1. Paris / avenue Foch / extérieur / soir
Il est 19h, nous sommes en mars dans les
années 57.
Du rond-point des Champs-Élysées, arrive dans l’avenue
Foch une DS Citroën noire.
La voiture
s’arrête à mi-hauteur dans la rue, devant un immeuble classique,de haut
standing.
Jean Dutilleul, 35/40 ans, homme d’affaire sûr de lui,
en complet veston, sort souplement de la voiture un énorme bouquet de fleur à
la main, il est visiblement heureux.
Sur le trottoir passe une dame âgée, une voisine. Elle
est bien habillée et tient en laisse un petit chien.
Jean monte sur le trottoir et la laisse
courtoisement passer.
- Jean :
Bonjour, Madame Poncelet, comment
allez-vous ? Et cette vilaine grippe ?
- Madame Poncelet :
Oh, bonjour Monsieur Dutilleul. Je suis
encore un peu fatiguée ! Mais cela va mieux, aujourd'hui c’est la première
fois que sort depuis trois semaines !
- Jean, caressant le
chien :
….Bonjour, Fripouille.
…..Les grippes sont très mauvaises cette
année ! Cela fait 15 jours que mon collègue est alité avec plus de 39 de
fièvre.
- Madame Poncelet :
À propos de grippe, vous êtes au courant
pour le petite Sophie ?
Comme elle est au lit depuis 15 jours, elle
n’a pas encore pu se rendre à sa banque pour payer son loyer et votre charmant
voisin Mr Belot veut l’expulser pour retard de paiement ! C’est tout à
fait incroyable ! C’est un pignouf cet homme là !
- Jean :
Je suis au courant. J’ai malgré moi entendu ses
hurlements et ses menaces dans l’escalier avant-hier. Mon sang n’a fait qu’un
tour, j’ai pris mon carnet de chèques et je suis allé payer, le loyer de
Sophie. Mon épouse est allée lui apporter un peu de bouillon et la quittance du
loyer, elle en pleurait de joie, la pitchoune ! Vous avez raison Mme Poncelet
, c’est vraiment un sale type ce Belot !
Agitant son bouquet de fleur et se dirigeant vers la
porte d’entrée :
Je vous quitte, car nous avons une bonne nouvelle à
fêter avec Geneviève.
Au revoir Madame Poncelet mon bon souvenir à
Monsieur !
- Madame Poncelet :
Bonne soirée alors, ! Remettez mon
bonjour à votre épouse. Elle va bien ?
- Jean :
Ouvrant la porte.
Très bien merci.
Jean entre dans le hall.
2. Intérieur palier / soir
Jean arrive au palier du 1er étage.
Embarrassé par son bouquet gros bouquet de fleur, il fouille ses poches, trouve
ses clefs et impatiemment, ouvre la porte de l’appartement.
3. Intérieur couloir / soir
Il entre dans le couloir et se met à appeler
joyeusement sa femme.
- Jean :
Chérie ? Chééérie ?
Une voix douce et cristalline lui répond du fond de
l’appartement.
- Geneviève :
Je suis dans la cuisine mon chéri.
Jean se dirige vers la cuisine.
4. Intérieur cuisine / soir
-
Jean :
Bonsoir ma chérie. Tiens, Marie n’est pas
là ?
Geneviève est devant le fourneau.
- Geneviève : tournant dans une casserole
Non, je lui ai donné sa soirée.
- Jean :
Embrassant Geneviève dans le cou :
Hummm ! Une soirée en amoureux, cela tombe bien, j’ai une excellente
nouvelle à t’annoncer !
Jean offre les fleurs à son épouse.
-
Geneviève :
Des fleurs… ! En quel honneur ?
Jean soulève son
épouse de terre et la fait tournoyer.
- Jean riant :
Vous
avez devant vous le nouveau sous-directeur des mines de cuivre du Zambura,
Madame Dutilleul.
Jean dépose
délicatement son épouse sur le sol.
- Geneviève : riant et embrassant son mari.
Oh mon chéri c’est formidable ! Cela fait
tellement longtemps que tu attendais cela.
Geneviève
s’affaire : elle coupe le feu sous sa casserole et se met à la recherche
d’un vase.
- Jean :
Laurier, mon chef, me l’a confirmé cet après midi.
Nous partons dans trois semaines ! En bateau…
cabine de première classe !!
Geneviève dispose avec soin ses fleurs dans le vase.
- Geneviève :
Ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour
faire les valises !
Elle ôte et range soigneusement son tablier. Elle
porte une ravissante robe de cocktail. Mais Jean, est tellement occupé à parler
de son nouveau poste,; l ne se rend compte de rien.
Tenant le vase d’une main, doucement, mais fermement,
Geneviève pousse son époux hors de la cuisine, en direction du salon.
-
Jean :
Dans un mois, j’aurai un poste de sous-directeur, tu
te rends compte !
Ça va nous changer la vie !
À la mine, je m’occuperai principalement du service du
personnel.
800 ouvriers et 120 cadres à diriger !
Et puis ce n’est pas tout ! Nous aurons une grande
maison, du personnel ! Laurier m’a montré les photos ! Tu verras
c’est le paradis !
5. Intérieur Salon / soir
Geneviève dépose les fleurs sur un petit meuble.
Sur la table basse devant le canapé, il y a du
champagne dans un seau à glace, deux coupes et des zakouskis.
Dans le fond de la pièce, on distingue une table
dressée avec nappes, bougies et fleurs…
- Jean : (étonné)
OOH ! Du champagne !
… Mais comment est tu déjà au courant de ma
nomination ?
… Mon chef !.... Laurier !
J’aurais dû m’en douter !
Geneviève ne répond pas, elle sert le
champagne. Elle tend une coupe à son époux.
- Geneviève :
Tu n’es pas le seul à avoir une bonne nouvelle, mon
chéri !
- Jean :
Tu as téléphoné à Laurier et vous avez
comploté cela dans mon dos !
- Geneviève : mi-souriante , mi- mystérieuse
Pas tout à fait !
- Jean :
Je parie que d’ici une minute, il sonne à
la porte ! C’est Cà ?
- Geneviève :
Non !....
- Jean :
Alors c’est quoi… ?
- Geneviève :
Je sors de chez le docteur Robineau et il vient de me
le confirmer.
Nous allons avoir un bébé !
- Jean abasourdi :
Un bébé !
….Mais…. cela fait combien de temps ?
- Geneviève :
Deux mois !
- Jean :
Deux mois……..
…Cela veut dire …que dans sept mois, je serai
papa !
- Geneviève : en riant
Si tout va bien, oui !
- Jean : alarmé
Mais tout va bien ?
- Geneviève :
Oui, rassure-toi !
Le docteur m’a dit d’être prudente, mais autrement
tout va bien.
- Jean embrassant tendrement son épouse :
Oh ma chérie c’est formidable !
Je suis tellement heureux !!
6. Intérieur
Salle à manger / nuit
Jean et Geneviève sont attablés devant les restes d’un repas.
- Jean
Papa ! Je vais être papa en septembre !
… Et ce sera un petit africain !
- Geneviève, un
peu gênée :
Jean, à ce propos, ça me fait un peu peur
d’accoucher là-bas.
Et s'il y avait un problème ?
Tu crois qu’ils auront tout le
matériel ?
- Jean, (réfléchissant) :
…Il y a peut-être une solution.
…Je t’ai souvent parlé de mon collègue
belge, Paul Frankeur ….. Il est là-bas depuis 1 an.
Je viens de l’avoir au bout du fil, je lui
ai annoncé mon arrivée.
Et lui, vient de me dire qu’il est papa,
d’un petit Stéphane depuis trois mois…
Sa femme est rentrée à sept mois de
grossesse, et elle a accouché en Belgique.
On pourrait faire la même chose qu’en
penses-tu ?
- Geneviève, (anxieuse et un peu larmoyante) :
Oui, mais cela voudrait dire que tu ne
seras pas là quand le bébé naîtra !
Je ne veux pas qu’il vienne au monde sans
son papa !
- Jean, (prenant la main de son épouse) :
Mais ma chérie, il n’en est pas question.
Le moment venu, je prendrai un mois et demi de congé pour être auprès de
toi !
- Geneviève, (un
peu rassurée) :
Tu as raison…. C’est la solution.
Je retournerai chez mes parents en Belgique
vers la fin de ma grossesse.
Ils seront tellement heureux de pouvoir me
chouchouter ! Et d’être là pour la naissance du bébé.
- Jean :
Au fait, tu l’as déjà annoncé à tes
parents ?
- Geneviève :
Non ! Je voulais que tu sois le
premier à le savoir !
Et puis,… je voulais attendre encore un
petit peu avant de l’annoncer autour de nous…
Allez, trinquons aux deux bonnes
nouvelles !
7 Hall d’embarquement du port du Havre /
extérieur jour
Jean et Geneviève sont au port du Havre, dans le hall
d’embarquement. Ils sont entourés par la famille de Geneviève, Daphnée et Henri
de Saint Marcin venus de Belgique et de Monsieur Laurier le supérieur de Jean.
Une accorte Mama africaine, d’une cinquantaine
d’années, s’installe non loin du groupe. Gentiment curieuse, elle écoute les
conversations. Pendant que Jean reçoit les derniers conseils de son chef,
Geneviève est en grande discussion avec ses parents .
- Daphnée de Saint Marcin, (inquiète) :
Sois prudente ma chérie, ça m’inquiète de
te savoir là-bas, tu es si fragile !
- Geneviève :
Ne t’inquiète pas maman chérie, il y a des
hôpitaux en Afrique, tu sais ! Et puis, je vais habiter dans une ville, pas au
milieu de la brousse !
- Mama : (émue par le chagrin de Daphnée)
Ta fille à raison Madame, il y a de très bons hôpitaux
en Afrique !
S’adressant à Geneviève : Où vas-tu ?
- Geneviève :
Nous allons à Taramadi.
- Mama :
Taramadi ! Mais c’est une grande
ville. Il y a tout les médecins que tu peux imaginer ! Et l’hôpital est
excellent ! J’ai habité là-bas pendant des années.
En riant : mais de toute façon, tu ne
vas pas au Zambura pour tomber malade !
-Geneviève : (en riant)
Tu vois maman ! Tu as bien tort de
t’inquiéter !
-Daphnée DSM, (larmoyante) :
La France c’était bien loin,….mais
l’Afrique… C’est le bout du monde !
-
Mama :
Ne t’inquiètes pas Madame, je veillerai sur
ta fille. Elle a déjà une amie à Taramadi, tu vois, elle n’est plus toute
seule !
-
Geneviève : (embrassant spontanément Mama sur la joue)
Merci, Madame !
- Mama :
Pas madame ! Appelle-moi Mama !
Bon on se reverra sur le bateau.
Au revoir Madame, Monsieur.
- Robert et Daphnée DSM (un peu interloqués par la familiarité de Mama) :
Euh, …Au revoir Madame !
-
Voix-Off :
Les passagers du Copacabana à destination de Taramadi
sont invités à embarquer à la porte 3.
- Daphnée, (étreignant
et embrassant sa fille) :
Ma chérie tu vas me manquer !
Jean vient embrasser ses beaux-parents. Il embrasse
Daphnée en larmes.
Puis il se dirige vers Robert.
- Robert DSM : (s’adressant à Jean)
Vous veillerez bien sur ma fille,
Jean ?
- Jean :
Ne vous inquiétez pas Robert, tout se
passera bien ! Je vous le promets.
- Robert DSM.
Merci mon garçon.
Nous n’avons qu’elle vous savez.
Se reprenant : Allons trêve de
sensiblerie !
Mon gendre, je vous souhaite un bon séjour
et une fructueuse carrière.
-
Jean : (étreignant son beau père)
Merci, Robert. À bientôt.
- Geneviève, (embrassant
tour à tour son père et sa mère) :
Au revoir, ne vous inquiétez pas tout ira
bien.
Et puis, vous viendrez nous voir !
S’éloignant.…Je vous téléphone lorsque nous
arrivons. Bisous.
Jean et Geneviève se dirigent vers le bateau.
8. Pont du bateau / extérieur / jour
Les sirènes du bateau donnent le signal du départ.
Alors que le bateau quitte le quai, sur le pont Jean
et Geneviève saluent les amis et la famille qui sont au loin.
Accoudé au bastingage Jean et Geneviève regardent avec
un pincement au cœur, la France qui s’éloigne.
- Jean, (enlaçant
sa femme) :
C’est la grande aventure qui commence ma
chérie !
Geneviève esquisse un petit sourire.
- Geneviève :
Ça me fait tout de même un peu peur !
Jean prend son épouse dans les bras, il la berce un
peu comme une enfant.
-
Jean :
Mais que veux-tu qu’il nous arrive ?
On est jeune, on a la vie devant
nous !
On navigue sur un superbe paquebot, vers un
pays fabuleux, on aura une maison magnifique et on va avoir un merveilleux
bébé !
Que demander de plus !
Jean embrasse son épouse tendrement sur le bout du
nez.
-
Jean :
Mais tu es glacée !
Tu veux retourner à la cabine ?
- Geneviève :
Oui, je veux bien.
Je commence à avoir un peu froid.
-
Jean, (faisant
le pitre) :
Les désirs de Madame sont des ordres.
Le bras de madame est avancé, si elle veut
bien se donner la peine !
Je conduis Madame immédiatement dans sa
cabine !
Les passagers alentours, les regardent amusés.
Mi-gênée, mi-riante Geneviève prend le bras de son
mari.
- Geneviève :
Jean, on nous regarde !
Jean : (embrassant tendrement sa femme)
Mais c’est parce que vous êtes vraiment
trop mignonne, avec vos joues toutes roses, Madame Dutilleul !
Le bateau s’éloigne de la côte. Jean et Geneviève
retournent dans leur cabine.
9. Intérieur Cabine / jour
Pendant que Jean lit les différents documents ayant
trait au plan du bateau et à l’organisation de la traversée. Geneviève va et
vient, elle range le contenu des valises dans la cabine et la salle de bain.
-
Jean :
Oh chic, ils organisent une cérémonie pour
le passage de l’équateur !
Frankeur m’a dit qu’il ne fallait rater
cela sous aucun prétexte, on s’inscrit ?
Geneviève, (continuant
à ranger) :
Oui, c’est une très bonne idée !
De temps en temps, alors que Jean ne la voit pas,
Geneviève grimace de douleur. Mais c’est très bref, cela passe très vite.
-
Jean :
Voilà, l’inscription est faite, on la déposera
à l’accueil en allant souper.
Le téléphone sonne, c’est l’intendant qui propose à
Jean et Geneviève de souper à la table du capitaine.
-
Jean :
Allo ? Oui c’est bien moi.
Ce soir à la table du commandant….
Un instant, je consulte mon épouse.
….. Oui nous en serions ravis.
Vous remercierez le commandant pour son
aimable attention. À ce soir donc, 19 h c’est cela ?
Chérie, tu as entendu, nous sommes invités
ce soir à la table du commandant. ….Tu ne seras pas trop fatiguée ?
-
Geneviève :
C’est vrai que la journée a été
longue ! J’aimerais m’allonger un peu avant le dîner.
-
Jean :
Repose-toi, moi je lirai mon bouquin sur le
Zambura.
-
Geneviève :
Mais non, va visiter le bateau tu en meurs
d’envie !
-
Jean, (un peu inquiet) :
Tu crois ?
-
Geneviève :
Chéri ! Je ne suis pas malade, je
suis enceinte !
-
Jean, (embrassant sa femme) :
Bon, Je
me dépêche.
-
Geneviève :
Prends tout ton temps, il y a encore deux
bonnes heures avant le repas.
Jean quitte la cabine, de la porte, il envoie un
baiser à son épouse.
Lorsque Jean rentre de sa promenade, Geneviève est en
pleine forme. Elle s’est déjà habillée pour le repas.
-
Geneviève :
Ah chéri, tu es là !
Ton bain est prêt.
Et j’ai préparé ton habit.
C’était bien ta promenade ?
-
Jean :
Oui, grâce à l’intendant j’ai pu visiter la
salle des machines. C’était vraiment impressionnant !
Bon je me change en vitesse !
Il ne faut pas faire attendre le
commandant !
Il entre dans la salle de bain. Puis en ressort la
tête.
-
Jean : (En riant) :
Il pourrait nous mettre aux fers pour
outrage.
10. Intérieur Salle de restaurant / soir
Jean et Geneviève arrivent dans la salle de
restaurant. Ils sont accueillis par l’hôtesse.
-L’hôtesse :
Bonsoir Madame, bonsoir Monsieur… ?
-Jean :
Monsieur et Madame Dutilleul.
-L’hôtesse :
Vous êtes à la table du commandant, je vous
accompagne.
….Commandant, permettez moi de présenter
Monsieur et Madame Dutilleul.
Le commandant se lève pour accueillir les nouveaux
arrivés.
-Le commandant :
Monsieur et Madame Dutilleul soyez les
bienvenus.
Je vous présente Monsieur Montjoie, il
travaille pour la Belgolaise et son épouse, Monsieur et Madame ……………