Cette publicité a été affichée en page pleine au
dos de couverture d’un journal gratuit de grande diffusion (« VLAN
Bruxelles »). Elle annonce la célébration des 5 ans d’un grand magasin d’électro-ménager
et d’appareils numériques : MediaMarkt.
De par le support utilisé, on se rend compte qu’il
s’agit d’une publicité locale, mais qui vise un public large. Par conséquent,
la stratégie utilisée est plutôt axée sur le pull power puisque la
campagne semble basée sur de l’évènementiel à court terme.
1 - Description générale
L’ensemble de cette affiche est relativement
chargé en informations. Les différentes polices de caractère ainsi que la mise
en page revêtent donc une grande importance pour le bon décryptement du message
publicitaire.
Il est possible de distinguer trois parties :
- La première occupe le tiers supérieur de l’affiche ; il s’agit
du titre présenté sous forme d’accroche.
- La seconde occupe une bonne moitié de l’image ; des produits
sélectionnés y sont décrits de façon explicative.
- La troisième occupe la partie inférieure de l’affiche ; on y
retrouve la signature de MediaMarkt et le slogan de l’enseigne.
2 - Analyse de l’accroche
1) « 5 ans en Belgique. »
Le rapport mots pleins/mots outils dans cette
proposition est de 3, ce qui est très bon. L’emploi du mot « Belgique »
introduit l’intimisme local qui semble faire partie de la stratégie
publicitaire de MediaMarkt, chaîne internationale Allemande. La phrase, en
en-tête, est encastrée dans un cartouche à bordures dorées. Le texte est lui
aussi écrit en lettres dorées sur fond noir.
L’utilisation du cartouche pourrait être sujette à
deux interprétations : premièrement, cela donne du cachet à cette
affirmation, une sorte de crédibilité par l’officialisation du propos ;
deuxièmement, le cartouche rappelle d’une certaine manière les panneaux d’entrée
d’agglomération dans le code de la route, ce qui serait alors un clin d’œil
inductif démontrant que l’enseigne fait « partie du paysage » belge.
2) « Foncez, foncez on fait la
fête »
Dans cette phrase, le rapport mots pleins/ mots
outils est de 2, c’est un chiffre correct (supérieur à 1). L’impératif « foncez »
y est répété deux fois, cette locution s’adresse directement au lecteur, et la
répétition, outre le fait qu’elle rythme efficacement la phrase, attire son
attention. De plus, l’usage de l’impératif accentue le côté évènementiel de l’annonce
(« ne perdez pas de temps ! »).
L’allitération en [f] aidée par les termes « faits »
et « fête » (chacun des mots pleins en réalité) est un choix
phonétique qui rend la lecture de la phrase plus agréable et plus simple à
retenir.
L’emploi du mot de puissance « fête »
est très intéressant. C’est un facteur de connotation qui envoit des images
agréables à l’esprit du lecteur et titille son imagination : en effet,
partout dans le monde, la fête est synonyme de plaisir.
On retrouve également dans cette locution un « on »,
qui désigne MediaMarkt, ainsi que un verbe au présent de l’indicatif.
Voila comment le message pourrait-être interprété :
« Nous sommes en ce moment même en train de faire la fête, mais ça ne
durera pas ! Alors venez vite nous rejoindre, nous vous attendons avec
impatience ! »
Il est notable de constater que si la locution est
de nature impérative, le publicitaire a choisi de ne pas se servir des points d’exclamation.
En effet, une phrase de type « Foncez ! On fait la fête ! »,
aurait pu être jugée trop impérieuse, trop aggressive pour le lecteur et l’impact
produit aurait probablement été contraire à celui souhaité (« Je ne suis
pas obligé d’y aller non mais ! Pour qui se prennent-ils ?).
Nous sommes en présence d’une argumentation par
déduction médiate selon un mode mécaniste (impératif, répétitions), dont le but
est d’exciter la curiosité du lecteur :
- « 5 ans en Belgique, [par conséquent] on fait la fête »
- « foncez [nous rejoindre] »
- « Une fête ? Je suis invité ? Et qu’y aura-t-il
à cette fête ?» se demande le lecteur intrigué.
Son attention est attirée, l’accroche a joué son
rôle.
3) Mise en page de l’accroche
L’affirmation « Foncez, foncez on fait la
fête » est intégré dans une grande flèche blanche à bords dorés dont la
pointe est dirigée vers le bas. Comme dit plus haut, le lecteur, stimulé par l’accroche,
est curieux. La flèche l’oriente naturellement vers la suite de la publicité.
Le cartouche et la flèche sont en perspective, ce
qui rajoute un réel dynamisme à l’image (mouvement, idée de « fête »),
qui sans cela serait trop plate. De plus, la forme de ces perspectives met en
relief les deux éléments les plus importants : « 5 ans » et
surtout « fête ».
Cette mise en valeur est encore accentuée par les
deux étincelles brillantes sur les angles. De plus, à l’arrière-plan de cette
accroche, on distingue une sorte d’explosion orangée, comme un feu d’artifice.
Tous ces détails (bordures dorées, étincelles « paillettes »,
couleurs explosives) renforcent le sentiment de fête dans l’accroche, en plus d’attirer
naturellement l’œil en premier sur celle-ci (usage du fond blanc pour la
flèche).
3 - Analyse du corps de texte
Comparativement à l’accroche, le corps du texte
est assez « pauvre » et se contente surtout d’informations
explicatives au moyen d’exemples. Ce qui est intéressant, Cependant, quelques
connotations s’y cachent.
1) Informations dénotées
L’image présente dans un premier temps quatre
articles, accompagnés d’une photo, de leur prix et de quelques caractéristiques
techniques. En dessous sont annotés des renseignements pratiques : l’adresse
des trois magasins où se déroule l’évènement ainsi que la durée de celui-ci (« Du
jeudi 31/05 au mercredi 06/06/07 », soit une semaine). La mention « Parking
gratuit » est indiquée en surbrillance pour deux des magasins.
Les produits sont issus d’une gamme numérique de
technologie moderne. L’information prépondérante est leur prix, écrits en
sur-gras, ce qui démontre la volonté de l’enseigne de ne pas les cacher. Le
lecteur suppose par conséquent qu’ils sont attractifs, MediaMarkt étant par
ailleurs réputés pour être un magasin « bon marché ».
En plus de l’énumération des caractéristiques
techniques écrite en petits caractères, chaque produit indique le nom de son
fabriquant, et surtout un résumé de ses capacités intégrés dans des flèches
blanches visuellement plus attractives. Les flèches forment une unité cohérente
avec l’accroche, dans la volonté de guider le lecteur vers les produits.
2) Informations connotées
Tout d’abord, on constate que le fond de l’image
est d’un rouge vif et uni. Le rouge est la couleur des passions et des coups de
cœur. Un renvoi émotionnel positif est instinctivement opéré en regardant les
produits choisis. De plus, on peut supposer que cet aplat permet d’attirer l’œil
d’une personne trop éloignée pour lire le texte.
Les prix tapageurs, ainsi que le fait de préciser
« Parking gratuit », prouvent que MediaMarkt se soucie de la bourse
de ses clients, à une époque où le pouvoir d’achat baisse inexorablement.
Cependant, personne n’aime forcément acheter des sous-marques, même si cela se
fait au détriment du prix, et les grands noms des fournisseurs (Philips, TV
Vlaanderen…) offrent aux sceptiques une garantie de qualité.
On aperçoit chez MediaMarkt une volonté de s’adresser
ici au plus grand nombre : les termes trop techniques sont mis en retraits
(mais restent présents pour les connaisseurs) au profit d’une approche
simplifiée et pédagogique (cf. l’encadré sur le VoIP) des capacités du produit.
En effet, les progrès dans le domaine du numérique sont fulgurants et peuvent
dérouter certaines personnes peu intéressées par son évolution. Ce désir de
vulgariser les termes propres à ce domaine est en harmonie avec le choix du
média, qui cible une tranche large de la population.
En allant plus loin, on pourrait même voir les
flèches blanches comme une métaphore des vendeurs, qui orientent et conseillent
avec efficacité le client dans ses choix.
Si le corps du texte suit une approche factuelle
basée sur une argumentation surtout explicative, l’induction de la satisfaction
chez la cible par la description claire de l’action des produits, par leurs
caractéristiques techniques, par la présence des marques et par l’appareil de
distribution de MediaMarkt qualifient cette publicité de « prestigieuse ».
4 - Analyse du bandeau
1) Le logo MediaMarkt
Le nom de MediaMarkt occupe toute la largeur de la
page, et un sixième de sa hauteur, ce qui est relativement imposant. Il faut
noter que, dans les trois adresses (qui ne sont guère visible au premier
regard), c’est la seule fois où ce nom est mentionné dans toute la publicité.
Il était donc nécessaire de l’écrire avec suffisament grand pour que le lecteur
puisse identifier l’enseigne sans se voir contraint de lire l’entièreté de la
publicité.
MediaMarkt est imprimé en blanc, sur un fond noir.
Il y a 11 étincelles qui scintillent sur le nom, ce qui lui apporte un effet
luxueux, en adéquation avec le caractère « prestigeux » de la
publicité, comme mentionné plus haut. Ces étincelles, ainsi que le gros « 5 »
en or entre « Media » et « Markt » renvoient à l’accroche
de la publicité, la cloturant ainsi sur elle-même.
2) Le site internet
Au-dessus du logo de MediaMarkt, le site internet
(« www.mediamarkt.be ») du magasin se démarque, en noir sur une étiquette
jaune. La mise en valeur du site est un indice supplémentaire sur le sérieux et
la crédibilité du nom MediaMarkt. Posséder une adresse internet fiable
(apparement assez fournie après une visite rapide) semble aujourd’hui
indispensable, car nombreux sont les clients potentiels désireux de se faire
une idée préalable sur une enseigne. Cela incite également le lecteur à en
savoir plus, et à lui donner les moyens d’étancher cette soif de savoir en
totale liberté.
Un site web s’inscrit parfaitement dans l’ère du
temps, dans le phénomène actuel de consommation du « je veux tout comme je
le désire ». C’est une preuve de modernité et de capacité d’adaptation.
3) « Je ne suis pas fou »
C’est le slogan final et redondant à toutes les
campagnes de publicité de MediaMarkt. Même si le rapport mots pleins/mots
outils est pauvre pour un slogan publicitaire (trois mots outils pour seulement
deux mots pleins), il est porteur d’un message inductif fort sur le lecteur.
L’emploi du « je », privilégié par
rapport à une deuxième personne qui serait de rigueur, est ici très connotatif :
il implique le lecteur de manière encore plus intime. Ce n’est plus un message
qui s’adresse au client (« vous n’êtes pas fou… »), c’est directement
l’inconscient du lecteur qui semble alors chercher à s’extérioriser, comme si
la réaction « je ne suis pas fou » était un message subliminal qui
lui serait imputé.
D’ordinaire, le mot de puissance « fou »
est utilisé comme adjectif pour qualifier des prix, des démarques ou autre.
Dans ce slogan, ce terme vise directement le client, ce ne sont plus les prix
qui sont « fous », c’est lui qui ne l’est pas.
Il pourrait se traduire par « je ne rêve pas »
ou plus indirectement « vous ne rêvez pas ». La notion de rêve,
comme celle de folie, renvoie une fois de plus à l’inconscient psychologique du
lecteur.
Une fois de plus, le ton de la phrase est affirmatif,
et parait annoncer une évidence : « bien sûr que vous n’êtes pas fou,
la qualité et les petits prix sont bien au rendez-vous chez MediaMarkt, allez-y
vite ».
Tourné ainsi, le slogan a un impact très poignant
dans l’esprit du lecteur, ce qui est toujours appréciable pour conclure une
publicité.
5 - Conclusion
MediaMarkt est une enseigne connue et reconnue par
le grand public, mais qui peut souffrir de son image de magasins aux petits
prix.
A l’occasion des 5 ans du magasin, la stratégie
évènementielle semble donc avoir été basée sur deux axes principaux :
- En premier lieu, casser cette image « médiocre » en
employant des termes et des effets graphiques « prestigieux »
(couleurs dorées, étincelles, explosions de la « fête ») suggérant en
même temps la bonne humeur propre aux anniversaires, pour éventuellement
attirer de nouveaux clients.
- Dans un second temps, rappeler aux sceptiques et aux habitués que
MediaMarkt reste le magasin qu’il ont connus, accueillant, convivial, aux prix
abordables, et à la qualité indiscutable. Le niveau lexical employé est calculé
pour mettre en confiance avant tout.
Ces deux approches se complètent efficacement
pour, en profitant de cette semaine de festivité, toucher un large public, ce
qui était probablement le but original de cette publicité.