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Daniel Zink, Atelier de la nouvelle, Professeur Wim Toebosch
Une flamme dans la nuit
texte d'ambiance
L'hiver enveloppe tout d'une nuit de velours. Et
les êtres peuvent se tourner vers leur âme. Un vieux ménestrel s'est retiré
dans sa demeure de la forêt bretonne. Il sait qu'il peut y réveiller les
souvenirs engrangés sur les chemins, les saisons passées, et y donner le jour
aux chansons qui sommeillent en eux. Le soleil va bientôt se coucher, et des
nuages sombres s'amassent à l'horizon. Enroulé dans une couverture, il prend
place dans son fauteuil, près de l'alcôve aux cloisons de chêne. Des visages de
gnomes aux traits sévères et des fruits sylvestres finement ciselés ornent le
bois. Un feu crépite dans la cheminée. Il attend que, dehors, les dernières
clartés du jour aient fait place à l'obscurité. Les nuages noirs emplissent tout
le ciel, hâtant la venue de la nuit. Une tempête se lève. Les flammes de
l'âtre éclairent l'alcôve. Des ocres chauds dansent sur le chêne et se fondent,
près des coins sombres, à un vermeil profond. Les lueurs vacillantes jouent sur
les visages de bois, dans les traces laissées par le burin. Des bourrasques
s'abattent parfois sur les vitres. Il imagine la maison blottie au flanc du
vallon, perdue dans la tourmente et les plaines enneigées. Il imagine la lumière
des petites fenêtres, si intense dans la nuit. La pièce est à son tour
gagnée par l'obscurité. Seules quelques braises constellent encore les ténèbres
de l'âtre. Lentement, le rougeoiment des tisons se retire dans leurs coeurs.
Dehors, la tempête hurle, mais elle lui semble devenir lointaine, alors
qu'en lui commencent à résonner les voix de ceux qu'il avait croisés sur les
routes, avant l'hiver. Bientôt, ses souvenirs brillent, ardents. Les
crépitements du foyer deviennent de plus en plus faibles, comme si les braises
s'étaient mises à murmurer pour elles-mêmes. Le feu couve sous un manteau de
cendres.
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