : déesse de
la mort
Nergal : dieu de la mort
Mardouk : dieu champion
et souverain universel
La fille : une jeune
femme
Les lieux :
Eridou, cité primordiale; le ciel, demeure du dieu An ; la
forêt des cèdres; Ourouk, la ville en devenir ; les enfers, demeure
d'Ereshkigal...
Fi de la vie fi :
La vie
c’est comme
Une
petite fille qui sourit
Qui cache
derrière sa parure de lèvres
Les
caprices d’un profond mystère
Sable mouillé par la sueur du temps
Dans les déserts érige le monde
A la hauteur du cœur
D’un enfant couché
La vie
c’est comme
Une
petite fée qui rougit
A qui on
emprunte les ailes
Pour
l’emmener danser dans le ciel
Le ciel se peindra dans ses yeux
Pas peu fier
De savoir la beauté gravée
Dans les lignes de ses mains ouvertes
La
vie c’est comme
Une
petite fille qui crie
Que l’on
ne l’a pas remarquée
A
l’altitude grise aux raisons talées
Grandie de revivre sans cesse
Sa violence elle avance
Pas mal adroite pied devant pied
Babil sur babil elle avance
Conteur : Dans un désert, ô combien fertile, siège la ville d’Eridou, vieille
cité mythique d’un temps passé, un idéal de civilisation, d’ordre sans doute et
de prospérité. Deux frères humains se la partagent. Ils ont établit la demeure
familiale auprès d'un ruisseau, écoulant le temps, accompagnant la vie qui
pousse à son rythme, lentement. L’eau fraîche et pure coule depuis des neiges
éternelles jusque devant leur propre fenêtre, elle bondit d’un reflet d’argent,
comme pour dire bonjour, quand elle finit par s’engouffrer, dans les mils et
uns canaux qui irriguent les berges innombrables de l'oasis. Une famille de
meuniers ; le premier s’appelle Dumuzi, berger par opposition à ses pères,
et le second, Adapa, perpétue la tradition du grain. Aujourd'hui, dans la
maison familiale d'Eridou, ce réveil s’annonçait presque comme tous les autres
réveils…
Conteur : Dumuzi et Adapa sont les garants de cette cité des cimes et des sables.
Ea est le dieu qui a érigé la ville d’Eridou et les fondements de la
civilisation. Le dieu des dieux et des hommes, Ea, vous ne le verrez pas ici.
Ainsi Adapa, le plus fidèle messager d’Ea, est aussi appelé Apkallu ou
ministre, il est garant auprès des dieux de la petite clé de la ville.
Dumuzi : Laisses-nous maintenant, nous devons parler mon frère et moi. (Dumuzi
écarte la fille, elle sort)
Adapa : Tu attends quoi Dumuzi ? Tu veux rendre jaloux ce pays sans même
l'honorer ?
Dumuzi : Je ne pars pas à la pêche, nous fêtons ton mariage aujourd'hui, parlons
d'autres présages s'il te plait, ma débauche ne regarde personne personne. Tu
le sais.
Conteur : Dumuzi est lui-même moins attaché aux préceptes. Il s’enivre la nuit et
dort le jour dans les montagnes. En réalité, il est illettré et complexé de ne
pas paraître aussi brillant que son frère quand il entame un discours devant
ses propres conseillers, car il est fortement bègue quand il est dépassé. Voici
un piètre ministre d’Eridou et un très mauvais berger malgré son amour tendre
pour ses brebis. La veille, au recensement, Dumuzi avait encore égaré deux de
ses pauvres bêtes.
Adapa : Dumuzi, il me semble que tu as peur. (La fille entre de nouveau
et s’approche discrète pour écouter)
Dumuzi : (Se dirigeant vers Adapa) Tu dis peur, ça fait
peur. De, de, de qui aurais-je peur, Adapa ? ( Adapa
lui montre la fille, Dumuzi se retourne et se fâche) Je, je, je, je t'ai
dit de t'en aller ! ( La fille sort. )
Adapa : (Nin entre) Connais-tu la loi de l'appât ?
Appât, appât, appât...
Dumuzi : Tu ne vas pas m'apprendre à pêcher maintenant!
Adapa : L'humilité du pauvre n'est pas celle du vieillard.
Nin : Petit poisson accroché sans hameçon, tu es l'appât des générations
futures... L'as-tu oublié ?
Dumuzi : Le, le, le, le destin ne m’a pas favorisé, il n’a formé aucun rêve en
moi. Le fond de, de, de, de mon âme est un abîme. Alors, je bois pour le
remplir.
Adapa : Tu ne nourrira aucun poisson avec tes idées. Je te le dis, un homme sans
rêves, comme un ciel sans étoiles, cela n'existe pas ! Sauf au fond d'un trou.
Dumuzi : Tu es un sage Adapa. Berger… Je suis sauvage oui, un animal ! Je
dois partir à Ourouk ? Innana lance sa campagne, j'entends déjà son chant, tu
crois que je ferai partie des élus pour bâtir ?
Adapa : Ils sont dénombrés et je crois que tu en feras partie. Rêve encore
puisque ton rêve te rend réel .
Dumuzi : Nous serons ennemis mon frère ?
Adapa : Un homme sans destin, est-ce que c'est un homme ? Va apprendre à lire.
Dumuzi : Quel est le mot qui espère au delà des fatalités ?
Nin : Ils
l'appelleront providence...
Adapa : L'avenir
est dans tes yeux, tu nous guériras tous.
Dumuzi : Cette nuit j'ai rêvé c'est vrai... Je calculais sur une tablette en
terre. Ourouk m’appelle, j'en suis certain maintenant. J'apprendrai même à
compter.
Adapa : L'or
brille, en soi, on n'y peut rien.
Nin : Laisse-le Adapa, personne ne peux l'en empêcher.
Dumuzi : L'appât
ne mord pas il se laisse manger, c'est bien cela ?
Nin : Il
s'offre aux hommes qui ont faim ensuite aux poissons. Si il s'échappe qu'il
vive.
Dumuzi : Appât
pour appât, je me présenterai comme un appât !
Adapa et Dumuzi
: Pour l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Et par
l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain,
l'appât. Et par l'appât, l'appât nait du gain, l'appât. Et par l'appât, l'appât
nait du gain, l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain, l'appât.
Adapa : Si il s'échappe, qu'il vive.
Nin : Ni canne, ni hameçon ne sont nécessaire, seul l'appât...
Adapa : Voyons comment tu marches aventurier…
Nin: Tout le monde
marche pas à pas. Un pas puis un pas, et voilà deux pas...
Dumuzi : Je te laisse mes brebis et la houlette, ta permission se laisse boire.
Prends bien soin de mon troupeau. Je te le confie.
Adapa : Tu ne
restes pas pour les noces ?
Nin : Nous
exigeons de tes nouvelles ! N'oublie pas nos sentiments.
Dumuzi : Je vous enverrai des mes, des mes, des messages ! (Dumuzi sort)
Adapa : Le sentiment nous poussent à avancer.
Nin : Seulement sur un point.
Adapa : Il est parti. Un point c'est tout.
Conteur : Voilà de quelle manière le plus jeune abandonne le plus vieux. Le
banquet et la célébration ont majestueusement lieu pour les noces d'Adapa et de
Nin. Vous avez remarqué les noms étranges de ses êtres mythiques, ne vous y
perdez pas, il sont comme vous et moi, des prétextes à la vie. Hommes et dieux
s'amusent ensemble, les conseils et les calomnies s’échangent avec panache. On
y mange viandes et poissons, fruits et légumes... La soif n'existe plus mais
les amphores vides se multiplient. On dirait que l’univers entier est à la
fête comme il l'a toujours été évidemment. Nin et Adapa sont les plus beaux
amants du jour. Rires gras et stridents, musique, empoignades d’ivresses ou de
mise en garde: de quoi oublier l’absence d’un frère…
( Lieu: Eridou. ) Gloutomania :
Le vin est chambré
Candélabres allumés
L’eau fraîche va couler
Les viandes vont griller
La nature nous confie
Légumes et fruits d’esprits
Sages fous débridés malins
Même festin
A table amis et à
table ennemis
Croisons verres et couverts
Dans un seul appétit
Gloutons, avares, bandits, bourreaux,
Esclaves, traîtres et maîtres
Prophètes et profiteurs, mangez.
Toi l’homme sans fusil
Toi masqué cagoulé
Toi marchandant les cris
Ablutions avancées
Toi l’humain colorié
Toi le fleuve asséché
Toi chaman ou sorcier
Viens donc t’amuser
La terre est dressée
la cuisine dégustée
Le service est
dansant appelle à la fête
Ce soir brisons cadences
Ce soir brisons les cercles
Ce soir nouvelle cadence
Ce soir un nouveau cercle
Toi libre oiseau
Toi espèce disparue
Toi lion dans un zoo
Mais qui l’aurait cru
Toi qui porte sa peau
Toi étoile raccourcie
Toi sauveuse d'animaux
Maquillez les mépris
A table amis et à
table ennemis
Croisons verres et couverts
Dans un seul appétit
Gloutons, avares, bandits, bourreaux,
Esclaves, traîtres et maîtres
Prophètes et profiteurs, mangez.
Toi la balle bien visée
Toi l’hématome boursouflé
Toi fillette abusée
Danse pour soigner
Dis moi ta conception
Ta première pensée
Ton souvenir, ton devenir
La cause de ton zèle
La terre est dressée
la cuisine dégustée
Le service est
dansant appelle à la fête
Ce soir brisons cadences
Ce soir brisons les cercles
Ce soir nouvelle cadence
Ce soir un nouveau cercle
(Entre ciel et terre)
Conteur : Au retour du conseil des destins, où les dieux
déterminent l’avenir des peuples et des nations voici que An, le dieu du ciel,
se confie à son sang Innana, déesse de l’amour. Son père a pourtant prévu pour
elle l’avenir d’une souveraine de cité, celle d'Ourouk, au coté du roi humain
Gilgamesh. Mais malgré son éclat divin, Innana veut vaincre par jalousie sa
sœur Ereshkigal, déesse des enfers. Elle a alors désiré à tort de combattre,
afin de lui soustraire son pouvoir infernal. Innana échappa des enfers mais
son cadavre fut réanimé car il ne pendait plus qu’à un clou. Femme et déesse en
cavale, superbe ou revendicative, certains disent qu’elle est éternellement
vierge. An voit apparaître dans les étoiles un présage nouveau, il s'adresse à
sa fille depuis son royaume du ciel. Ourouk doit renaître très bientôt.
An : Comment
est-ce possible que tous les dieux perdent les pédales à ce point !
Innana : Père,
tu ne t'es pas amusé au conseil des destins ?
An : Un banquet d’ivrognes ! Les jeunes dieux deviennent de piètres
ravisseurs d’éclats.
Innana : Pas en ce qui me concerne, regardes-moi bien.
An : Tu soignes à merveille ton allure Innana, ton éclat brille de
ravissement ! J'en suis ravis.
Innana : Merci dieu An, moi j'en suis éclatante.
An : Une rumeur court parmi les hommes. Celle-ci m'inquiète et devrait
avertir les dieux...
Inanna : Les humains ont l'imagination féconde. Les pauvres manquent d'estime
en eux.
An : Je crois qu'ils commencent à écouter ailleurs...
Inanna : Quoi
? De quoi parles-tu ? Quoi inspire quoi...
An : Ma fille, ici est la question des hommes. Un battement frappe à la
porte... Quelqu'un ?
Inanna : La folie des hauteurs t'as donné la grippe... Tu es malade...
An : Tu aimes t'embraser alors que Ereshkigal reste toujours froide.
Innana : Bois un
peu d'eau. Vaccines-toi... Tes idées me givrent les os.
An : A toi il vaut
mieux ne pas tout dire.
Innana : Restes
dieu An ! La mort m'intrigue beaucoup. Donnes-moi son pouvoir s'il te plait.
An : Non ! Paye ta dette envers ta sœur !
Inanna : Ereshkigal m’a trahie et humiliée. Cette déesse ne mérite pas sa force
infernal.
An : Voilà toute ta gratitude ? Elle a pourtant accepté ta fuite de son
enfer.
Inanna : Sous caution seulement ! Maintenant je lui dois une vie divine... Père,
crée pour moi un nouveau dieu qui puisse la vaincre.
An: Non, je
t'enverrai un homme.
Innana : Un homme ne me servira à rien... Sauf à gagner mon argent parmi mes servantes.
An : Un homme capable de revenir du royaume des morts.
Innana : Je ne suis plus une enfant, on ne me raconte pas d'histoires idiotes.
An : Tu le déifieras avant même que je te le demande.
Innana : Cette anecdote est aussi improbable que le déluge!
An : Tu parles comme si les déluges n'existaient pas, ta parole prouve ta
faiblesse.
Inanna : Inanna est aussi une déesse ! Je les exauce tous dans leurs
désirs.
An : Tu te dénudes pour eux et tu danses, la grâce qui émane de toi, d'où
vient-elle ?
Innana : De moi bien sûr et de ma beauté... De toi ? Alors, donnes-moi un nom
afin que je puisse l’évoquer, son odeur préférée pour que je m'en parfume et
qu'elle monte jusqu'à lui…
An : Inaltérable
n'a pas de nom ! Aucun de tes bijoux ne séduira sa cause.
Inanna : Qui
qu’il soit, il ne peut pas ignorer la grande Innana.
An : Je
t'offre une ville alors qui t'ignore ? Où est le grand mystère ?
Inanna : L’amour
et la guerre. Les piliers des empires que je porte en mon nom..
An : Sombre pacotille ! Un mystère c'est la continuité. Un enfant naîtra.
Nous devons disparaître avec Mardouk et son histoire mais la fin d'un temps
n'annonce pas la rupture.
Innana : Je ne veux pas d'enfant.
An : Ce n'est pas le tien, tu joues à l'arbuste. Tu dois rencontrer
l'homme dont je t'ai parlé.
Inanna : J’avais
prévu pour cette saison une alliance plus favorable !
An : Oublies Gilgamesh. Ceci est déjà prédit. Je vais envoyer la chute d’un
astre du ciel. Sur le lieu de l'impact le berger en question rassemblera ton
peuple.
Innana : Continue à protéger mes hommes, je ferai en sorte qu’ils te
glorifient...
An : Non ! Souviens toi de ce nom : Dumuzi, le berger dont la venue est
annoncée.
Innana : Comme si un simple mortel allait me rendre heureuse.
An : Innana ?
Innana : Quoi
encore ?
An : Toute île écoute son continent. Je t'attends au tournant.
Innana : Rien qu'à t'entendre, tu es déjà déçu.
An : Déclarer une lutte contre la déesse de la
guerre, cela ressemble toujours à une guerre...
Soft-wood
Ils parlent à de la poussière
Est ce que les autres vous l’ont dit
Nos yeux regarderont la terre
Puisque tous voient la mélodie
Tout est parfait même en hivers
Le sol roulera sous mes pieds
Les clés font plus le propriétaire
Tant que je les ai je peux hurler
Je pourrais bien tomber malade
Où même imiter des nausées
Tout m’invite à la rigolade
Sans mettre à mort ma gratuité
Tout commence pour se terminer
Quelqu’un n’a pas payé d’entrée
Pour voir la foule et l’unité
Oublie le prix de ton accès
C’est déjà le grand libre essai
Qui veut se marier dans l’instant
Pour les soldes prend ton ticket
L’unique numéro qui t’attend
L’article en vogue c’est la paix
Aucun magasin n’a les droits
Est garanti le doute du vrai
La vie se
promène dans les bois
(Lieu: Forêt des
cèdres)
La fille : (Au conteur) Monsieur, excusez-moi, je voyage seule, je
veux me rassurer... Elle se trouve bien au bout du ruisseau la ville d'Ourouk,
on me l'a dit ?
Enkidou : (Enkidou tire
le cadavre d'un géant jusque sur la scène) Hoo, hisse ! Hoo, hisse !
La fille : Et alors ? Monsieur ? Il ne parle pas ?
Enkidou : Où tu vas il n'y a des statues. Ourouk est une cité de pierre.
La fille : Pourquoi cet homme ne répond pas ?
Enkidou : Parce qu'il veut ressembler à une des divinités taillées dans la roche.
Fixe pour l'éternité.
La fille : Vous avez vu ? Il a bougé. Ce n'est pas une statue.
Enkidou : Voilà, il ne peut pas s'empêcher de respirer .
Conteur : Dans une partie de chasse au
géant, le despote cruel et sans pitié patiente pour le renouveau de sa ville,
Ourouk...
La fille : Il parle. Puisque vous savez tout monsieur, vous allez
me dire où s'est battit cette fameuse cité ?
Conteur : Tais-toi, nous entrons dans l'histoire !
La fille : Vous vous y fixez. D'accord ! Je trouverai bien toute seule.
Le conteur : Dans une forêt aux bois de cèdres, un roi clamé
Gilgamesh, est en train d’écrire sa propre légende. Il court après des lettres
de noblesses. Gilgamesh est le
souverain d'Ourouk un tiers humain, deux tiers divin.
Enkidou : Prends-garde de ne pas croiser son fer car il t'anéantirait comme on
avale une bouchée de pain. Tu sors de la forêt dans cette direction, et comme
tu m'as dis, au bout du ruisseau, tu verras Ourouk. D'ordinaire
je mange les enfants mais pour toi, je peux faire une exception.
La fille : Si je comprends bien, j'avais pas besoin de vous, bête à poil... ( Elle sort direction cours)
Enkidou : Bête à poil, bête à poil... (Il
crache sur le géant et s'assied dessus) Créature du néant je pue le monstre décomposé, c'est plus réel qu'une
statue.
Le conteur : Ce roi du désert s’est attiré les foudres des dieux
par son arrogance. Gilgamesh a été dédoublé. Il se présente aujourd'hui à la
rencontre de son alter-ego, Enkidou, l’homme velu, son double sauvage.
Enkidou : Moi... J'ai effondré de sa haute stupidité un géant ! Sentez
donc mon odeur, il est tombé comme une mouche. Ce maître de la forêt va mourir
une seconde fois si il ne m'avoue pas qu'il m'a volé ?! Ou est ma clé géant ?
Dis-moi où elle est, la clé de la ville ! (Il fouille le cadavre )
Gilgamesh :
(Gilgamesh entre) Quel honneur d’avoir partagé
ce combat avec un être aussi particulier que toi, mon moi. Cet exploit te vaut
un banquet d'ivresse si tu l'acceptes. Viens vers moi.
Le conteur : Voici Gilgamesh le fameux roi d'Ourouk, double d'Enkidou. (Le
conteur sort)
Enkidou : Tu n'y
es pour rien ! Le géant s'est écroulé par ma seule volonté.
Gilgamesh : Ce que
tu fais, je le fais aussi. Ton nom ?
Enkidou : Tu le connais, maître des grottes et des terrains incultes. Comme
un diable lâché sur la terre, je compte bien retrouver cette clé pour m’asseoir
sur ce royaume. Et vous, quel genre d’escroc êtes-vous ?
Gilgamesh : J'admire le travail des dieux en créant mon alter-sauvage, poils
nobles, pédigrée d'exception, celui d'un souverain. Manque la fraicheur de
quelque parfum. Pourtant, les dieux n’ont pas pu lui enlever ses principales
qualités.
Enkidou : (Enkidou
sort de la poche du géant, une moitié de clé, celle que l’on tient entre le
pouce et l’index.) Je tiens la moitié de la
clé, l'autre est perdue, ô malheur...
Gilgamesh : Que
dis tu de nous Enkidou ?
Enkidou : De fameux
tyrans ?
Gilgamesh : Oui,
et voluptueux.
Enkidou : Non
seulement avide...
Gilgamesh : Mais
intrépide aussi.
Enkidou : Et bestial…
Gilgamesh :
Là est la différence Enkidou. Tu restes au désert. Tu
erres. Il te manque l'élégance, la classe. Ta force apparait plus efficace que
la mienne mais elle n'est pas digne d'influence. Si tu pensais à nourrir ton
esprit, tu comprendrais qu'il ne suffit pas de muscles pour contrôler.
Enkidou : Le contrôle est l'illusion des faibles. Le dégout que j'inspire attire
sur moi toutes les faveurs. Pourquoi suivre l'intelligence quand elle ne
possède rien ? Qu'est-ce que tu as pour moi ?
Gilgamesh : Ce qu'il te manque, la canne et l'hameçon. (Gilgamesh lui montre sa
moitié de clé dentée.)
Enkidou : Puisque tu as la clé dentée Gilgamesh, je te suivrai.
Gilgamesh : Le conseil des destins annonce notre gloire. Tous les Apkallus que j’y
ai rencontré sont unanimes.
Enkidou : Apkallus,
Apkallus ?
Gilgamesh: Les étoiles parlent déjà de nous. Écoute (...) Elles tomberont toutes
dans notre poche !
Enkidou : Oh,
je vois. Rien d'autre que des étoiles ?
Gilgamesh : Oui, il t'en faut plus.
Ourouk possèdera aussi le plus varié des marchés d’esclaves, muettes,
infertiles, charnues, grasses, menues, hommes castrés, sourds et costauds
enchainés...
Enkidou : De la viande, ah ! Partout, de la chair à vendre au prix du dédain.
Méchancité :
Il est venu le temps
Du maître de la violence
Ces anges annoncent le vent
Rendez grâce à la chance
Il balaie les étoiles
Déchire l’immanence
Laissez tomber le voile
Méchant c’est l’espérance
Que vallent des dieux qui taillent
Une brèche dans vôtre cœur
Voulez vous donc que j’aille
Venger votre douleur
Y a-t-il plus grand non-sens
Que vénérer l’absence
M’as-tu vu comme je pense
Rentre dans la danse
Je vous confie mes pleurs
Le monde tourne mal
Les injustices demeurent
J’en ai pris le teint pâle
Venez à moi mes sœurs
Mes frères buvant au mal
Il est bon d’avoir peur
Quand la ville est si sale
Elle nous invite la bête
Qui d’autre peut délivrer
Nos tristes jours de fête
Sont l’hiver en été
L’ennui déjà nous guette
Que pourra-t-on aimer
Éviter qu’on s’embête
Devoir parlementer
Enkidou : (Il sautent tous les deux sur le géant)J'ai
tué le géant dans la forêt. C'est moi maintenant, le plus méchant.
Gilgamesh : Non, personne ne peux être plus méchant que moi ! (Ils se battent
ensemble)
Enkidou : Si, moi je peux.
Gilgamesh : Non, tu ne peux pas !
Dumuzi : (Dumuzi entre) Vous voulez un arbitre ?
Gilgamesh : Inutile,
j'ai gagné. Ce ne sont que de simples règlements de comptes.
Dumuzi : A bon ?
Quels comptes sont à régler ?
Enkidou : Oui Gilgamesh, quels comptes sont à régler ?
Dumuzi : Je déclare les gagnants de cette lutte égaux en force. Vous pouvez
vous saluez.
Gilgamesh : Nous voilà semblable en force Enkidou. Tu es beau quand tu sues !
Enkidou : Non Gilgamesh, le plus splendide c'est toi, quand tu dis que je suis
beau.
Dumuzi : Quels comptes sont à régler alors ?
Gilgamesh : Les comptes en banques. Ce sont des contes ou des histoires qu'ont
raconte avec les chiffres...
Dumuzi : Quel
genre de comptes manipulez vous ?
Gilgamesh : Mais monsieur, raconter des
histoires n'est pas une manipulation, que ce soit avec des chiffres ou des
mots, voilà un art plus qu'une arnaque. L'art de voir tomber les mots ou les
numéros. Sympa, non ?
Dumuzi :
Oui, mais dans le bon ordre.
Gilgamesh :
Si vous aimez jouer à la loterie alors je vous confie
que je préfère l'art des chefs à l'art des gens, à savoir si le chef de l'art
est l'argent ? Ça...
Enkidou : Si je vous ennuie dites-le...
Gilgamesh :
Mon petit, tu te sens abandonné. Viens ici que je te
cajole.
Enkidou : Tiens-toi loin de moi... Ça ira.
Dumuzi : Dites-moi. Au bout du ruisseau, il y a la ville ?
Gilgamesh :
Absolument, suivez le cours de l'eau dans cette
direction. Et vous y arriverai...(Direction jardin)
Dumuzi : Mais je viens de là... Vous en êtes certain ? (Dumuzi sort)
Gilgamesh :
Affirmatif.
Enkidou : Tu l'égares.
Gilgamesh : Chut ! Tu es au courant de tout ce
qu’il faut savoir, mentir. Notre petite clé d’Ourouk n’est pas ressoudée. Sois
capable de détourner le propos ou d'affirmer son entièreté sinon, je te
rejette au désert !
Enkidou : Le désert est un enfer. Sècheresse.
La soif jusqu'au bout des ongles.
Gilgamesh: Tu te rebelles ?
Enkidou : Non, j'ai soif. Donnes-moi à boire. (Ils sautent ensemble sur le
cadavre du géant)
Gilgamesh :
Penches-toi sur le ruisseau. L'eau y est fraiche.
Enkidou : Mon image s'y reflète. Ma beauté n'a nulle égal. Oh oui...
Gilgamesh: Nous ferons du désert un paradis fertile Enkidou. Afin de côtoyer les
dieux pour qu'ils se présentent devant notre trône en statues mises à genoux…
Enkidou : Gloups ! (Gilgamesh l'empêche de
se noyer) Gloups ! Du parfum, des femmes et des enfants à manger...
Gilgamesh : Oui. La divinité est en nous,
Enkidou.
Enkidou : A bon, nous sommes des dieux
maintenant ?
Gilgamesh : A deux tiers divin mais
qu'importe le tiers manquant...
Enkidou : Pour être éclatant, il faut d'abord
arriver à s'éclater !
Gilgamesh : Nous avons la clé de la ville,
cette pierre brisée, nous lui survivrons, comme à notre propre peuple !
Trouvons la grande clé Enkidou, celle de la vie éternelle et du pouvoir sans
fin ainsi nous serons statufiés vivants. Viens, suis-moi dans ma quête, et même
Mardouk ne pourra plus nous faire plier.
Enkidou : Mais Mardouk est encore un enfant.
Gilgamesh :
Un enfant gavé et méchant.
Enkidou : Je suis encore plus méchant !
Enkidou :
Présente-moi d'abord à ta déesse. J'ai très faim.
( Lieu: Ourouk. Un astre tombe sur la
ville.)
Conteur : L’astre est tombé sur la ville d'Ourouk. L'idée du
dieu An se réalise pas à pas. Dumuzi est venu d'Eridou possédé par une fièvre
verbale, il s'adresse pour la première fois à un peuple malgré sa mauvaise
prise de parole.
Dumuzi : Ne, ne, ne, vous détruisez pas. L'im, l'im, l'impact sert de
révélation.
Nergal : Qui
il est pour parler à la place du roi ? Surveillez son identité...
Nin : Tu veux
dire que son audace manque de pudeur, Nergal !
Nergal : Silence
déesse, je suis ici incognito, je prépare un coup d'état. Et toi ?
Nin : Je m'occupe
de ton salut Nergal. Ne poses pas ton pain à l'envers.
Nergal : Nin tu es toujours aussi drôle ! Tu sais comme moi que le salut est un
mensonge utile pour nous. Les hommes restent endormis et mordent à l'appât pour
nourrir l'appétit des dieux.
Nin : Ta ligne va casser, tu ne pêcheras plus. Saches que ni Adapa ni moi ne
mangeons jamais, nous nourrissons. Salut à toi Nergal.
Nergal : Déesse
Nin , je te souhaites une honorable damnation.
Gilgamesh : Sois
sincère homme, dis-nous tout, j’aimerais entendre la parole de l'astre.
Dumuzi : Que je ne parle pas à sa place mais bien de la nôtre ! Ne vous
détruisez pas, voilà le message. Fou !
Gilgamesh
: Ton roi t’oblige à te taire et te
renvoie ton compliment de folie...
Enkidou : J'engloutis toute rebellion...
Gilgamesh : Pas
maintenant Enkidou.
Enkidou : Dommage,
j'ai l'estomac qui crie.
Nergal : Uniquement vous pour nous bon roi. Nous sommes là pour bâtir.
Nin : Uniquement
nous pour vous majesté, nous sommes là pour satisfaire vos plaisirs.
Gilgamesh : Il sont innombrables, j'attends une dévotion sans faille. Bien.
Enkidou ?
Enkidou : Oui ?
Gilgamesh : Voici l'homme que nous avions égaré ? Il s’adresse à mes gens en mon
absence, pourquoi ?
Enkidou : Donnes-lui
une correction ! Je peux le dévorer.
Inanna :
(Innana entre) Cet homme se nomme Dumuzi. Il est mon
serviteur.
Gilgamesh : Déesse, je salue votre arrivée à Ourouk. Comment connaissez-vous son
nom ?
Innana
: Mon père voit dans l'avenir
et j'ai vu mon père. Il est berger venu d'Eridou. Dumuzi a évité l’émeute de
ton peuple après la chute de l'astre. Il vous a rendu service.
Dumuzi : I, i, i, i, Innana, je suis là pour apprendre, quel honneur de, de, de,
de...
Nin : Bègue ! On interrompt pas la déesse quand elle parle !
Dumuzi : Nin, mais que fais-tu ici, tu devrais être à Eridou ?
Nin : Chut... C'est un secret.
Innana
: Ne vous moquez pas de son
infirmité, je m'engage à protéger cet homme. Les étoiles disent que Dumuzi sera
d'un grand secours. Que veux-tu apprendre berger ?
Dumuzi : L'a, b, c.
Enkidou : Inutile connaissance. Tu perds du temps avec un analphabète.
Innana : Tu ne sais ni lire ni écrire Enkidou.
Enkidou : Il y a d'autres savoirs qui méritent plus d'ardeur.
Nin : Comme savoir vivre avec ardeur !
Gilgamesh :
Si tu chausses la déesse, elle te blessera le pied
Enkidou.
Inanna : On ne me compare pas à une chaussure Gilgamesh.
Nin : Vous connaissez les sentiments de la déesse pour votre personne. Innana
vous implore. Bon roi, ne jouez pas avec son âme, elle enlace déjà la vôtre !
Enkidou : Son cœur ne bat plus de sang...
Inanna : Tu ne vois que mon corps et tes yeux sont trop faibles, bête à poil.
Gilgamesh : Mon ami, hélas, elle préfère le berger.
Inanna : Gouvernez à mes côtés Gilgamesh, vous ne regretterai pas cet animal
encombrant.
Enkidou : Je
suis un bipède, donc un humain!
Gilgamesh :
Ton vocabulaire est raffiné mon moi. Tu la connais à
peine et elle te brise déjà les sentiments... Innana, vous n’êtes pas venue
sauver ce nomade du jugement ?
Innana : Les dieux n'aiment pas vos manières. Unissez-vous à moi et j'apaiserai
leur fureur.
Dumuzi : L'astre a dit, ne, ne ,ne vous dé, dé ,détruisez pas... Je, je ,je
,je...
Gilgamesh : Vous partez Dumuzi ! (Dumuzi sort) Quel vent vous amène vraiment
déesse ?
Innana : Une souveraineté conjointe. Rappelez vous les intérêts de mon père à
Ourouk. Mon temple est attendu. Vous le bâtirez exactement là où l’astre est
tombé.
Gilgamesh : On-t-ils entendu ?
Nergal : Oui, le temple sera bâtit et...
Gilgamesh : Agissez selon ses ordres.
Nergal : Nous écroulerons. (Nergal sort)
Innana : J’ai entendu parler de vos exploits Gilgamesh. Vous avez vaincu un
géant ?
Enkidou : Il n'y
est pour rien, tu ne parles que de mon talent !
Innana : Tu nous
as caché un autre talent que ton odeur immonde ?
Enkidou : Oui, beaucoup d'autres.
Gilgamesh : Un chef de cité a d’autres amourettes à fouetter Enkidou. Ses bijoux,
son vin, même sa gloire la renforceront, mais sans moi et sans toi ! Tu auras
ton temple seule Innana.
Innana : Je vois toujours un homme Gilgamesh ! Et les hommes ont soif…
Acceptez-moi pour vous abreuver.
Gilgamesh : Déesse infertile ! J’ai mon peuple pour
témoin. Aujourd’hui, l’humain a triomphé sur le divin. J'ai refusé les
compliments de la déesse de l'amour.
Innana : C'est une erreur, une grave erreur qui mène à la guerre.
Gilgamesh : (Face fond de scène) En voici la preuve peuple ! La clé de la
ville m'appartient. (Gilgamesh tient la petite clé d’Ourouk
« comme » réunifiée dans sa main.)
Nin : Puisque Gilgamesh a refusé. Regardes-la dans les yeux. (Enkidou fixe
Innana)
Enkidou : Tu reconnais ma beauté sauvage. Goutons-y Innana.
Gilgamesh : Les hommes nous confondent parmi les dieux. Je suis adulé. (Le roi
revient)
Enkidou : Ah, oui... Oui... Ah! Pas moi. (Enkidou s’effondre)
La femme : C'est fini, la fièvre envahit votre ami...
Gilgamesh : Non... Vous ne pouvez pas.
Innana : Mon œil de mort a jugé vengeance. Je suis déçue Gilgamesh.
Gilgamesh : Et moi donc...
Nin : Dommage pour la déesse, la mort d'un animal ne remboursera pas sa
dette...
Enkidou : Ah...
je meurs, écrit à maman... Dis lui, dis lui qui... aimer simplement.
Gilgamesh : Tu
mérites le pire. Tu as coupé la vie d'un roi.
Nin : Je comprends votre douleur, la plaie guérira. Vous l'avez dit. Vous
êtes souverain.
Innana : J'ai appris par mon père que la vie ne nous appartenait pas Gilgamesh.
Vous avez refusé son offre. Faites le deuil de votre double et bâtissez mon
temple, la grande Innana va régner ! (Elle sort)
Gilgamesh : Tu
sais bien que maman ne t'a jamais connue. Tu me manqueras Enkidou.
Pompôdom :
Comment comprendre le soleil
Apprendre à saisir éternel
Sous châtiments et sous merveilles
Depuis le ciseau jusqu’à la pelle
Une cause sollicite le monde
A galoper sur ses prières
Courber le destin des secondes
Monter l’étalon de lumière
La pomme résiste à l’amour
La foule résiste au gens
L’avenir de toujours
Se joue maintenant
Je suis tombé dans les orties
On m’a enlevé le bon ami
La cour de récrée c’est la vie
Frappe le ballon tord ta cheville
Je suis prêt à perdre l’équilibre
Le désespéré veut valser
Où est le concours de l’homme libre
Si ce n’est apprendre à se lever
La pomme résiste à l’amour
La foule résiste au gens
Qui est digne de toujours
(Lieu: entre ciel et terre. En barque. A la
table d’An)
Conteur : Adapa, venu d’Eridou, rend visite au dieu An. L'Apkallu vient de tuer
un démon, un des sept vents, voilà pourquoi les faveurs sont données à Adapa
par le dieu du ciel. Il ne reste plus que six démons à abattre dans tout le
cosmos. N'est-ce pas merveilleux ?
An : Rafraîchis toi.
Adapa : Au service d'Ea, je prendrai bien un peu d'ombre.
An : J’ai mis à ta disposition un buffet de premier choix. Je voudrais
t’élever un autel.
Adapa : La nourriture que tu me proposes ferait de
moi un dieu. C'est tentant. Mais je verrais passer ma génération. Laisses-moi
me coucher.
An : Jamais je n’ai entendu quelqu'un refuser la vie éternelle. Ils vont te
huer perdant. Manges-en avant que cela n'arrive.
Adapa : Oh là ! On ne réveille pas le soleil, on attend qu'il se lève.
Nin : Voyons
dieu An. Ne te vexes pas. La vie d’homme nous suffit. Tout y est promis.
An : Cumulonimbus
! Votre source spirituelle m'épate.
Nin : Non, elle
t'appâte. Occupe-toi de ton ciel.
An : Eclipse ! Pour l’exploit d’Adapa, tu peux maintenant apaiser les
maladies du démon parmi les hommes.
Nin : C'est un bien pour les hommes.
Adapa : Rappelles-toi que nous dormons à l'ombre mais que nous ne mangeons pas.
Nin : Couper les ailes d’un démon n’est pas absolument joyeux, mais presque
!
An : Pour avoir tué l’un des sept vents
démoniaques, je n'ai que ma joie à vous donner.
Nin : Nous ne la cherchons pas, nous la donnons aussi. Gardes-la bien.
Adapa : Que les faucons s'envolent et que les vrais restent au sol !
An : Cumulonimbus ! (An sort )
Nin : Tu es le plus sage de tous les
Apkallus, le plus bête de tous les hommes ! (Nin glisse à Adapa un secret à
l'oreille)
Adapa : J'ai bien compris ? Nin : Un
nouvel appât. Adapa : Oui. Longue vie au gain, de gain en gain...
Toujours plus.
Chaine-lin :
A nos aïeux à nos ancêtres
A l’infanterie d’un présent passé
L’inépuisable nourricière
Éponge d’époques et de poussière
Savoir équestre sciences des âmes
Et découvertes d’épouvantail
Chassant les oiseaux dormeurs
Des donjons de l’intérieur
Disgrâce oblique à la matière
Naissance de rêve impossible
Et l’homme tendu comme une étoile
Des millésimes d’amours zébrés
Que l’on boit les soirs d’été
Quand il fait calme à l’horizon
D’une poitrine ensoleillée
Révérant l’écho des minéraux
A votre santé
Je bois pour être des vôtre
Dans cette nuit
Bonne journée
(Au temple Innana dans la ville d’Ourouk )
La fille : J'étais
là avant vous.
Nergal : On a toujours une bonne raison pour passer devant les autres ! Combien
la passe dans cette bâtisse ouverte ? (Il lance une pièce à la femme)
Nin : (La femme ramasse la pièce) C'est toujours
trop peu pour le temple. Les impayés sont nombreux. Le lieu est neuf.
Nergal : Un rabais pour la fillette ?
La fille : Moi ? Je suis mal tombée non ?
Nin : Tu n'es pas initiée ? Pauvre enfant, il ne fallait pas rentrer. Tu
vas satisfaire cet homme.
La fille : Je ne suis pas venue ici pour me prostituer ! Je veux comprendre
pourquoi cet astre est tombé. Mais apparemment vous l'ignorez tous.
Dumuzi : Si je donne mille pièces de mieux, la petite vient avec moi.
Nin : (La femme reçoit la bourse) Bien, j'accepte.
La fille : On ne m'y reprendra pas !
Nergal : Un jour, tu regretteras d'avoir donné autant berger.
Nin : Monsieur, déclarez votre identité. (Nergal sort) Un faux maître d'oeuvre. (Nin sort)
Dumuzi : Je te conseille un autre temple si tu veux entrer en adoration.
La fille : Il est vrai que l'astre veut nous dire quelque chose ? Pourquoi ce
silence ?
Dumuzi : Il m’a simplement amené à cette conclusion : l'astre s’est
dépouillé de la parole. Il nous laisse parler.
La fille : Qui
donc ?
Dumuzi : Un autre, surtout si tu l'ignores. Tu marches et ton pied heurte la
pierre, qui parle ?
La fille : Je
ne sais pas.
Dumuzi : La
parole de la pierre et de la prairie.
La fille : Il y a quelqu'un dans la prairie ? Mais comment saisir le message de
l'astre ?
Dumuzi : Quel
message ?
La fille : Ne vous
détruisez pas. C'est toi qui l'a dit.
Dumuzi : Je ne
sais pas. L'astre se tait. Je ne parle que par instint. A toi de te découvrir.
La fille :
Qui sait ?
Dumuzi : Moi,
c'est quand tu veux.
La fille : Pas
aujourd'hui... (La fille sort)
Dumuzi : Dommage.
(Innana entre) La, la, la, l’astre m’a guidé vers
vous Innana. L'impact !
Innana : Le
mouvement a commencé.
Dumuzi : Partout,
il est partout.
Innana : Ne vous faites pas d’idées. Nous serons mariés, cela suffit.
Dumuzi : Mariage,
me, me, moi, marié ! Un aventurier pe, perdu avec la ba, bague au doigt ?
Innana : Je
vous aime ! Ne le voyez vous pas ? C'est écrit…
Dumuzi : Non,
non, vous venez se, se, seulement de de de, de, le dire. Ce n'est pas écrit.
Innana : Et
vous, vous ne dites rien ? Je vous aime, mon corps entier en a gravé la lecture
!
Dumuzi : Où
ça ? Je ne sais vraiment pas lire. Vous, vous, vous aimiez Gilgamesh.
Innana : On a les révélations qu'on mérite.
Dumuzi : Déesse de
l’amour...
Innana : Allez
vous en !
La fille : T'es
timide toi.
Dumuzi : Cela
dépend avec qui. (Dumuzi sort avec la fille)
Nin : (Nin entre avec message) Message pour Innana depuis les profondeurs. Rappel de paiement et
remboursement de dette : la vie d’un dieu en gage de ton ancien séjour en
enfer. Ereshkigal, votre sœur.
Innana : Dumuzi
est aussi visqueux qu'un poisson.
Nin : Restez
insensible comme moi vous en aurez moins de tracas.
Innana : Je marche
dans la joie.
Nin : Vous n'allez
pas laisser votre trône à un mauvais mentor !
Innana : Je serai
heureuse parmi ses brebis. Imagines-moi sur la montagne.
Nin : Si Dumuzi
abandonne son troupeau et sa famille il vous laissera aussi.
Innana : Ce
campagnard est un future dieu. Ne me contredis plus !
Nin : Vous avez
des décisions rapides, on peut penser à une erreur...
Innana : C'est toi
l'erreur servante.
Nin : Parfait,
vous rembourserez votre dette à la bonne heure.
Assermenté :
Les oiseaux sont solitaires ce soir
Ils se cachent dans les angles noirs
Afin de comprendre l’errance
Et le revers de la chance
Ils ont envie de vivre
Voler aux confins du temps
Brûler la flamme des soupirs
Qui leur a fait son serment
Mourir mais pour renaître
Et ne pas perdre la tête
La maladie dans les entrailles
L'envie n'est pas sans failles
Mourir mais pour renaître
Sous les piqûres de guêpes
Enfin discerner les rails
Dans l’or de nos entailles
Mourir mais pour renaître
Enfin relever la tête
Dans la poussière des villes
Laisser les ombres tranquilles
Mourir mais pour renaître
Saisir les parfums de fêtes
Au creu des perles de nos cils
Sous lesquelles nos
vies s'inclinent
(Lieu: les
enfers)
Conteur : Enkidou, tué par la fièvre magique d'Innana, est
séparé de son ami Gilgamesh. Le sauvage se rend au lieu antique et infernal qui
n'est autre que le désert, tant redouté par sa personne. Le voici en face
d’Ereshkigal, déesse du monde des morts.
Enkidou : J'ai
deux tiers divins ! On pourra bien s'arranger.
Ereshkigal :
Un petit tiers fait la grande différence.
Enkidou : Sssssss.... Tss... Sssssssss... !
Ereshkigal : Cesse ! Je te déconseille l’insulte avec moi.
Enkidou : Mais...
Ereshkigal : Chut mouton ! La reine des enfers pardonne parfois. Les nouveaux
arrivants doivent se souvenir des anciennes règles encore trop souvent.
Souffrir avec politesse.
Enkidou : J'en
suis incapable... Vous m'obligez à vous de le dire... folle !
Ereshkigal : Double
temps à l'empire de la soif ! Bon retour au désert Enkidou.
Enkidou :
Enflure putréfiée… Puante ! Sècheresse...
Ereshkigal :
Quadruple, octuple… (Enkidou sort possédé)
Nergal : (Nergal vient avec Mardouk) Ereshkigal, mon épouse. Je t’importunes
dans tes affaires douteuses bien que les miennes ne soient pas meilleures...
Nous n’en avons pas pour longtemps.
Ereshkigal : (Elle
l'arrête d'un geste) (...)
Nergal : Mon
amour, j'ai une affaire à régler en ville…
Ereshkigal :
Non Nergal, retournes ton pain, il est à l'envers.
Nergal : Mon pain n'est pas celui-la. J'ai déjà lancé mes lignes.
Ereshkigal : Les hommes sont fatigués de ta famine. Ils apprennent le partage sans
assurances. Je travaillerai dur pour que tu n'ai plus aucun pouvoir.
Nergal :
Mardouk. Question d'éducation.
Ereshkigal : Si
tu perpétues ton massacre, je serai débordée de travail.
Nergal : Alors
je serai ton bourreau. Tu mangeras de mon pain. Mardouk doit voir le monde.
Ereshkigal : N'est-ce
pas le but d'un jeu que d'y prendre part ? J'ai dit non Nergal !
Nergal : Ne me
saoule pas vieille absinthe !
Mardouk : Mauvaise herbe !
Ereshkigal :
Tais-toi Mardouk ! On dit demeurer à l'ombre...
Mardouk : Demeurer dans l'obscurité, c'est toute ma vie...
Ereshkigal
: N'y vas pas fils.
Nergal : Pour ton avenir j'ai mieux, le mien.
Viens Mardouk.
Ereshkigal
: (...)
(Correspondance entre Adapa et Dumuzi)
Dumuzi. J’ai vu la
signature au dos de la commande. Palais d’Ourouk, pour la cuisine des fêtes.
Des centaines d’échoppes nous demandent. Si les gens ne font pas de pain
là-bas, mais que font-ils ? Et toi, que deviens-tu ? Nous allons
être parent ! Ton frère Adapa.
Adapa !
Félicitation. Si tu voyais les femmes du pays ! Votre bonheur a de quoi me
rendre jaloux. Ici, les hommes ne sont que des chiens errants et sédentaires,
mais le vin est de première qualité !
Décidément, Ourouk
rayonne. La ville chante et clame. Quelques uns de mes ouvriers y sont déjà
partis. Les cerveaux s'en vont et les bras restent. Tu me payes avec du vin. Je
ne vais pas pouvoir accepter. Je dois investir. Répondre à votre demande.
Me voilà déifié et embarqué pour une noce ! Enkidou est divinement
mort, une fièvre infecte, répugnante. Le souverain Gilgamesh a longtemps
pleuré. Il est partis, voyageant seul en quête du présent immortel. Salut
Adapa.
Poussée-savante ;
A tous les dieux de la veille
Les langues en ouvre bouteille
Voici le grand soir des conseils
La naïveté c'est pas pareil
Et on se sent à tout instant
Capable de partir
De s'en aller de fuir
Le nom du sage
Tout est rempli pour se vider
Ce qui se vide sera rempli
On a tout vu à la télé
A notre place ils ont tout dit
Et on se sent à tout instant
Capable de choisir
De s’en aller de dire
Les noms des mages
Alors appelles toute la jeunesse
L'argent c'est pas du tout du temps
La seule évidence qui paraisse
Est que l'argent fait passer le temps
Et on se sent à tout instant
Capable de saisir
D'interroger de rire
Des gens qui savent
On est léger et presque idiots
Ouvrant grand les bras au monde
On sait qu'on sait pas et c'est beau
Ça nous embrase à chaque seconde
Et on se sent à tout instant
Capable de partir
De s'en aller de fuir
Le nom du sage
La ville va désserrer son col
Ses bâtiments s’en grattent du ciel
Se flattant dans tous ses symboles
Elle sait que le monde veut du miel
Et on se sent à tout instant
Capable de choisir
De s’en aller de dire
Les noms des mages
Et d'autres ont très bien étudié
Comment briller au réfectoire
La grande leçon qui dit on sait
Salut les phénomènes de foire
Et on se sent à tout instant
Capable de saisir
D'interroger de rire
Des gens qui savent
On demande au peuple solaire
Considérez les réverbères
Car s’il nous privent des lampions
Toujours l’aube point dit-on
Et on se sent à tout instant
Capable de semer
De replanter de voir
Que les gens bougent et poussent
La décadente :
Elle est tombée la grande
Du haut de sa puissance
Étonnante luxuriance
Les yeux pauvres balancent
Pirate selon ses lois
C’est sa prison qui gagne
Patronne du haut d’un mat
Elle joue à la montagne
Elle coule déjà sa flotte
Son prétendu empire
Elles prennent l’eau ses bottes
Et elle croit qu'elle respire
Ils la délaissent les gens
Les chanteurs de ses gloires
L'amour peut faire semblant
Une heure a fait son soir
Elle meurt bien oui elle meurt
Elle meurt mais elle s’accroche
Sa violence cache sa peur
Mais lui déchire les poches
Une main pour se tenir
Et l’autre pour le navire
On finit dans les eaux
Quand on veut pêcher gros
Elle est tombée la grande
La marine décadente
L’ivrogne gouvernante
Les yeux pauvres balancent
Voilà la ténébreuse
La noyée dans la mer
Jamais plus sera heureuse
Puisque coupée du mystère
Qui donc était semblable
Pour trafiquer ses larmes
Elle fut appelée à table
Et elle riait des armes
La gloire son océan
La colère fend son front
Blasphémant sans argent
Elle boit son compte bon
Elle est tombée la grande
Celle qui boit la candeur
Elle abreuve la fureur
Les yeux pauvres balancent
Sa coupe est mensongère
Elle tuera l’innocence
Pourtant fille de la terre
Elle boit le sang de l'espérance
Que faire de la bêtise
Du désolé du peu
Alors face à sa guise
La fin en vaut bien deux
On meurt oui ça on meurt
Elle mérite bien la mort
On meurt elle meurt elle meurt
C'est nous son coffre fort
(Dans la salle du trône d’Ourouk, les restes
de la fête.)
Conteur : Ivresse, volupté et sommeil, se sont lentement déposés sur la ville
d’Ourouk. Les noces de la déesse de l’amour dépassent tout ce que vous pouvez
imaginer. Le trône du royaume malheureusement pour Dumuzi, est délibérément
vide et Mardouk se pointe.
Nergal : La famine
est là ! Je frappe à la porte.
Nin : Occupez-vous de votre pain démons !
Nergal : Nourris-nous
servante !
Nin : C'est
malheureusement mon rôle.
Mardouk : Je
veux m’asseoir sur le trône, père. Laisse-moi y aller.
Nergal : Patience
Mardouk, tu n'as pas faim après tant d'années au désert ?
Mardouk : Je
veux manger sur le trône et leur jeter du pain !
Nergal : Attends,
le trône viendra à toi. Profite du grand air en surface, cela ouvre l'appétit.
Mardouk : (Il s'assied sur le trône) Vouvoies moi
papa !
Nergal : Mardouk
! C'est le monde à l'envers !
Mardouk : Moi.
Moi. Moi.
Nergal : Bien.
Mardouk : Leader mondial incontesté... Hou! Hou! Cling ! Cling !
Nergal : Bien,
bien...
Mardouk : Non, pas
bien. Je suis : Hou! Hou! Cling! Cling!
Nergal : Bien,
bien.
Mardouk : Non, pas
bien. Je suis : Hou! Hou! (Dumuzi entre)
Dumuzi : Cling,
cling, bien, bien, très beau discours. Que brille sa statue! Qui est ce garçon
?
Mardouk : Je suis
Mardouk, le plus grandissime demeuré de l'obscurité.
Nergal : Tais-toi
Mardouk, ne dis pas cela.
Mardouk : Mais
maman m'a dit que...
Nergal : Je
m'occupe de communiquer. Toi, souris bêtement.
Dumuzi : Donnes moi de l'eau servante. (Nin apporte de l'eau) Gloups !
De l'eau de mer ?
Nin : Pourquoi tu n'as pas répandu le sel ?
Dumuzi : Nin, mais que font-ils ici ?
Nin : Tu perds ta ville arbuste !
Mardouk : Je vends
mon buste en duplicata d'images. Achètes-en-une ! Allez...
Dumuzi : Con ,
con, con, combien votre effigie ?
Mardouk : Bien
plus que la vôtre évidemment. Regardez mon sourire bête. Ça vaut de l'or.
Nergal : Il est jaloux de tout, montrez lui que vous êtes soumis, achetez-la. Je
vous donne ma carte, pour les promotions d'été. Les soldes font fureur sur les
conversions. Et le réveil tardif est au rabais.
Dumuzi : Merci. Mais il faudra arrêter de jouer. Mon épouse va se fâcher. (Il
sort)
Mardouk : Pour ma première décision... Tout me permettre. Deuxième décision...
Heu... Casser ? Non... Démolir ? Non... Détruire ? Non...
Nergal : Anéantir
?
Mardouk : C'est ce
que j'ai dit, anéantir !
Nergal : Alors, nous nous hâterons d'annihiler !
Mardouk : De quoi ? Nergal : Rien, rien... Justement. Plus rien du tout.
(Lieu: Eridou)
Adapa : Quel temps
magnifique !
An : Je tonne, je
gronde, je foudroie... La terre tremble. Maudite Innana !
Nin : Les sociétés vivent et meurent, Eridou est déjà derrière moi...
An : Je partage votre deuil, la pluie ne s'arrête plus et les nuages sont
bas...
Nin : C'est toi qui commande dieu du ciel.
Adapa: Je me dis : plein soleil et rosée du matin, c'est en moi !
An : Tu te préoccupes du climat alors que vous mettez la clé sous la
porte ? Pathétique.
An : Voilà, soleil et rosée... J'y suis.
Nin : Tu ne perçois pas l'éclair ?
An : Non, j'entends seulement le grondement.
Nin : Pourtant, on n'est pas vivant pour rien !
An : Un dieu n'est jamais hors-jeu même mort.
Adapa : Si on
t'appâte, tu ne mors pas à l'hameçon ?
An: Tu es le perdant Adapa, la ville et l'entreprise ont fermé. La cité
Eridou est tombée. Je tonne, je gronde, je foudroie... La terre tremble. Maudite
Innana !
Adapa : Quel temps magnifique !
Nin : Donnes-lui une chance sans revers. Elle est ta fille.
An : Tu es
enceinte Nin. Je t'accompagne. Comment allez-vous l'appeler ?
Nin : Météo ou Sismo,
je ne sais pas encore.
Adapa : Allons donc percer les brumes !
(La salle du trône, temple d’Ourouk)
Conteur : Humiliée par la situation, la déesse Innana décide d'appliquer une
solution radicale pour amener la ville au calme. Un responsable doit être
désigné. Dumuzi va payer pour avoir négligé la protection du trône.
Dumuzi : Tu
penses ce que tu dis ?
Innana : Je prouverai d'abord que tu es coupable !
Dumuzi : Tu crains Ereshkigal. Cette déesse n'est plus qu'une femme, elle a peur
de sa sœur.
Innana : Assez
! Une dernière requête avant ta condamnation ?
Adapa : L'appât,
Dumuzi. Rappelles toi la destinée de l'appât à chaque génération.
Dumuzi : L'appât nait du gain ! Voici mon gain. Je me donne par don.
Innana : Parfait, il a demandé pardon.
Dumuzi : Je ne suis pas le pêcheur. Je suis l'appât sans canne et sans hameçon.
Innana : Il
délire. Ce fou ne mérite pas le nom d'homme. Par cette parole de fer, le
printemps meurt. (Innana poignarde Dumuzi)
Mardouk : Hou
! Hou ! Cling ! Cling !
Nin : Son troupeau est dérobé. Sa ville est ruinée. Dumuzi est simple berger.
Adapa : Sa présence suffit maintenant, ne cherches plus Nin.
Dumuzi : J’ai trouvé mon destin, je vais…
Nin : Laisse-moi
le guérir. Son cœur bat.
Adapa : Non,
laisses-le partir…
Nin : Je peux le soigner !
Nergal : Il est à
moi maintenant. (Nergal emporte Dumuzi)
Adapa : Dumuzi ne possède qu'un pressentiment de la providence. Il suppose
l'appât libre.
Nin : J'aurais voulu le sauver.
An : Ma
fille, qu’est devenue ta ville ? D'où vient ce sang .
Innana : Je me donne à Dumuzi et il ne protège pas le trône ! Au moins, je ne
dois plus payer ma dette. Je suis quitte. J'irai me laver le corps dans mon
lac, demain, je suis déjà vierge. Ne t'inquiètes pas, père. Regardes les constructions
d'Ourouk. Regardes mon temple.
An : La ville est belle! Va dans ton lac.
(La salle du trône, temple d’Ourouk)
Adapa : Exposons l'altérité tel qu'elle est et
déclarons enfin l'impair.
Mardouk : Le tiers sans pair ? Zéro, deux, quatre,
huit... J'y arrive pas.
An : Nous sommes trois. Deux n'existe pas... Je
ne suis pas ton rival. Mais puisque tu comprends le langage des armes Mardouk,
et uniquement celui-ci...
Adapa : Nous nous y abaisseront pour que les hommes
gardent espoir.
Mardouk : Je suis l'espoir, la confiance, la lumière,
l'organisateur du monde.
An : Un fils de la famine !
Adapa : Lève-toi veilleuse.
Mardouk : Au secours, ils m'assiègent... Je suis le
jouet de l'injustice. Père, mais pourquoi m'as tu abandonné ? Père ?
Adapa : Garre aux gamin. C'est un faux-cœur. Ne le
laisses pas t'intimider.
Mardouk : Nergal ? Au secours. A l'aide.
An : Détrompes-toi gamin. Ceci n'est pas un duel,
il y a un enfant entre nous. Saisi donc ton arme.
Mardouk : Je suis un enfant moi aussi. Un tout petit
enfant. On ne place pas les enfant en ligne de front, vous seriez ignoble. Papa
? Bien je descends.
Adapa : Tu tombes déjà Mardouk. (Duel,
Mardouk perd)
Pumpûdum :
Et si ta main saisit la mienne
La gauche peut s’unir à la droite
Coucher le choix d’une juste peine
Donner son cœur dans une boite
Les langues vont frapper l’épée
Ami tu graisses ton bouclier
J’espère que tu as bien mangé
Essuie ta bouche tu vas parler
La pomme résiste à l’amour
La foule résiste au gens
Qui est digne de toujours
S'il n'est pas présent
Il y a une flèche à décocher
Entre l’amertume et le miel
Pendre l’étoile tant amochée
Tendre la vie en arc-en-ciel
Soldats vous passez à la guerre
Aimez toutes les prisons du monde
Les uns pâtissent dans la misère
Les autres rient et font la ronde
La pomme résiste à l’amour
La foule résiste au gens
L’avenir de toujours
Se joue maintenant
(Lieu: les
enfers)
Dumuzi : ( Nergal le livre à Ereshkigal ) Qui je suis
à ce jour ?
Ereshkigal :
Je te salue printemps ! Tu vas renouveler.
Dumuzi : Je ne suis plus dieu, Innana enlève ma divinité. Traitresse ! Pourquoi
renouveler ?
Ereshkigal :
Et si tu changeais de question, non plus pourquoi mais
pour qui ?
Dumuzi : (...) Pour qui quoi ?
Ereshkigal : Pour qui, qui ? Arbuste.
Dumuzi : Depuis les enfers, je vois ma destinée. Mes brebis, mon troupeau, tu
les connais ?
Ereshkigal : Ton épouse les a retrouvé, n'ai plus d'inquiétude pour tes agneaux.
Dumuzi : Parce que tu l'appelles encore épouse ? La traitresse !
Ereshkigal : Tu retourneras sur terre pour qu'il n'y ai plus de scrupules, mais
d'abord, tu devras comprendre que les scrupules servent la grâce. Alors oui,
elle est ton épouse, ta sœur ou ta fille, ta tante et même qui sait ? Ton oncle
dans une vie. Ta déesse te ressemble en tout !
Dumuzi : Je suis venu pour payer une dette, celle d'Innana.
Ereshkigal : Parce que tu me vois comme une banque ? La mort reprend et nulle ne la
paye.
Dumuzi : Pourquoi alors...,
Ereshkigal : Tu m'agaces... Je dis toujours non au pourquoi.
Dumuzi : Pour qui mourir ?
Ereshkigal :
En te tuant, Innana a trop pleuré et le désert a bu
enfin. Un jaillissement au milieu de la sècheresse a voulu réunir ton troupeau.
Une source qui a réussit à donner à boire au fils de personne et à l'ami de
personne.
Dumuzi : Mais qui est le fils et l'ami de personne ?
Ereshkigal : Tu ne le sais pas ? Et bien... (...) C'est l''homme.
Dumuzi : Je ne comprends pas.
Ereshkigal : Un sujet qui veut tout dire à la fois reste le sujet qui fâche
l'esprit.
Dumuzi : Merde.
Ereshkigal : Chut ! Pas d'impureté ici. Plus jamais.
Dumuzi : Que vont-ils raconter après ?
Ereshkigal : Des anecdotes.
Mardouk : (Il entre avec Nergal) Hou! Hou! Cling! Cling! Hou! Hou! Cling!
Ereshkigal : Alors, cette expédition ?
Nergal : Sans commentaires Mardouk. Le silence
est meilleur compromis. (Ils sortent)
Mardouk : Cling! Hou! Hou!
Cling! Cling! Hou! Hou! Cling! Cling!
Ereshkigal : Tu vois Dumuzi, Nergal a mal au
ventre. Que vas tu faire maintenant ?
Dumuzi : Je n'en sais rien. J'ai envie de
tout.
Ereshkigal : Pour un âne, l’homme avait
fait d’une carotte un dieu. Au nom de celui dont tout le monde parle, l’âne
avançait. En ce temps là, pour les ânes, dieu n’était encore qu’une carotte.
Où va la joie :
Parler pour partager le feu
Sans lui laisser aucun répit
Tant qu’on évitera nos yeux
On peut rester abasourdi
Laissant passer le temps
A garder nos bouches fermées
Les oreilles des vivants
Sont pas emprisonnées
Imbu de lui-même l’animal
Toujours la même idée
Oh moi je suis génial
Je me dois de tout fermer
Où va la joie dis-moi où va la joie (bis)
Faut-il encore suivre un discours
A quoi ça sert de parler beau
Dans la bande des sans-amours
Personne ne dit son premier mot
Vois la poussée du germe
Ou le mensonge des gens
Une force qui t'aime
C'est toi évidemment
On murmure doucement
Au creux de leurs oreilles
Qu’ils sont vraiment dedans
La chanson les réveillent
Où
va la joie ils disent où va la joie (bis)
Puisque saisir un fruit mûr
Rend hommage au printemps
Même si l'été est dur
On cueillera les absents
Le silence est en nous
Jaillit du fond de l’âme
Remplir les cœurs trop mous
Verser le feu la flamme
Non rien de compliqué
Le cœur gravé dans le chêne
La voix peut s'étonner
Et dissiper la haine
Où
va la joie dis leurs où va la joie (bis)
(Lieu: Ourouk, le trône.)
Conteur : Au retour de son périple
Gilgamesh se retrouve les mains vides. Comme si il avait trébuché sur une
pierre, il l'insultait et la lança sur un arbre. Aie !
Gilgamesh : Qui gouverne mon royaume ici
?
Nin : Innana pleure son amour sale, elle
est partie retrouver sa virginité dans son lac.
Adapa : Car elle a tué son amour propre
et Dumuzi son époux. Le trône a connu des impacts durant votre absence. L'ombre
de Mardouk a plané sur votre royaume.
Gilgamesh : Mardouk ? Maudite misère...
D'impacts en désastres, on enlève les étoiles du ciel. Hélas moi aussi, j'ai
échoué, ni grande clé, ni éternité !
Adapa : A mon sens, vous aviez déjà
compris. D'impact en audaces votre voyage vous a vérifié...
Gilgamesh : Nous sommes de simples locataires,
Adapa ! Esclaves de leurs maisons.
Adapa : Pauvre sire ...
Gilgamesh : Un amuseur désabusé en quête
de vérité. Pour être vrai Adapa, est-ce que je dois tout dire à mon peuple ?
Adapa : Oserais-tu un jour lui parler
de la toute petite clé de pierre…?
Gilgamesh : Non, jamais ! Elle est
brisée ! L'authenticité d'un roi s'arrête à ne jamais annoncer sa fin.
Pardon... Depuis que j'ai perdu mon ami, je suis devenu incontrôlable...
Adapa : Un roi qui pleure, c'est du jamais
vu... Levez vous, si le peuple se moquait...
Gilgamesh : Je m'en fout ! Une nation
s'indigne parfois du travail d'un bon roi. Savoir n'est que serpent qui se
mort la queue. Quel age avons-nous ? Celui de l'époque ayant dérobé ma fleur
d'éternité lorsque je me suis assoupis. Ce reptile a mangé ce secret si bien
mérité, sans aucune honte d'ailleurs. Il a anéantit ma clé, ma fleur de
jouvence, et me voici à nouveau mollement mortel et frontalier. Je ne
serai jamais éternel...
Adapa : Vous avez le mérite de montrer
vos sentiments, pas besoin d'avoir honte en plus.
Gilgamesh : Non, c'est vrai.
Adapa : Enfin, vous pouvez le dire maintenant.
Gilgamesh : Quoi donc ?
Adapa : Votre échec.
Gilgamesh : Je n'ai pas échoué. J'ai raté...
j'ai dévié ! N'oubliez pas que je suis divin.
Adapa : Même si ce sont des tiers, cela fait
toujours deux sans trois.
Gilgamesh : Ce petit débordement reste entre
nous Adapa...
Adapa : Malheureusement. (Innana entre avec
Nin)
Innana : D'où vient mon éclat ? Quel est
mon ravissement ? Où va mon âme ?
Nin : Dans un corps. Un battement.. Une
personne. La parole est un glaive...
Innana : Oui, je dis oui et je tranche... Un
poignard d'or, une langue qui bois.
Nin : Ta plaie se soigne.
Innana : Je ne veux plus guérir, je veux
simplement bien mourir.
L'enfant :
Qui voit l’enfant qui dévisage
La terre dans sa main son présage
Il dit tant pis pour tous les sages
Il marche sur le temps sur les ages
Guerrier silencieux de révolte
Comment ton cheval se nomme
L’esprit une main en ouverture
Trotte bien plus vite que le vent
Brossée en chansons en prières
Nourrit au foin et galopant
Il peut fouler terre mer et air
M’a-t-il répondu fièrement
Enfant qu’as tu fais de ta mère
Je l’ai bercée pour qu’elle s’endorme
Enfant qu’as tu fais de ton père
Il ne m’a laissé qu’une pomme
Et j’ai croqué sa seule blessure
Son négatif du seul présent
Et j’ai goûté l’ombre de l’homme
Unique lumière de révolte
Alors mon âme s’est retournée
L’enfant sourcier délibéré
Au cou du cheval un collier
(Lieu: Ourouk)
Ereshkigal : Innana...
Innana : Que fais-tu là ? Si tu viens me
chercher sache que je me bannis. Je pars cette nuit.
Ereshkigal : Ta dette a été remboursée. Je
voudrais te présenter un homme.
Innana : Non, plus maintenant.
Ereshkigal : Un homme revenu de mon royaume.
Innana : Dumuzi ?
Dumuzi : Oui. I, I, I, Innana. C'est, c'est,
c'est, c'est moi...
Innana : Je te rend ton troupeau mais
laisses-moi. Je ne suis plus digne. Va-t-en.
Dumuzi : Si, si, tu l'es, c'est, c'est, c'est,
c'est, c'est, c'est, c'est... écrit !
Innana : Non, ce n'est plus écrit, je
m'en vais, c'est mieux ...
Dumuzi : Si, si, si, je, je, je, je, je...
La fille : ( Elle sort de la tente ) L'enfant est né !
Ereshkigal : Chut.
Dumuzi : Je, je, je, je, je vous... Je vous...
Je vous...
La fille : Il est timide.
Ereshkigal : Trop pour moi.
Dumuzi : Je, je, je, je, je, je vous, je vous,
je vous, je vous aime...
La fille : Aaaah enfin...
Dumuzi : C'est, c'est, c'est, c'est.. D, d, d,
d, dit, dit. Et, et, et, et, c'est, c'est, c'est...
La fille : Oh, non, il est de nouveau
bloqué...
Ereshkigal : Il est griffé comme un disque,
condamné à se répéter...
Dumuzi : C'est, c'est, c'est, c'est é, é, é,
é, é, é, é,...
La fille : La honte, il ne peut plus
s'arrêter...
Dumuzi : Écrit ! Mo, mo, m, mo, mon, mon, mon,
Ereshkigal : Et c'est repartis...
Dumuzi : Mon, mon, mon, co, co, co, corps, en,
en, en à, en à, en à...
Innana : En à quoi ?
Dumuzi : En a gravé la lecture. Mon corps
entier...
Innana : Moi aussi, c'est gravé. (Innana et
Dumuzi sortent, Dumuzi revient)
La fille : J'ai bien fais de rester.
Ereshkigal : Je regrette déjà d'être venue ...
(Ereshkigal sort)
Adapa : (Adapa entre) Dumuzi, je suis obligé de te dire que ton heure est arrivée...
Dumuzi : Non, je refuse. Je suis un appât
libre maintenant.
Adapa : ...de conclure l'histoire. Pardon et
sincèrement désolé pour l'échec de ta noce.
Dumuzi : Mon épouse m'attend petit gland.
Adapa : Pardon ! Si petits glands nous sommes,
grands chênes nous deviendrons.
La fille : Quelle belle idée ! Je pourrai
m'occuper de votre enfant ?
Adapa : Je t'engage comme nourrice.
La fille : Nourrice ou boniche ?
On me la déjà faites celle-là.
Adapa : Nourrice bien sûr. (Gilgamesh
entre) Ah! Gilgamesh, voici l'enfant et la jeune femme qui
l'accompagne. Les dieux s'en vont au séjour alors, tu le garderas bien.
Gilgamesh : Un fils à ma charge, moi qui suis
si mauvais amant... Adapa, je n'y pensais plus.
Adapa : Un beau symbole alors.
Gilgamesh : Je ne suis pas très adroit avec
l'innocence.
La fille : Ne vous inquiétez pas. Je suis là
pour vous apprendre les premiers gestes.
Adapa : J'y compte bien. Adieu vous tous.
Gilgamesh : Adieu, mais lequel ? Vous partez
tous ? Qui je vais provoquer maintenant ?
Dumuzi : Apportes moi ta petite clé
souverain, pour que je te la restitue entière.
Gilgamesh : Tu reviens des morts ? Tu
ressoudes aussi la pierre ? Tu te fous de ma gueule !
Dumuzi : Défis, déifies-moi... Que le
multiple soit un !
Gilgamesh : Tu l’as unifié pourtant
c’était impossible !
Dumuzi : Non regarde, je n'ai pas réussis
! A toi d'essayer...
Gilgamesh : Imposteur !
Dumuzi : Chut ! Essaie d'abord...
Gilgamesh : Oh ! Oooooh...
Dumuzi : Le silence est un savoir sans crocs.
Gilgamesh : Mon œil... Une réponse toute
faite.
Dumuzi : C'est vrai.
Gilgamesh : Alors Dumuzi, dis-moi, est-ce
que la vie continue ?
Conteur : Sur ce point seulement, prenez
garde. Quand une histoire termine, une autre commence, à savoir si c'est la
même histoire, ça, je ne sais pas ?
Dumuzi : L'esprit est une couverture. L'homme
couvrira mais n'évitera plus son vrai visage.
Gilgamesh : J’érigerai un temple plus
grand, plus majestueux seulement pour toi... Restes parmi les hommes, Innana
sera jalouse de toi…
Dumuzi : Innana part au séjour, je vais la
retrouver. Prépares seulement la prairie de l'enfant. Regardes autour de toi.
Tout autour de toi, et en toi, il y a plein d'appâts livrés. Ces appâts sont né
du gain de chaque individu, pour et par l'appât, l'appât nait du gain.(Dumuzi
sort)
Gilgamesh : Pour l'appât, l'appât nait du gain
l'appât et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Non, non... L’affreux
départ… Il m’ont laissé nu, sans connaissance évolutive…
Conteur : Voyons. Regardes sur l'astre
Gilgamesh. Tu sais lire.
Gilgamesh : Une inscription ?
Conteur : Laquelle ?
Gilgamesh : Attends. Un pluriel... Attendez...
Plus un, fois deux tiers, c'est comme moi, un tiers humain, deux tiers divins,
divisé par pluriel, le tout exposant zéro!
Conteur : Que de temps passé pour ton manque
de compréhension !
Gilgamesh : L'unicité perdue...
Conteur : L'unique cité, mythe ou réalité...
Mensonge ou augure... Non mais vraiment... Trafic ou don... Connection ou
isolement... Solitude ou individu ? Aller ! C'est quoi l'unique cité ? Dites-le
moi... L''appât ? L'appât nait du gain l'appât et par l'appât, l'appât nait du
gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât,
l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et
par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain
l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât
nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour
l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain
l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât
nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât et par
l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain
l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât
nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât,
l'appât nait du gain l'appât et, par l'appât, l'appât nait du gain l'appât.
Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât nait du
gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât,
l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et
par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain
l'appât, et par l'appât, l'appât nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât
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l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par l'appât, l'appât
nait du gain l'appât. Pour l'appât, l'appât nait du gain l'appât, et par
l'appât, l'appât nait du gain l'appât...
Le zèbre:
Tout petit est en nous
La grande voie du cœur
Que dans nos fièvres
Il n'y ait plus de faveurs
Qu'implosent tous nos principes
Sur les rires et les pleurs
Laissons nous porter
Par ce qui en nous se meurt
Etre notre engrais
Et non celui de la peur
Voyons enfin germer
Ces innombrables fleurs
Nos passions coloriées
Qui font la démence
Aux yeux abimés
Qui n'ont plus d'amourance (ter)
L'homme est un zèbre
Rayé de noir et de blanc
L'homme est un zèbre
Etalon sauvage mais pourtant...
Tout petit est en nous
La grande voie des pleurs
La petite étincelle
Qui réveille en nos cœurs
La mélodie désir
Celle de nos plus beaux rêves
Défiger nos soupirs
Interminables trêves
La vie est un grand feu
Qui n'a pas d'ambition
Et pour ce que l'on voit
On fait partie des cons
Si la mer nous prend pas
C'est bien nous qui la prendrons
Ces plans de grands sentiments
Nés quand on en boit pas (Ter)
Laissons chanter pour nous
La voix du cœur
Alors on ne sera plus homme
On n'aura plus d'humeurs
N'être que vibration
Entremêlée d'âmes-sœurs
Cette ignorance commune
Sans échelle de valeurs (ter)
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